La République tchèque, un pays de transit pour une grande partie de réfugiés

Photo: Commission européenne

La façon dont les autorités tchèques gèrent la situation autour des réfugiés qui considèrent la République tchèque, dans la plupart des cas, comme un pays de transit, demeure un des principaux sujets traités dans les médias. Ce sera aussi le premier sujet de cette revue de presse qui présentera ensuite un bref extrait d’un entretien avec Antonín Liehm, journaliste et critique qui, après avoir pris le chemin de l’émigration, a passé une importante partie de sa vie d’abord aux Etats-Unis et puis, à Paris, avant de s’installer finalement à Prague. Quel est l’attrait des ouvrages de Jules Verne pour les lecteurs tchèques aujourd’hui? Réponse dans un texte tiré du quotidien Mladá fronta Dnes. Enfin, quelques mots sur la préférence des Tchèques pour les boissons non alcoolisées traditionnelles locales, au détriment des marques étrangères, qui se présente comme un nouveau phénomène de société.

Photo: Commission européenne
La question brûlante des réfugiés est le sujet de nombreux commentaires, notes et analyses publiés presque quotidiennement dans la presse. Dans une analyse parue dans l’édition de vendredi dernier du quotidien Lidové noviny, son auteur Blahoslav Hruška rappelle d’abord que la possibilité de voyager librement dans toute l’Europe, constitue pour les Tchèques un des acquis les plus importants de ces dernières années. Et comme il l’écrit, ce n’est que maintenant, en rapport avec le passage des réfugiés sur le territoire tchèque, que ceux-ci réalisent pleinement que l’espace Schengen qui assure cette liberté peut également être à l’origine de graves problèmes. Il remarque également :

« Des miliers de réfugiés qui se rendent à l’Ouest ne veulent pas rester chez nous, considérant le territoire tchèque comme un pays de transit pour une courte durée. Mais les représentants politiques ne savent pas comment gérer une telle situation. Depuis l’automne dernier, le refus des quotas pour la répartition des réfugiés proposés par la Commission européenne, est devenu un leitmotiv du gouvernement tchèque. Mais, en fin de compte, son engagement bénévole d’accueillir au cours des deux prochaines années 1800 réfugiés s’est avéré presque identique à la revendication stipulée par Bruxelles. Ainsi, le gouvernement de Bohuslav Sobotka s’est joint à la vague de solidarité européenne ce qui a donné lieu à des manifestations au centre de Prague... Et pourtant, la République tchèque n’a pas à affronter un afflux de réfugiés, car vers la fin du mois de juillet, le pays n’a enregistré que 900 demandeurs d’asile à peine ».

Ce qui augmente en revanche selon l’auteur du texte, c’est le nombre de migrants qui sont renvoyés dans d’autres pays de l’Union européenne sur la base du règlement de Dublin qui permet de faire revenir les réfugiés dans le pays où ceux-ci ont initialement demandé l’asile. Ainsi, au cours du premier semestre de cette année, le ministère de l’Intérieur a renvoyé plus de 740 ressortissants étrangers. Blahoslav Hruška note en conclusion :

« L’asile en Tchéquie n’est pas très sollicité ce qui n’étonne guère. Pour les réfugiés, la République tchèque représente davantage un pays qui a tendance à les enfermer pour deux mois dans un camp de rétention, parce qu’ils sont répertoriés dans la base européenne de données sur les demandes d’asile. La promesse d’accueillir les ressortissants étrangers est restée lettre morte ».

Antonín Liehm à propos de l’émigration

Antonín Liehm,  photo: ČT
La dernière édition du bi-mensuel culturel Divadelní noviny a publié une longue interview avec Antonín Liehm, 91 ans, journaliste, critique et historien du cinéma, fondateur de la revue culturelle Lettre Internationale. Domicilié aujourd’hui à Prague après avoir passé de longues années à Paris, il s’est exprimé entre autre sur le sujet de l’émigration qui a représenté pour lui un des moments les plus difficiles de sa vie. Nous citons :

