« La République tchèque est ma seconde patrie »

Hasmiou Dia, photo: Anna Kubišta

Jusqu’à vendredi, les près de 200 consuls honoraires de la République tchèque dans le monde sont réunis à Prague. Une réunion qui se déroule tous les cinq ans et qui a pour vocation d’échanger sur différents thèmes, administratifs, culturels ou commerciaux. Les consuls honoraires ont à charge, de manière bénévole, de représenter les intérêts de la République tchèque dans leur pays de résidence et de porter assistance aux ressortissants tchèques, en cas de besoin. Pédiatre et professeur à la faculté de médecine de Guinée-Conakry, Hasmiou Dia est consul honoraire de la République tchèque en Guinée depuis l’an 2000. Par ailleurs parfaitement tchécophone, il est revenu, en français pour Radio Prague, sur les origines de son lien avec la République tchèque :

Hasmiou Dia,  photo: Anna Kubišta
« Je viens d’un pays qui fut longtemps un grand ami du bloc socialiste. La Tchécoslovaquie nous a offert des bourses pour venir faire des études. J’ai fait partie de ces gens qui sont venus ici, en 1974, pour faire des études de médecine dentaire. Mais, malheureusement, au vu de la mortalité et morbidité infantile qui était très élevée en Afrique et en Guinée en particulier, à cette époque, j’ai décidé de devenir pédiatre. »

C’est ce qui explique donc votre tchèque excellent. J’imagine que c’est ce lien privilégié avec la Tchécoslovaquie puis la République tchèque qui vous amené à devenir consul honoraire…

« La République tchèque est ma seconde patrie. Il n’y avait pas d’ambassade tchèque à Conakry, puisqu’elle avait fermé, mais il y avait des ressortissants tchèques qui avaient des problèmes. Je me suis donc proposé pour les aider, en tant que personne connaissant bien le pays. Au vu de tout cela, l’ambassade tchèque à Dakar a demandé qu’on ouvre un consulat honoraire à Conakry. On m’a demandé d’être candidat et j’ai accepté volontiers. »

Vous étiez donc le candidat tout désigné pour cette fonction. Qu’est-ce que cela signifie pour vous concrètement ?

« J’ai quatre heures de travail dans la semaine pour le consulat. Le bureau est ouvert le mardi de 10h à 12h et le jeudi de 14h à 16h. Je suis là pour développer les relations culturelles et économiques entre la République tchèque et la Guinée, pour défendre les intérêts de la République tchèque et de ses citoyens, pour assister les ressortissants tchèques en situation de détresse. »

Avez-vous des exemples récents à cet égard ?

« Ce sont de tristes exemples. Depuis que je suis consul honoraire j’ai eu quatre cas de décès de personnes qui étaient en situation irrégulière, sauf une. J’ai été obligé trouver une solution à ce problème, avec l’assistance de l’ambassade, afin de pouvoir faire inhumer ces citoyens tchèques. Tous ont été enterrés en Guinée. Malheureusement, leurs familles ne pouvaient pas supporter les frais de rapatriement. J’ai aussi été obligé à maintes reprises de mettre la main à la poche pour trouver des solutions. Il y a des dépenses obligatoires. Mais je voulais faciliter les choses et que tout se passe au mieux. C’est pour moi un honneur, j’ai rempli un de mes devoirs de consul honoraire. »

Conakry,  photo: Maarten van der Bent,  CC BY-SA 2.0

Qu’en est-il des relations bilatérales commerciales ou autres ?

« Depuis que je suis consul honoraire, près de vingt à trente étudiants ont pu être envoyés en République tchèque pour faire des études. Ils ont fait de brillantes études, certains sont retournés au pays, d’autres sont restés en République tchèque. Autre chose : on a pu aider certaines sociétés tchèques à récupérer leur argent, des dettes non-payées par des sociétés guinéennes. C’est quelque chose de positif. Au nom de la République tchèque, on a pris en charge des enfants malades. On a pu payer les études d’enfants démunis. De même quand l’épidémie d’Ebola a éclaté, j’ai fait un déplacement en République tchèque où j’ai pu rencontrer l’ancien ministre des Affaires étrangères, monsieur Zaorálek. La République tchèque a ainsi pu apporter son aide aux trois pays concernés. »

En quoi est-ce important de vous retrouver à Prague, avec tous les consuls honoraires de la République tchèque dans le monde ?

« C’est très important car nous sommes éparpillés partout. Quand j’ai commencé, il n’y avait même pas 100 consuls honoraires. Aujourd’hui, nous sommes au nombre de 217. C’est important de rencontrer les nouveaux. Si je suis un des doyens des consuls honoraires de la République tchèque en Afrique noire, francophone, aujourd’hui il y en a vraiment beaucoup. Je suis ravi de cette nouvelle situation et cela veut dire que nous faisons du bon travail. »