La renaissance des relations franco-tchèques
Même si cela faisait onze ans qu’un chef de l’Etat tchèque n’avait plus officiellement foulé le territoire français, la rencontre entre Miloš Zeman et le président français François Hollande, mardi à Paris, a été plus que chaleureuse. Liés par l’histoire et leur destin européen, les deux pays tentent désormais de renouer le dialogue, et ce plus particulièrement dans le contexte de la crise ukrainienne.
« Nous sommes liés aussi par l’économie. La France est le 5e investisseur en République tchèque. Nous avons convenu, le président Zeman et moi-même, d’amplifier nos échanges. Nous sommes décidés à réunir un forum franco-tchèque pour l’investissement. Le Premier ministre Manuel Valls pourrait, avec son homologue, le coprésider lors d’un prochain déplacement à Prague. »
Si les domaines communs des deux pays ont trait à l’environnement, aux transports ou à l’aéronautique, l’énergie nucléaire a été également à l’ordre du jour des discussions. Les relations franco-tchèques s’étant quelque peu refroidies après l’exclusion par la société énergétique ČEZ d’Areva de l’appel d’offres pour l’achèvement de la construction de la centrale nucléaire de Temelín, le président tchèque a donc invité Areva à participer à un éventuel nouvel appel d’offres, le précédent ayant été annulé. Miloš Zeman a également fait savoir par la suite :
« En ce qui concerne la coopération économique, nous nous sommes très bien entendus en matière d’investissements français en République tchèque. Parmi les autres thèmes qui ont été abordés, mis à part le dossier Areva, figure notamment le TGV, dont la ligne se termine à l’heure actuelle à Francfort. Nous serions très heureux si nous pouvions la prolonger jusqu’à Prague et même plus loin encore. »
Pour ce qui est de la crise ukrainienne et des sanctions économiques infligées à la Russie, Paris pourrait incarner pour Prague une porte d’entrée sur le marché africain. C’est effectivement dans des pays tels que le Gabon, le Cameroun ou l’Afrique du Sud, que les entreprises tchèques pourraient trouver une alternative au marché russe par le biais d’entreprises françaises, qui sont activement à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux, et ce notamment en ce qui concerne les domaines des infrastructures et de la construction mécanique. Si les sanctions à l’égard de la Russie s’étendent à d’autres domaines, tels que l’industrie de la défense, de l’aviation ou de l’aérospatial, les marchés français pourraient également constituer une alternative. La première entreprise de construction mécanique de Brno fournit, par exemple, à l’heure actuelle les pièces détachées au plus grand constructeur aéronautique Airbus.Malgré une « légère » prépondérance des sujets économiques, les deux présidents ont également évoqué le domaine de la coopération internationale. A ce sujet, Miloš Zeman a déclaré :
« Nous sommes tout à fait d’accord sur le fait que le plus grand danger reste bien le terrorisme international, et ce qu’il soit caché sous une étiquette religieuse ou une quelconque autre idéologie. Outre le fait que nous nous sommes souvenus de notre passé commun lors de la Première et de la Deuxième Guerres mondiales, j’ai également rappelé la participation des soldats tchèques à la mission menée par la France au Mali, une mission qui s’inscrit pareillement dans la lutte contre le terrorisme. »
Les deux hommes d’État se sont penchés également sur d’autres sujets, comme l’a exprimé François Hollande :
« Nous avons terminé sur les liens culturels, linguistiques qui font que la République tchèque est associée à la francophonie. Et nous souhaitons encore développer les échanges touristiques, universitaires, pour que nous puissions avoir entre nos deux pays une amitié qui se prolonge de génération en génération. Je veux remercier encore le président Zeman pour le temps qu’il a passé et qu’il passera dans notre pays. »Ce mercredi, le chef de l’Etat tchèque achève sa visite officielle en France par une visite du siège de l’OCDE ; il sera également reçu par Irina Bokova, la directrice générale de l’UNESCO, ainsi que par le Premier ministre français, Manuel Valls.