La République tchèque accuse un déficit public historique

C’est une mauvaise nouvelle de fin d’année : le ministère des Finances a communiqué, mardi, les chiffres du déficit public au 1er décembre. Et ils sont catastrophiques avec un chiffre total record.

Photo: Štěpánka Budková
Près de 170 milliards de couronnes (6,8 md EUR) de déficit public : un record, donc, depuis la création de la République tchèque en 1993. Or, le budget approuvé pour 2009 prévoyait un déficit de 52,2 milliards de couronnes (2,08 md EUR); un déficit d’ailleurs revu à la hausse début novembre par rapport aux 38,1 milliards (1, 54 md EUR) initialement prévus. Ce mercredi, les députés tchèques étudiaient en deuxième lecture le projet de budget pour 2010, qui table d’ores et déjà sur un déficit de 162,7 milliards de couronnes, soit 5,3% du PIB.

Les spécialistes mettent en garde : si la dette de la République tchèque continue d’augmenter à ce rythme, le pays pourrait faire faillite. Un scénario pas si improbable que cela en ces temps de crise économique et qui ne serait pas une première mondiale. Pour Luďek Niedermayer, ancien vice-gouverneur de la Banque nationale tchèque (ČNB), l’heure est donc aux économies :

« Il faut que l’Etat essaye d’augmenter ses revenus fiscaux, et il doit diminuer ses dépenses. Evidemment, il va être question d’augmenter la participation des citoyens à certains services publics comme les frais de scolarité et, bien sûr, les cotisations pour la caisse d’assurance maladie. »

Augmentation des revenus fiscaux, par des impôts directs mais aussi indirects, comme la TVA ou l’impôt sur la consommation, les économistes s’entendent sur la nécessité de ces mesures pour augmenter les sources de recettes de l’Etat. Pour Michal Mejstřík, directeur de l’Institut des études économiques de l’Université Charles, il est clair que l’Etat ne pourra pas faire l’impasse sur cette augmentation :

« Comme l’indique un récent rapport de l’Association banquaire tchèque, quatre économistes de toutes couleurs politiques sont tous d’accord pour dire que cette augmentation ne peut pas aller au-delà de 100 milliards de couronnes. Mais 100 milliards de couronnes ne nous suffisent pas pour ajuster le déficit structurel. Il faut prendre nos responsabilités, il faut commencer au plus vite, sans craindre de faire des réserves. Regardez en Finlande, ils ont augmenté les impôts, ont fait des réserves et avaient donc où prélever au moment de la crise. »

Pour Jiří Kunert, président de l’Association banquaire tchèque, l’endettement est une mauvaise nouvelle pour la vitalité économique d’un pays qui s’est longtemps bâti une réputation d’eldorado pour les investissements étrangers :

« L’endettement signifie que l’économie va mal et que la République tchèque est en mauvaise santé. Et pour certains investisseurs, cela va signifier qu’il est sans doute mieux d’aller chercher un autre pays. »

Photo: Commission européenne
La République tchèque va donc devoir agir. Parce qu’à Bruxelles, on veille. Début novembre, déjà, la Commission européenne avait demandé à Prague de réduire d'ici 2013 son déficit public, gonflé par la crise, dans la limite des 3% du PIB. Ce mercredi, les ministres des Finances de l’UE réunis à Bruxelles ont réitéré cette demande. A partir de 2010, la République tchèque sera donc tenue de diminuer chaque année son déficit public d’au moins 1% du PIB. Faute de quoi, la République tchèque devra faire face à des sanctions, voire à la fermeture du robinet des dotations européennes.