La République tchèque sortie de l'impasse politique?

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Lukáš Macek est le directeur de Sciences-Po Dijon. Radio Prague lui a d’abord demandé si selon lui les résultats de ces élections signifiaient la sortie de l’impasse politique que connaît le pays depuis 2006 :

« Pour moi cette impasse dure de fait depuis 1996 : depuis 1996 la République tchèque n’a jamais connu de gouvernement s’appuyant sur une majorité fiable et solide au parlement. Pour la première fois depuis quatorze ans, nous avons l’opportunité d’avoir un gouvernement solide, clairement majoritaire, qui pourrait gouverner de manière stable et relativement forte pendant toute la législature. J’espère que la République tchèque saura saisir cette chance et que cela permettra de faire passer un certain nombre de réformes importantes et urgentes. Les résultats des élections de 2006 n’étaient que l’exemple le plus frappant de cette incapacité du système politique tchèque à produire une majorité gouvernementale stable. Nous allons voir si ce qui vient de se passer était une exception ou si on a ouvert une nouvelle page de l’évolution politique de la République tchèque. »

L’Union européenne a été quasiment absente du débat électoral, sauf pour parler de la crise grecque et de l’euro. La personne du futur premier ministre et la potentielle composition d’une future coalition peuvent-elles modifier la position de la République tchèque dans l’UE ou pas vraiment comme l’ont déjà fait remarquer certains analystes ?

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« A priori, sur tout ce qui concerne la politique européenne ou même la politique étrangère, je pense que les éléments de continuité l’emportent très nettement par rapport à des variantes imaginées avant les élections. Notamment une variante avec participation directe du parti communiste : on aurait eu un risque de rupture majeure dans la politique internationale de la République tchèque. Là, je pense que c’est très nettement la continuité qui l’emporte. Vu l’affaiblissement de l’ODS et le renforcement de deux partis qui a priori se profilent comme plus pro-européens que l’ODS d’une certaine manière, on pourrait peut-être s’attendre à la poursuite de ce qui a déjà commencé, à savoir l’infléchissement des positions eurosceptiques de l’ODS. C’est un parti qui est un peu divisé sur la question et qui s’est pendant des années complu dans une attitude dure et assez radicalement eurosceptique. Ca a commencé à changer au moment de la présidence tchèque de l’UE. Je pense que l’expérience gouvernementale aux côtés de deux partenaires relativement forts pourrait accélérer et peut-être rendre irréversible cette évolution de l’ODS, d’un euroscepticisme dur proche de Václav Klaus à une position qui certainement restera circonspecte mais qui deviendra plus constructive au niveau européen. »