Stanislav Gross, Bohuslav Sobotka et Vladimir Spidla, photo: CTK
"Doté d'un incontestable talent politique, rusé, pragmatique, dangereux, trop lié au milieu des affaires, capable de tout"... C'est en ces termes que les sociaux-démocrates parlent, hors micros et caméras, de leur collègue oh combien ambitieux, Stanislav Gross, qui soufflera, cette année, ses 35 bougies. L'actuel numéro 2 au sein de la social-démocratie tchèque a toutes les chances de remplacer le leader du parti, Vladimir Spidla, jugé responsable de l'échec des socialistes aux élections européennes.
Stanislav Gross, Bohuslav Sobotka et Vladimir Spidla, photo: CTK
Attachés aux mêmes idées politiques, ils se trouvent, pourtant, aux antipodes : de par leur caractère, leur comportement et surtout l'image qu'ils cultivent devant la population et les médias. Laborieux, souvent avare de propos, le chef du gouvernement et de la social-démocratie, Vladimir Spidla, est critiqué, à droite et à gauche, pour ses démarches politiques, mais aussi pour sa prétendue incapacité à communiquer, son manque de charisme, d'autorité. Si, pour l'instant, Vladimir Spidla risque d'être destitué du poste de Premier ministre, il risque encore davantage de perdre la présidence de son parti : la bataille de succession se jouera début juillet, à la session du Comité exécutif de la social-démocratie, qui doit lui exprimer ou non sa confiance.
Stanislav Gross et Petra Buzkova, photo: CTK
Pour beaucoup, cette bataille semble gagnée d'avance par le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross. Un jeune homme rangé, modeste, gentil, mignon, avec ses cheveux frisés, son physique plutôt fragile et sa voix grêle - c'est ainsi que ce mécanicien spécialisé dans les locomotives est entrée en politique, après la Révolution de velours. Il étudie le droit, prend de l'assurance et son étoile monte rapidement. Dès le milieu des années 1990, il passe pour le prince héritier dans le royaume de la social-démocratie. Le fragile garçon d'antan devient l'un des hommes les plus puissants du pays : ministre de l'Intérieur, il se laisse volontiers photographier en costume militaire et emploie des moyens gigantesques pour dissiper la peur des Tchèques d'attaques terroristes. Sa cote de popularité monte en flèche, et ce malgré plusieurs affaires qui planent autour de lui et de son épouse.
Stanislav Gross pourrait, espèrent les membres de son parti, donner à la politique social-démocrate un nouveau souffle. Le "prince héritier", lui, tient ses projets secrets. "Je n'ai pas de réponse à cela... Je n'en sais rien... Tout cela sera discuté en juillet...", répond-il lorsqu'on l'interroge, par exemple, sur les éventuels remaniements ministériels qu'il a lui-même souhaités après les européennes. "Pendant douze ans, Gross s'est contenté de sa popularité élevée, il n'a jamais rien dû déclarer de décisif," constate le journal Lidove noviny. Un défi à relever pour le benjamin de la politique tchèque...