La République tchèque échoue dans le renouvellement des sanctions contre Cuba
La position de la République tchèque vis-à-vis du régime communiste à Cuba est on ne peut plus claire : pas de concessions faites à Fidel Castro, soutien aux dissidents, enfermés dans les prisons cubaines et victimes de la répression dans leur vie quotidienne. Pourtant, ce lundi, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Cinq au Luxembourg, le point de vue tchèque, partisan de la fermeté, n'a pu se faire entendre que sur quelques points minimes.
Deux visions s'opposent quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de la dictature cubaine : de manière simplifiée, on pourrait la diviser entre les pays de l'ancien bloc communiste qui de par leur expérience propre, tendent à favoriser une ligne dure, et les pays d'Europe de l'Ouest, plus enclins à voir quelques progrès dans l'attitude du vieux dirigeant cubain, Fidel Castro. Ce lundi, au Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UE avaient rendez-vous pour décider de rétablir ou non les sanctions contre Cuba ; en janvier dernier, la communication avec l'île avait été rétablie, après qu'une poignée de dissidents ait été libérée en décembre. C'est l'emprisonnement de 75 opposants qui avait été, en 2003, à l'origine de la prise de position inhabituellement stricte de l'Union.
Mais ce lundi la République tchèque s'est retrouvée plus isolée que d'ordinaire sur ce sujet et n'a pu glâner que quelques concessions de fermeté. Cyril Svoboda, le ministre des Affaires étrangères, a expliqué à la radio tchèque la position de la République tchèque :
« On ne peut pas tendre la main à des dirigeants du type de Fidel Castro, et dire qu'il n'y a aucun problème, qu'il faut maintenir de bonnes relations, et espérer voir ainsi un changement dans son attitude vis-à-vis de sa propre population. En résumé, Castro n'a pas changé du tout, un de ses ministres a traité l'Union européenne de « nain politique moral » et il n'y a absolument rien eu de positif qui aurait pu nous donner l'espoir que la variante plus « douce » soit la bonne. »
C'est le point de vue espagnol, suivi notamment par la France, qui a primé au Luxembourg. Le gouvernement espagnol considère que des progrès ont été faits, arguant que la tenue d'un rassemblement de l'opposition cubaine en mai dernier était un pas positif. Rappelons cependant que de nombreux journalistes et parlementaires européens, dont le sénateur tchèque, Karel Schwarzenberg, avaient alors été expulsés sans autre forme de procès. De même, si l'écrivain Raul Rivero et quelques autres dissidents ont été libérés en décembre dernier pour des raisons de santé, sur les 75 emprisonnés en 2003, 61 sont toujours privés de liberté.La République tchèque, représentée par Cyril Svoboda, et soutenue notamment par son homologue allemand, Joschka Fischer, a pu néanmoins obtenir une sorte de compromis : dénonciation de la répression castriste et obligation pour le régime cubain de traiter tous les pays de l'Union sur un pied d'égalité, ce dernier point faisant écho aux difficultés que les hommes politiques tchèques, notamment, rencontrent pour se rendre sur l'île, à la différence des ministres espagnols. Quant à la question des petits déjeuners des dissidents dans les ambassades des membres de l'Union que certains pays européens avaient interrompus en même temps que les sanctions, c'est un accord tacite qui prévaut : les ambassades peuvent inviter opposants ou membres du gouvernement à leur guise.
Après ces six mois d'évaluation de la situation à Cuba et la décision prise au Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères se sont donnés rendez-vous, cette fois-ci, dans un an. Affaire à suivre donc, en juin 2006, à moins que d'ici là ait eu lieu ce Printemps de La Havane tant attendu.