Maltraitance sur mineur : le nombre de cas en augmentation
Le nombre d’enfants victimes de maltraitances et d’abus sexuels est en constante augmentation en République tchèque. Une situation alarmante dénoncée par les ONG chargées du problème.
Il y a dix ans, on recensait quelque 1 200 enfants maltraités dans le pays. Depuis la maltraitance, sexuelle ou non, ne cesse de s’amplifier. Rien que pour l’année dernière, la police a enregistré quelque 6 600 cas d’enfants victimes de violences. Pour Zuzana Baudyšová, directrice de l’association Naše dítě (Notre enfant), ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité :
« Les statistiques reflètent certes la réalité, mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg. Nous avons des cas de maltraitances physiques, psychiques et de négligences. Mais sous la notion d’enfant maltraité, se cachent également des phénomènes nouveaux : la pornographie et la prostitution enfantines ou encore la traite des enfants. Or ces chiffres sont véritablement en augmentation. »C’est dans une tranche d’âge de 6 à 15 ans que l’on retrouve le plus de cas de maltraitances en République tchèque même si, par ailleurs, il existe des cas d’abus sur des nourrissons. D’après une étude de 2010, la majorité des enfants maltraités est issue de familles dites « complètes ». Zuzana Baudyšová :
« C’est vrai que c’est dans les familles complètes que se manifestent le plus de cas de maltraitances d’enfants et d’abus sexuels. C’est une situation très triste. Mais cela ne doit pas faire oublier une autre facette de la réalité : la maltraitance psychique subie par les enfants dans les cas de conflits autour de la garde suite à un divorce. Et puis, il y a également les cas de conflits internationaux, lorsqu’il s’agit d’un couple binational. Notre association croule littéralement sous les cas de figure de ce genre. »
D’autre part, et contrairement à une idée reçue, les enfants maltraités ne sont pas nécessairement issus de familles socialement défavorisées, comme le souligne Zuzana Baudyšová :« Cela ne concerne pas uniquement les familles de milieux sociaux difficiles. Cela concerne également des familles très aisées, où les parents ont une affaire qui marche, où ils sont très occupés et donc n’ont que peu de temps à consacrer à leurs enfants. Cette attitude mène à un éloignement vis-à-vis de l’enfant qui se retrouve enfermé dans sa chambre à surfer sur Internet, un autre chapitre de la négligence, par d’ailleurs. »
Lorsqu’un cas de maltraitance est révélé, intervient l’étape de l’interrogatoire. Une expérience qui peut être également traumatisante pour les enfants. C’est pourquoi la police tchèque s’efforce d’aménager des lieux qui ressemblent plus à une chambre d’enfants qu’à une salle d’interrogatoire. Pour éviter aux victimes de revenir plusieurs fois et de revivre le traumatisme subi, l’interrogatoire est entièrement filmé. Un moment clé, notamment lorsque l’enfant refuse de s’exprimer, comme le précise Alena Kolářová, directrice de la police criminelle de Prague :
« Le silence est également une forme d’expression. Vous ne pouvez pas le retranscrire sur papier, mais vous pouvez par contre le voir sur une vidéo… En ce qui concerne notre direction régionale, je dois dire que cette pièce spéciale est très utilisée : il n’y a pas une semaine sans interrogatoires. »Pour l’heure, 36 pièces de ce type existent dans les bureaux de police de République tchèque et leur nombre devrait augmenter à l’avenir. Seul point positif à tirer de cette augmentation du nombre de cas d’enfants maltraités : cette montée en flèches des chiffres est notamment due au fait que l’opinion publique est de moins en moins indifférente à la maltraitance enfantine. Ce qui restait autrefois dissimulé derrière les portes closes des foyers est, aujourd’hui, souvent rendu public par l’entourage proche des victimes.