La présidence tchèque au cœur de la « guerre du gaz »

Photo: CTK

La République tchèque a présenté les priorités de sa présidence de l’Union européenne pour les six prochains mois, mardi, à Prague. Mais en ce début d’année, le gouvernement tchèque est essentiellement attendu au tournant sur deux autres points : la crise au Proche-Orient et le conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine. Ce différend commercial a des retombées néfastes sur plusieurs pays européens, privés des livraisons de gaz russe. Une situation qui contraint la présidence tchèque à réagir.

Photo: CTK
La Commission européenne était réunie, ce mercredi, à Prague, pour ce qui constituait le premier grand rendez-vous de la présidence tchèque. Une réunion au caractère formel en temps ordinaire mais qui a pris cette fois des contours bien différents du fait de l’actualité dans le monde.

D’une voix commune, mardi, la présidence tchèque et la Commission européenne ont qualifié d’« inacceptables » les coupures de gaz décidées par la Russie. Celle-ci a en effet fermé les vannes des gazoducs qui transitent par l’Ukraine et desservent l’Europe à cause d’un désaccord sur les prix. Une décision prise en pleine vague de froid glacial et dont font les frais de nombreux pays européens, parmi lesquels certains, comme la Bulgarie, sont entièrement dépendants des approvisionnements du géant russe Gazprom. Selon le vice-premier ministre tchèque chargé des affaires européennes, Alexandr Vondra, il s’agit pourtant là toujours d’un différend uniquement bilatéral entre la Russie et l’Ukraine :

Alexandr Vondra,  photo: CTK
« Le niveau des restrictions est plus important que lors de la crise précédente il y a trois ans. Limiter les livraisons de façon aussi drastique n’est assurément pas une solution standard à un conflit commercial. Il n’est pas possible de faire de la sorte des pays tiers des otages. Et c’est un message que nous envoyons aux deux parties, responsables l’une comme l’autre. »

Martin Říman  (à droite) avec le vice-président de Gazprom,  Alexander Medvedev,  photo: CTK
Mardi toujours, après un entretien avec le vice-président de Gazprom, le ministre tchèque de l’Industrie, Martin Říman, qui se trouvait à la tête d’une délégation européenne à Berlin, a, lui, sommé Moscou et Kiev de reprendre les négociations au plus vite.

En attendant, les livraisons de gaz en provenance de la Russie ont été totalement coupées en République tchèque dans la nuit de mardi à mercredi. La situation n’est toutefois pas encore dramatique, selon le porte-parole de la société RWE Transgas, Martin Chalupský, qui affirme que le pays possède des réserves lui permettant de faire face à ses besoins pour une quarantaine de jours :

« Effectivement, nous pouvons dire qu’à l’heure actuelle nous disposons dans nos réserves d’un peu plus de deux milliards de mètres cubes de gaz naturel. Or, en ce début d’année, où les températures sont nettement inférieures à 0° C, la consommation moyenne journalière en République tchèque est d’environ 50 millions de mètres cubes. »

Photo: CTK
La République tchèque n’est plus exclusivement dépendante des livraisons de gaz russe depuis 1997. A l’époque, le gouvernement avait en effet décidé de diversifier ses sources d’approvisionnement en choisissant de se tourner partiellement vers la Norvège, dont le gaz transite par l’Allemagne. Et malgré les importantes pressions exercées par Gazprom sur le ministère de l’Industrie, ce dernier avait finalement signé un contrat d’une durée de vingt ans avec le consortium des producteurs de gaz norvégiens GFU. Depuis, la Norvège livre 53 milliards de mètres cubes, un chiffre qui représente entre 20 et 25 % de la consommation tchèque annuelle de gaz.