Coronavirus et obésité : les Tchèques sont très concernés
Les études provenant du monde entier l’ont prouvé : l'obésité augmente le risque d’hospitalisation suite au Covid-19. Le constat est particulièrement inquiétant en République tchèque, où le taux d’obésité est l’un des plus forts en Europe.
On se souvient encore du cas, très médiatisé, de Robert Markovič, le premier patient tchèque traité à l’antiviral Remdesivir. Présentant des symptômes graves de Covid-19, ce chauffeur de taxi pragois, âgé de 53 ans, a été pris en charge à l’hôpital le 10 mars dernier, soit quelques jours après l’apparition officielle des premiers cas de nouveau coronavirus en Tchéquie. Suite au traitement par le médicament expérimental développé aux Etats-Unis, l’état de santé de Robert Markovič s’est progressivement amélioré, et il a pu quitter l’hôpital début mai, après toutefois y avoir passé presque deux mois. Ce long traitement a été compliqué par l’obésité sévère du patient.
C’est un fait connu : les patients souffrant d'obésité sont plus souvent sujets à des problèmes cardiovasculaires, respiratoires et articulaires, d’hypertension artérielle, de diabète ou d’insuffisance rénale : toutes ces comorbidités constituent un cocktail propice à une forme compliquée de Covid-19, comme le confirme Eva Hanková, médecin qui s’occupe des malades du coronavirus à l’hôpital de Náchod, dans le nord du pays. « On le voit au premier coup d’œil : la plupart de nos patients sont des hommes plutôt âgés, obèses et atteints de diabète », a-t-elle constaté dans une interview pour l’agence de presse ČTK, ajoutant qu’il ne s’agit toutefois pas des seuls facteurs à risque de cette maladie aux multiples facettes.
Dans un rapport publié en octobre dernier, qui se réfère aux résultats des études menées auprès de 400 000 patients en Europe, en Asie et aux Etats-Unis, la Société tchèque de médecine générale et la Société médicale Jan Evangelista Purkyně (SVL ČLS JEP) ont estimé que l’obésité doublait le risque de contamination au Covid-19 et qu’elle augmentait de 113% le risque d’hospitalisation. Les chercheurs tchèques et étrangers s’inquiètent aussi du fait qu’un vaccin contre le coronavirus pourrait être moins efficace chez les personnes souffrant d’obésité, dont l’immunité est souvent affaiblie.
En République tchèque, une partie considérable de la population est concernée : d’après les données de l’Institut tchèque des statistiques, 47% des hommes et une femme sur trois sont en surpoids, tandis que 18% des femmes et un homme sur cinq souffrent d’obésité. Pire encore, plus d’un enfant sur cinq, âgé entre 11 et 15 ans, est concerné par un problème soit de surpoids soit d’obésité en République tchèque, selon les chiffres du ministère de la Santé.
Par ailleurs, l’Hôpital universitaire de Prague, celui qui a pris en charge le chauffeur de taxi Robert Markovič, a annoncé la création prochaine, dans ses locaux, d’un premier « centre tchèque XXL », disposant de tables d’opération, de fauteuils roulants, d’ambulances et d’autres équipements adaptés aux patients souffrant d’obésité, dont le traitement pose problème dans la plupart des hôpitaux du pays.
Selon les médecins de cette clinique pragoise, qui prend en charge ces patients à risque, la corpulence des Tchèques ne cesse d’augmenter : alors qu’il y a vingt ans, ils s’occupaient principalement de patients pesant moins de 170 kilogrammes, actuellement, l’hôpital accueille couramment des personnes dont le poids dépasse les 200 kilogrammes.
La situation ne s’est pas améliorée avec le confinement du printemps dernier et la baisse d’activité physique de nombreux Tchèques.
« Surtout, ne faites pas de régime strict en pleine épidémie, maintenant, c’est trop tard », constate Eva Hanková de l’hôpital de Náchod.
« Nous vivrons avec le coronavirus encore au moins deux ans », rétorque Jozef Čupka de la Société tchèque de médecine générale. « Avec chaque kilogramme perdu, vous augmentez votre chance d’y résister », a-t-il encouragé les Tchèques sur les ondes de la radio publique.