« Je n’ai jamais voulu émigrer, en dépit du fait que je maîtrisais le français presque aussi bien que le tchèque et que j’ai eu après 1956 beaucoup d’opportunités pour partir. J’ai pris cette décision, ou bien j’y ai été contraint, après l’occupation du pays en 1968. Si j’avais vécu ici, on m’aurait mis en prison. Aux Etats-Unis, où j’ai passé mes treize premières années, c’était une toute autre société, une autre mentalité. Gagner ma vie était alors difficile. Mais il a été aussi difficile de revenir... La société locale est trop orientée à droite et je n’arrive pas à comprendre ses problèmes. Souvent, je ne comprends pas pourquoi les gens se comportent de telle ou telle manière. De même, il m’échappe pourquoi dans une société aussi riche que la nôtre, le cinéma, la littérature, le théâtre, les revues doivent souvent survivre en vivotant. »

Une vie dramatique, en bien des points belle, souvent difficile et tragique. C’est en ces termes qu’Antonín Liehm qui se considère et qui s’est toujours considéré comme un journaliste tchèque où qu’il ait vécu et travaillé, résume dans les pages de la revue Divadlení noviny le long chemin de sa vie.

Un attrait durable de Jules Verne pour les lecteurs tchèques

Les romans de Jules Verne ont-ils toujours un attrait pour les lecteurs tchèques? Est-ce que l’écrivain français, mort il y a 110 ans, a quelque chose à dire encore aujourd’hui ? Voilà les questions qui ont été soulevées dans l’édition de samedi dernier du quotidien Mladá fronta Dnes par Ondřej Bezr qui a d’abord rappelé :

« L’écrivain tchèque reconnu, Ondřej Neff, connaisseur et amateur de l’œuvre de Jules Verne, qui a rédigé une monographie unique consacrée au romancier français et à son univers, est l’auteur de huit réadaptations d’ouvrages de Verne qui ont paru dans les années 2008-2012. Leur retentissement auprès des lecteurs a été positif, tandis que ces versions réécrites ont été assez mal accueillies par une partie du milieu littéraire local. »

L’auteur de l’article donne d’un autre côté la parole à l’éditeur Josef Vybíral qui se consacre à la publication de nouvelles éditions des livres de Jules Verne en traductions originales pour bibliophiles et qui prétend :

« Je considère qu’il faut respecter le récit de Jules Verne avec ses descriptions souvent lentes, mais qui sont tellement typiques. Elles nous permettent de nous replonger au XIX siècle, avec la technique et la mentalité des gens de l’époque et de faire connaissance de la faune et de la flore qui existait alors. Contrairement à tous ceux qui dénoncent de telles descriptions, moi-même je les apprécie beaucoup, car elles sont indissociables du récit ».

Les ouvrages de Jules Verne publiés par cette maison d’édition, en reliures raffinées à ornements dorés, richement illustrés de gravures classiques, sont destinés en premier lieu aux collectionneurs, ce dont témoigne leur prix qui varie autour de 50 euros. L’article indique en même temps que cette maison d’édition n’est pas la seule à publier en République tchèque des œuvres de Jules Verne, car il en existe également d’autres qui les font paraître en version plus modeste et à un prix accessible. A part cela, les personnes intéressées, très nombreuses d’ailleurs, peuvent les acheter chez les bouquinistes. Ondřej Bezr cite également certains des dizaines de films qui ont été à ce jour tournés d’après les livres de Jules Verne et rappelle les trois films tchèques réalisés d’après ceux-ci, dont le plus connu est L’invention diabolique de Karel Zeman.

Les Tchèques préfèrent désormais les limonades traditionnelles au coca-cola

Photo: Barbora Kmentová
Les Tchèques en ont désormais assez de boire du coca-cola et d’autres boissons de provenance étrangère. S’agissant de boissons non alcoolisées, ce qu’ils préfèrent, c’est la traditionnelle limonade locale à la pression appelée « malinovka », une limonade à la framboise, dont la consommation ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années déjà. Comme le remarque le journal Mladá Fronta Dnes, sa popularité s’est manifestée de façon spectaculaire cet été et, surtout, au cours des trois semaines écoulées pendant lesquelles les températures ont chaque jour largement dépassé les 30°C. L’auteur de l’article explique:

« La préférence croissante vis-à-vis de la limonade traditionnelle découle en partie de la vague rétro, mais aussi du fait qu’en raison du ralentissement économique de ces dernières années, les Tchèques ont pris l’habitude de faire des économies. Et la limonade locale est quand même bien meilleur marché que les boissons de marques internationales. Les Tchèques commencent également à découvrir, prudemment, les boissons naturelles. »

Le journal remarque que la Tchéquie n’est pas le seul pays dont le marché des boissons non alcoolisés connaît une transformation radicale, cette tendance étant plus forte encore, par exemple, en Allemagne.