La Revue K, pour cataloguer les artistes tchécoslovaques en exil
Jusqu’au 15 mars, le DOX (Centre d'art contemporain de Prague) propose une petite exposition consacrée à la Revue K. La Revue K est, avec Svědectví côté politique, un des symboles des publications réalisées à l’Ouest avant 1989 par des figures de l’exil tchèque. Comme Svědectví de Pavel Tigrid, la revue K paraissait en France, sous la houlette de Jiří Kolář. L’artiste Roman Kameš, installé en France depuis 1973, était un de ses plus proches collaborateurs, il se souvient :
Peut-on rappeler quelle était la vocation de la Revue K ?
« La Revue K a été fondée pour cataloguer les artistes tchèques et slovaques expatriés. Jiří Kolář disait que le K voulait dire ‘katalog’ en tchèque. C’était pour cataloguer les artistes tchèques et slovaques exilés. Comme moi, en 1982, Jiří Kolář ne croyait pas non plus en la fin de l’empire soviétique. On a donc commencé à prendre contact avec des artistes. Jiří Kolář en connaissait déjà beaucoup en Allemagne, à Berlin ou à Düsseldorf. Ces artistes nous amenaient d’autres artistes. Nous avons pu finalement cataloguer plus d’une centaine d’artistes professionnels sur les pages de la Revue K, qui était au début assez modeste, imprimée en noir et blanc, avec douze pages et de format A4. Mais la plupart des artistes participants n’avaient même pas assez d’argent pour se payer de bonnes photos. On faisait ce qu’on pouvait, mais l’important c’est que nous avons découvert mais aussi rappelé l’existence d’artistes oubliés. Donc, on a fait un sacré travail. »
Aujourd’hui, qu’en est-il de la Revue K puisqu’il n’y a plus de rideau de fer ?
« Le dernier numéro de la revue trimestrielle, je l’ai fait en 1995. J’ai fait également une grande exposition. Il faut dire que depuis le milieu des années 1990 le public français ne s’intéressait plus à la dissidence tchèque et slovaque. On a eu beaucoup de ‘chance’ que les dissidents soient soutenus par de grands noms comme Jacques Derrida. Mais tout cela s’est arrêté vers le milieu des années 1990. J’ai dû me réorienter, d’autant qu’on ne découvrait plus de nouveaux artistes tchèques et paradoxalement, les artistes ne venaient plus que des séjours de bourse. »
L’exposition organisée au DOX retrace l’histoire de la Revue K. Que peut-on y voir ?
« Cette exposition est organisée par M. Hůla qui s’occupe des énormes archives d’art tchèques. Il essaye de tout centraliser et de tout numériser. Il a pratiquement tout ce que j’ai sorti. Malheureusement les revues sont encadrées donc on ne peut pas les feuilleter, mais on voit de quoi il retourne. Par la suite, il y aura une possibilité pour les chercheurs et les étudiants de tout le pays de tout consulter en bibliothèque. »