« La relation entre la France et la Tchéquie sera toujours asymétrique »
A l’occasion de la conférence Forum 2000 qui se déroulait cette semaine à Prague, plusieurs débats ont été organisés autour des relations intra-européennes. L’un d’entre eux concernait plus particulièrement la relation tchéco-française ; il était présenté par Eliška Tomalová, du département des études européennes à l’université Charles de Prague. Pour Radio Prague International, elle a fait le point sur l’état de cette relation aujourd’hui :
« A mon avis, il faut discerner les niveaux : je trouve qu’au niveau de l’administration cela marche très bien. Le cas a été confirmé par les présidences tchèque et française de l’UE en 2008/2009. Les administrations se sont rapprochées, il y a aussi des échanges de fonctionnaires qui sont plus intensifs entre les ministères français et l’office du gouvernement tchèque. »
« Le problème est plutôt au niveau politique. Il y a eu récemment des rapprochements entre MM. Macron et Babis à l’occasion de la visite du président français, avec par exemple des projets comme le Centre Georges Pompidou à Prague… »
Il faut dire que les formations politiques fondées par les deux dirigeants siègent dans le même groupe (Renew Europe) au Parlement européen…
« Oui, les alliances possibles aident… Je trouve que les Français ont quand même investi dans cette relation avec la Tchéquie, si on compare avec les autres pays du groupe de Visegrad. Prague est un partenaire à qui on peut faire confiance, notamment dans le format dit ‘Austerlitz’, qui rapproche l’Autriche, la France et la République tchèque. »
« Il n’y a pas de tendance générale – on trouve plutôt des moments et des sujets spécifiques. Il y a eu le cas important de la centrale nucléaire de Temelín – beaucoup d’amertume après l’échec d’Areva et l’abandon peu clair de l’appel d’offres côté tchèque… »« Ce qui marche très bien, je dirais que c’est au niveau économique pour les PME – la France reste le quatrième ou cinquième partenaire économique de la Tchéquie. Au niveau culturel, il y a aussi des sujets qui rapprochent, même si la culture ici n’est pas une priorité à un niveau aussi important qu’en France. Pour résumer, les relations fonctionnent mieux aux niveaux économique et culturel qu’au niveau politique. »
En résumé donc, la France fait mine de prendre au sérieux la Tchéquie quand il s’agit de gros sous – comme dans l’exemple de la centrale de Temelín ?
« Cela va toujours être une relation asymétrique – on ne peut pas le nier : la France est un grand pays, la République tchèque est un petit pays. La question de la langue joue aussi un rôle important. Donc il ne faut pas prétendre que la République tchèque sera un partenaire vraiment stratégique pour la France – ce ne sera jamais le cas. »
« C’est vrai qu’il y a aussi de beaucoup de stéréotypes. Il y a eu beaucoup d’initiatives de rapprochement du côté français et à la fin des années 1990, au début des années 2000, mais du côté tchèque on est resté dans des modes de fonctionnement plus traditionnels donc pas vraiment capables de sortir des stéréotypes. Les expériences comme les présidences tournantes de l’UE et les projets communs permettent de dépasser les clichés. »