La restitution des terres objet d'une affaire de spéculation mettant en cause plusieurs hauts fonctionnaires

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Un énième scandale a éclaté dans le processus de restitution des terres agricoles confisquées par le régime communiste. Accusés d'avoir cédé à des conditions très avantageuses des parcelles appartenant à l'Etat à des spéculateurs immobiliers, quatre des neuf membres du comité exécutif du Fonds foncier ont été révoqués de leurs fonctions, mardi, par le ministre de l'Agriculture, Petr Zgarba. Mais ce dernier, soupçonné d'être impliqué dans l'affaire en ayant facilité les transactions, se trouve également sur la sellette.

Petr Zgarba,  photo: CTK
Actuellement, environ 90 000 personnes en République tchèque attendent encore de se voir restituer des biens immobiliers ou des terres nationalisés par les autorités communistes tchécoslovaques, après leur prise du pouvoir en 1948. Parmi ces personnes en attente, seuls 20 % seulement sont cependant les propriétaires originels. Les autres, en toute légalité, ont préféré vendre leurs droits à la restitution à différents spéculateurs et agents commerciaux. Or, l'Etat n'étant plus, dans la majorité des cas, propriétaire des terres en question, les spéculateurs obtenaient en échange de ces droits d'autres parcelles de « compensation » à des conditions très avantageuses. Ces parcelles étaient obtenues d'autant plus facilement que le 7 juin dernier, le Fonds foncier tchèque, en accord avec le ministre de l'Agriculture, a adopté une mesure exceptionnelle appelée « régime spécial ». Ce régime, annulé le 1er juillet, consistait tout simplement à restituer leurs terres à tous ceux qui portaient plainte contre le Fonds... Et ce régime était d'autant plus spécial que son adoption n'a pas été rendue publique ! Du coup, seules quelques personnes bien informées ont pu et su tirer profit de cette mesure. Ainsi, par exemple, environ 600 hectares de terres agricoles, situées dans des zones attrayantes dans les environs de Prague et d'autres grandes villes du pays et qui devraient devenir constructibles dans quelques années, ont été cédées par l'Etat à des agents commerciaux à des prix nettement inférieurs à ceux en vigueur sur le marché. Et c'est justement sur toutes ces transactions, rendues possibles par le Fonds foncier, que plane le voile des dessous-de-table...