La Roumanie : terre promise pour les investissements tchèques ?

Cap aujourd'hui sur l'Europe centrale et l'évolution des perspectives économiques de la République tchèque dans la région. Nous parlerons essentiellement de la Roumanie, dernière entrée dans l'UE avec la Bulgarie. Avec une question : terrain de prédilection des délocalisations ouest-européennes, la République tchèque va-t-elle à son tour délocaliser en Roumanie ?

Dan Balanescu, premier secrétaire à l'ambassade de Roumanie à Prague invite les entreprises tchèques à s'implanter dans son pays, et donne en même temps quelques conseils pour éviter tout malentendu ! La région de la Moldava dans l'est de la Roumanie, voilà son leitmotiv. La plupart des investissements réalisés dans le pays depuis 1989 se sont concentrés dans la capitale, Bucarest et aujourd'hui, l'Est du pays connaît un fort taux de chomâge, rendant plus urgent les implantations d'entreprises.

Le taux de chomâge s'élevait à environ 5 % au début de 2007 en Roumanie, la moyenne européenne se situant autour de 7 %. Mais les diversités à l'intérieur de la Roumanie sont grandes, entre des taux autour de 2 % à l'ouest et autour de 9 % à l'est, dans la région moldave notamment.

Le 2 avril dernier, s'est ouverte à Prague la Chambre de Commerce Tchéco-roumaine, dans le but d'aider les entreprises tchèques qui souhaitent développer leur activité avec la Roumanie. Depuis 7 ans, les échanges commerciaux n'ont cessé d'augmenter entre les deux pays et une délégation d'officiels roumains devrait normalement se rendre à Prague début juin pour mettre l'accent sur les domaines stratégiques.

Photo: Commission européenne
Certains secteurs promettent un grand potentiel pour les années à venir, comme l'immobilier, la banque, les assurances et les infrastructures minières. L'autre attrait de la Roumanie consiste dans sa main d'oeuvre qualifiée dans les secteurs techniques, comme les ingénieurs. Autre avantage de taille pour des entreprises tchèques qui souhaiteraient s'implanter : des coûts de main-d'oeuvre encore faibles.

Un constat qui ne siginifie pas que la force de travail roumaine soit "corvéable à merci" ! Depuis le début des années 90, les exigences des employés ont augmenté et si les salaires restent inférieurs à la République tchèque, les travailleurs roumains veulent aussi profiter d'avantages, comme des vacances ou des ticket-restaurants.

Pour Balanescu, l'entrée de la Roumanie dans l'UE entraîne une dissociation de plus en plus grande entre politique et économie, allusion sans doute discrète à la corruption endémique qui touche le pays. Selon lui, le respect des règlements européens devraient assainir la situation économique. Pour l'instant, ce sont surtout des Roumains que l'on voit venir travailler en République tchèque, la plupart du temps dans des grandes compagnies internationales comme IBM ou Panasonic. Espérons en tout cas que les entreprises tchèques feront mieux que la compagnie Zelezarny Veseli, désormais de sinistre mémoire en Roumanie ! Rappelons les faits, plutôt insolites.

En 1998, Tepro, un fabricant de tubes d'acier basé en Roumanie orientale, est racheté par un homologue tchèque, Zelezarny Veseli. Le scandale arrive par un homme d'affaire tchèque Frantisek Priplata, qui place en action les 3 millions de dollars de bénéfices de la compagnie.

Impliqué dans une affaire de meurtre sur le sol roumain, Priplata sera retenu en prison mais s'échappera par la Hongrie voisine lors d'un transfert. Priplata a été protégé par une clause de la loi tchèque refusant l'extradiction de citoyens tchèques mais Constantin Rotaru, nouveau dirigeant de Tepro, avaient menacé d'obtenir 500 visas pour ramener, avec ses travailleurs, Priplata en Roumanie !! L'accès de la Roumanie à l'UE exaucera peut-être ses voeux !

Zoom, pour finir, sur Kofola. Cette entreprise tchèque investira-t-elle en Roumanie, on ne le sait pas encore. En attendant, Kofola, basée à Ostrava, en Moravie du Nord et fondée en Tchécoslovaquie en 1962, s'impose en Europe centrale. Le coca tchèque, une véritable curiosité, caractérisée par une forte teneur en sucre ! Sous le communisme, Kofola représentait un subsitut au Coca-cola américain. A partir des années 90, la marque perd de sa popularité. En 2002, tout a changé avec l'arrivée d'une nouvelle et ambitieuse direction.

Une toute nouvelle image, des prix d'environ 20 % inférieurs à ses concurrents et, incroyable mais vrai, Kofola s'implante en quelques années dans toute l'Europe centrale de l'ancien bloc communiste : Pologne, Slovaquie et Hongrie. Elle compte actuellement plus de 1000 employés.

La marque rentre de plein pied sur le marché slovaque, contrôlant environ 30 % du marché des boissons non alcoolisées de type coca et, en République tchèque, elle n'arrête pas d'acquérir des producteurs dans le rouge. En janvier, Kofola a ainsi acheté 80 % des parts de Green-Swan, un producteur tchèque de suppléments nutritifs.

En Pologne, Kofola Holding a signé en mars dernier, une fusion avec le troisième vendeur de boissons non alcoolisées en Pologne, Hoop. La nouvelle compagnie, qui possède des actions à la bourse de Varsovie, devrait opérer jusqu'en Russie !