La Révolution de velours : « un autre regard »
La journaliste Helena Briardová, ancienne chef des émissions internationales de la radiodiffusion tchécoslovaque, fait partie de ceux qui n’ont pas partagé la liesse générale qui a accompagné les journées pendant lesquelles le régime communiste allait éclater. Fière de ne pas faire partie de ceux qui ont «retourné leur veste » au lendemain de ces événements mémorables, elle n’a pas hésité à s’exprimer au micro de Radio Prague sur ses positions.
« Oui, j’étais membre du parti des les années 1980, je suis membre du parti communiste actuellement, je n’ai en fait jamais cessé d’être membre. C’est parce que je suis persuadée que le socialisme est un système qui est meilleur que le capitalisme. Finalement, on le voit partout, parce que dans les années 1980, il n’y avait pas ici de mendiants, il n’y avait pas de sans travail à attendre dans des bureaux de travail pour voir si quelqu’un leur offre un boulot ou quelque chose pour qu’il puisse gagner leur vie. C’est ce qui ne me plaît pas et qui ne m’a jamais plu dans le régime capitaliste, et c’est ce qui déplaît dans le système que l’on a maintenant en République tchèque. »
« On dit qu’il y avait le communisme, mais le communisme comme système tel quel n’a jamais existé nulle part, il n’existait pas en Tchécoslovaquie, il y avait un régime autoritaire, mais un régime qui était bon d’un point de vue social, bon pour les gens, car les gens avaient des certitudes d’avoir toujours du travail, beaucoup de choses étaient gratuites, beaucoup de choses importantes pour la vie étaient bon marché, ce qui n’existe pas, actuellement. Je connais hélas autour de moi beaucoup de gens qui disent : avant, c’était mieux. Aujourd’hui, on est plus libre, c’est vrai, il n’y a pas une telle autorité comme dans les années 1980, c’est un seul parti qui décidait, mais finalement les gens ne vivent pas mieux. C’est un problème qui me fait des soucis. En 1989, j’ai senti, j’étais persuadée que ce changement de système allait vers le capitalisme. Et ça s’est avéré vrai. Cela ne me fait pas plaisir, mais c’est comme ça».
Y a-t-il pour vous certains changements positifs quand même ?
« Il y a bien sûr beaucoup de choses que tout le monde peut voir, il y a des façades des maisons très joliment rénovées, il y a plein de nouveaux bâtiments riches, ce pays a des milliardaires, oui, on se demande comment ils ont « gagné » leurs milliards, parce que par un travail normal on ne peut pas, il y a une liberté de voyager, mais il y a des gens et on pourrait dire qu’il y en a beaucoup, qui ne voyageront pas. »
Vous sentez-vous Européenne ?
« Oui, absolument. Moi, je suis presque même pour les Etats-Unis européens, avec un bon régime social qui donnerait des certitudes sociales aux gens, avec une économie dirigée et gérée d’une certaine manière en utilisant des éléments de l’économie du marché ».