La République tchèque face à la maltraitance infantile

Photo illustrative: S. Braswell / freeimages

Le nombre d’enfants victimes de maltraitances psychiques, physiques ou sexuelles augmente en République tchèque. C’est ce qui ressort des données publiées par le Centre de crise des enfants et par le ministère du Travail et des affaires sociales, qui s’inquiètent également de l’accroissement des risques d’agression sur Internet.

Photo illustrative: S. Braswell / freeimages
En 2014, 900 cas de maltraitances ont été recensés, une hausse de 5% par rapport à l’année précédente. Il est question en général d’enfants âgés de 3 à 6 ans, victimes dans plus de la moitié des cas de membres de leur famille, le plus souvent de leur père. Directrice du Centre de crise des enfants, la psychologue Zora Dušková explique toutefois que ces statistiques ne disent pas toute la réalité de la maltraitance envers les enfants :

« Nous pouvons affirmer que le nombre de cas signalés que nous parvenons à déterminer chaque année ne constitue que la partie émergée de l’iceberg. La grande majorité des cas reste cachée. Les enfants eux-mêmes ont des raisons de se taire sur ces maltraitances. Ils ont souvent très peur d’être sanctionnés, ils ont également le sentiment que ces situations sont de leur faute. C’est particulièrement le cas pour les enfants qui sont abusés de façon répétée. »

Le signalement de ces violences s’effectue généralement grâce au travail de la police ou au sein du système scolaire. Dans une moindre mesure, ce sont des proches ou des membres de la famille eux-mêmes qui alertent sur des cas d’abus. La situation dans la cellule familiale est toutefois complexe, ainsi que le note Zora Dušková, pour qui il convient de différencier les maltraitances :

Zora Dušková,  photo: ČT
« Nous voyons ici une différence notamment dans le cas des agressions sexuelles. Je dois dire que des mères d’enfants abusés sexuellement se tournent souvent vers nos services. Ce sont également parfois des membres de l’entourage immédiat. Sinon, dans les cas d’agressions physiques, il est courant d’avoir un parent non agresseur, qui souvent connaît la condition de son enfant, passif, soumis, éventuellement lui-même victime de violences et qui n’entame pas de démarches qui permettraient de protéger son propre enfant. »

La problématique de la cellule familiale avait également été mise en lumière l’an passé au travers d’une étude dont Zuzana Baudyšová, la présidente de la Fondation Notre enfant (Nadace Naše dítě), avait présenté les résultats :

« Il y a deux fois plus d’enfants présentant des syndromes de maltraitance dans les familles séparées et dans les familles recomposées. Cela signifie que, de plus en plus souvent, les belles-mères ou les beaux-pères participent à ces violences. Ces familles de nos jours n’ont plus rien d’extraordinaire. »

La directrice de cette fondation, Monika Šimůnková, regrette quant à elle l’inexistence en République tchèque d’une structure permettant d’accompagner les familles d’enfants victimes de maltraitances :

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
« Lorsqu’il s’avère que des soupçons étaient infondés ou même qu’ils étaient fondés, la famille a besoin d’une aide, les liens entre les parents et l’enfant étant immuables. Il est nécessaire de commencer à travailler avec ces familles de façon systémique. En République tchèque, un tel système, qui serait également financé par l’Etat, n’existe pas. »

L’organisation de Monika Šimůnková gère une ligne verte, « Linka bezpečí », qui est ouverte gratuitement aux enfants à toute heure du jour et de la nuit. Depuis sa création en 1994, 9 millions d’appels y ont été passés. De son côté, le Centre de crise des enfants édite une série de fascicules, qui, sous la forme d’une bande-dessinée, expliquent aux enfants leurs droits et les moyens dont ils disposent pour que cessent les violences qu’ils peuvent subir.