La République tchèque face à la question des enfants réfugiés dans les centres de rétention

Bělá-Jezová,  photo: ČT24

Les conditions de vie des réfugiés dans les camps de rétention en République tchèque sont un sujet largement critiqué. C’est la raison pour laquelle le Conseil du gouvernement pour les droits de l’homme propose des changements dans l’approche aux migrants, et d’autant plus vis-à-vis de ceux qui sont encore mineurs.

Bělá-Jezová,   photo: ČT24
Bělá-Jezová, Drahonice et Vyšní Lhoty sont trois centres de rétention en activité en République tchèque. Si leur capacité d’accueil représente en tout 1392 places, depuis le début de l’hiver, ces derniers sont presque vides. Selon les chiffres présentés par la Télévision tchèque, seule une centaine de réfugiés y vivraient ce mercredi 13 janvier. Parmi eux, de nombreuses familles avec enfants. Et ce sont notamment les plus jeunes qui commence à susciter des débats même au sein du gouvernement.

L’année passée, le centre de Bělá-Jezová a fait l’objet de diverses critiques de la part des réfugiés, des organisations non-gouvernementales, ainsi que des autorités locales et européennes. La médiatrice de la République, Anna Šabatová a visité à ce camp successivement en août et en octobre derniers. Dans un entretien accordé à Radio Prague, elle était revenue sur la question de la présence des enfants confrontés à des conditions de vie souvent difficiles :

Anna Šabatová,  photo: ČT24
« J’ai constaté que la situation des enfants était très mauvaise. Il y avait 147 enfants au mois d’août et j’ai appelé les autorités à changer cette pratique qui consiste à placer les familles avec enfants dans cet établissement en particulier. Cet établissement n’est pas capable de remplir les conditions d’accueil nécessaires pour des enfants. Nous avons recommandé que les familles avec enfants ne soient pas placées à Bělá-Jezová, mais à Brno, dans le centre de Zastávka u Brna, où les conditions sont plus favorables. »

Afin d’assurer des conditions plus dignes, le Conseil du gouvernement pour les droits de l’homme demande aujourd’hui de changer davantage l’approche du système envers les migrants. Le ministre des Droits de l’Homme, Jiří Dienstbier poursuit :

 Jiří Dienstbier,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Bien entendu, il s’est déjà produit un changement pour le mieux. Cependant, ces suggestions ont une valeur générale et je crois qu’il serait utile que le gouvernement en discute. »

Les changements devraient toucher notamment les réfugiés mineurs non-accompagnés, dont 55 séjournent actuellement en République tchèque. Selon le Conseil du gouvernement pour les droits de l’homme, certains parmi eux, devraient être réunis avec leurs proches résidant dans l’Union européenne le plus tôt possible. La juriste, Petra Khollová de l’Organisation pour l’aide aux réfugiés critique néanmoins les démarches administratives qui empêchent l’accélération du projet :

« Rien n’a changé dans ce domaine et la réunion de ces enfants avec leurs familles dure toujours très longtemps. »

De plus, une autre question s’avère irrésolue, celle des mineurs n’ayant pas de famille sur le territoire de l’Union européenne. Un tel réfugié mineur non-accompagné devrait être placé dans un centre pour enfants-étrangers qui assure les services liés à sa protection et à son éducation, comme c’est le cas pour Rémi, originaire du Congo, 16 ans :

« J’ai dit que je voulais étudier et ils m’ont donc trouvé le lycée de Troja. »

Ce centre ne dispose néanmoins pas d’un nombre de places suffisant pour s’occuper de tous les mineurs concernés. Ceux-là sont alors souvent placés dans des établissements pénitentiaires pour mineurs avec de jeunes délinquants.

Enfin, un nouveau projet appelé « Děti na cestě » (Les enfants sur la route) a été lancé par l’Organisation pour l’aide aux réfugiés. Celui-ci vise à placer les mineurs non-accompagnés dans des familles d’accueil dans l’attente d’une solution durable. L’assistant social de l’organisation, Tomáš Knězek poursuit :

« D’après la loi, les familles d’accueil sont préférables aux foyers. Seulement, pour ces enfants-là, personne n’y pense. »

Selon l’ONG, les familles d’accueil s’avèrent ouvertes à cette solution. La réalisation du projet doit néanmoins faire face à plusieurs problèmes, dont notamment la qualification insuffisante de ces familles pour pouvoir accueillir un enfant étranger.