La République tchèque, pays de Gargantua ?

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Alors que 300 millions de personnes dans le monde sont touchées par ce fléau de la modernité qu'est l'obésité, le paradoxe de cet état de fait met pour le moins mal à l'aise, quand on sait que ce chiffre rattrape à la vitesse grand V le nombre de personnes qui souffrent de la faim. C'est la maladie des pays riches, et la République tchèque ne fait pas exception à la règle.

Les derniers chiffres en date pour la République tchèque sont anciens et font état de 22,6% d'hommes et de 25,6% de femmes qui souffriraient d'obésité selon des données de 1997, mais la Société de recherche sur l'obésité table aujourd'hui sur, respectivement, 28 et 29%. Quant aux problèmes de surpoids, ils toucheraient jusqu'à 47% des hommes et 31,3% des femmes.

Vie sédentaire, stress de la société contemporaine, influence de la publicité, d'un marketing qui appâte à tous les coins de rues et des écrans, dans une logique du « toujours plus », ou encore changement des habitudes alimentaires avec une société du fast-food omniprésente, tels sont les constats désormais habituels et accablants faits par les spécialistes.

L'obésité des adultes, longtemps sujet tabou et plus considérée comme une faute des personnes que comme une maladie, s'accompagne aujourd'hui d'un phénomène plus récent et croissant, l'obésité des enfants. Pour le moins alarmants, les résultats d'une enquête menée en l'an 2000, en République tchèque sur 200 enfants choisis au hasard dans des écoles. 6% de garçons et 7% de filles obèses parmi les enfants de 7 à 11 ans, et 8% de plus d'enfants en surpoids en à peine 10 ans, voilà qui devrait inciter à la réflexion les pouvoirs publics sur les actions concrètes à mener, mais aussi les parents sur les comportements alimentaires de leurs têtes blondes. Et les spécialistes du sujet de renchérir : si rien n'est fait aujourd'hui, les Tchèques vont à l'avant de graves problèmes de santé, puisque le surpoids et l'obésité augmentent sensiblement les risques de diabète, d'hypertension ou d'accidents cardio-vasculaires.

L'an dernier, sur les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé, un Conseil national sur l'obésité a vu le jour en République tchèque, sous l'égide du ministère de la Santé. Ce Conseil souhaiterait un engagement réel et actif des médecins généralistes, qui ont une chance de diagnostiquer à temps le problème de surpoids, de mettre en oeuvre une prévention efficace, d'encourager les patients à réagir et de soigner l'obésité. Une stratégie encouragée par les spécialistes, mais qui devrait être la logique, sinon humaniste, à tout le moins pragmatique, des pouvoirs publics, en République tchèque et de par le monde, puisque la prévention revient nettement moins cher que la prise en charge des soins médicaux. Reste à savoir, si ces considérations diététiques ne rentrent pas en contradiction avec des intérêts économiques : difficile d'imaginer, à l'heure actuelle, que les propositions des spécialistes pour une réglementation plus stricte de la publicité et une promotion d'aliments sains aient une chance de franchir la barrière de ceux-ci.