La première pragoise du Mur du diable

Passons à un autre grand personnage de la musique tchèque, que vous connaissez sans doute... Bedrich Smetana. Mercredi soir, le public pragois a pu voir, au Théâtre national, la première de son opéra Le Mur du diable. C'était le dernier opéra de Bedrich Smetana. Lorsqu'il le composait, en 1882, Smetana était déjà gravement malade, sourd et dépressif. Mais ses problèmes de santé, sa tristesse, son désespoir ne se font pas du tout sentir dans cette oeuvre romantique, fantastique, chaleureuse et même un brin humoristique. Bedrich Smetana et la poétesse Eliska Krasnohorska, auteur du texte, nous y racontent une histoire amoureuse, située au XIIIe siècle. Le personnage principal, Petr Vok, seigneur de la Rose, vit dans la solitude, dans un château, abandonné par une femme qu'il aimait. Dans son testament, cette dernière lui donne sa fille, Hedvika, en tutelle. Petr Vok est absolument séduit par le charme, la beauté et la gentillesse de Hedvika. Et alors, un grand amour naît entre la jeune Hedvika et Petr, beaucoup plus âgé qu'elle. Et parce que Smetana désirait une fable balançant entre le réel et l'irréel, avec aussi des côtés comiques, il met en scène... le diable. Pour déjouer le mariage, le diable ordonne aux démons des enfers de construire un mur à travers la rivière Vltava et provoquer une inondation. Mais, finalement, tout se termine bien, comme dans un conte de fées.

Ajoutons encore que la nouvelle adaptation pragoise du Mur du diable est un peu particulière, car elle a été mise en scène par le Britannique David Pountney, qui est un grand connaisseur de la musique tchèque. Le Mur du diable fait partie de ses opéras préférés, bien qu'il ne soit pas simple du tout. « Quand je l'ai entendu pour la première fois, j'ai été effrayé, tellement j'ai trouvé cet opéra difficile. Maintenant, je me sens comme un chirurgien avec un bistouri dans la main, qui n'est pas sûr que son patient survive », a dit le metteur en scène aux journalistes avant la première...