La République tchèque déroule le tapis rouge devant le président kazakh

Noursoultan Nazarbayev, photo: CTK

155 millions d’euros : c’est le montant total de la dizaine de contrats qui ont été signés mardi à Prague à l’occasion de la première visite officielle du président kazakh Noursoultan Nazarbayev. Malgré son régime autoritaire, le Kazakhstan, troisième fournisseur en pétrole de la République tchèque, fait partie des douze pays considérés comme prioritaires pour le commerce extérieur tchèque. Difficile dans ce contexte d’affaires lucratives d’évoquer la délicate question des droits de l’homme.

Noursoultan Nazarbayev et Václav Klaus,  photo: CTK
Un point-presse, mais interdiction faite aux journalistes présents dans la salle de poser la moindre question, comme cela avait été convenu préalablement. A l’issue de leur rencontre au Château de Prague, Noursoultan Nazarbayev et son homologue tchèque ont souligné que les thèmes abordés lors de cette visite étaient d’abord et avant tout d’ordre économique. Tant pis donc pour la quinzaine d’activistes kazakhs qui, dans une lettre ouverte, avait demandé aux responsables politiques tchèques de ne pas oublier le non-respect des standards démocratiques internationaux dans leur pays d’origine. Que cela plaise ou non, l’essentiel était bien ailleurs mardi, comme l’a confirmé sans sourciller lors de cette fameuse conférence de presse qui n’en avait que le nom le président Václav Klaus :

« Nous mettons surtout l’accent sur le développement des échanges économiques dont le volume augmente régulièrement ces dernières années. Néanmoins, nous sommes bien conscients qu’il reste un potentiel considérable pour que le développement de ces échanges entre nos deux pays soit encore plus important. »

Un pays « stable » avec « une économie dynamique et en pleine croissance » : tels ont été les autres mots choisis par Václav Klaus pour présenter le Kazakhstan et accueillir son hôte du jour, ancien premier secrétaire du parti communiste kazakh à l’époque soviétique, président de la République depuis plus de vingt ans et même chef de la nation depuis peu ; un titre accordé par la chambre basse du Parlement qui renforce le culte de sa personnalité.

Noursoultan Nazarbayev,  photo: CTK
Autant de caractéristiques qui devraient notoirement déplaire à la diplomatie tchèque, très soucieuse de la violation des droits de l’homme et de l’ordre démocratique par exemple en Biélorussie. Seulement voilà, à la différence d’Alexandr Loukachenko, Noursoultan Nazarbayev est un fin diplomate. Très ouvert aux investisseurs étrangers, il entretient de très bonnes relations tant avec la Russie et la Chine qu’avec l’Occident. Et surtout, le Kazakhstan, neuvième plus grand pays au monde par sa superficie, regorge de pétrole.

Pas étonnant dès lors que le président tchèque ait cru bon de préciser qu’il n’existait aujourd’hui « aucun problème sérieux entre nos deux pays qu’il conviendrait de régler ». Quant au chef de la nation kazakhe, qui sait caresser ses interlocuteurs dans le sens du poil, il a présenté Václav Klaus comme « un exemple dans l’art de réformer une économie socialiste en une économie de marché sans que le peuple souffre ».

Différents contrats ont été signés,  notamment dans les secteurs pharmaceutique,  agricole,  alimentaire et de la santé,  photo: CTK
Après tous ces échanges de bons procédés, l’importante délégation kazakhe de ministres et de chefs d’entreprises a pu réaliser ce pour quoi elle était réellement venue à Prague. Différents contrats ont donc été signés, notamment dans les secteurs pharmaceutique, agricole, alimentaire et de la santé. Le plus important de ces accords concerne l’importation en République tchèque d’huile de colza pour un montant de 45 millions d’euros. Néanmoins, ce sont essentiellement les entreprises tchèques spécialisées dans la production de machines et d’équipements qui investiront au Kazakhstan. Des investissements suffisamment fructueux pour justifier de passer sous silence le dossier des droits de l’homme, mais toutefois encore insuffisants pour inverser un solde commercial encore largement négatif pour la République tchèque, notamment en raison de ses importations de pétrole kazakh.