La Saint-Nicolas, une tradition qui traverse la crise
Comme tous les ans, la veille du 6 décembre en République tchèque est marquée par la venue dans les villes et les familles de Svatý Mikuláš, Saint-Nicolas. Un évènement qui représente un marché de plusieurs millions de couronnes. Si la tradition ne semble pas avoir faibli en 2012, la crise qui sévit dans le pays n’a pas épargné l’économie qui en vit.
« L’année dernière des collègues sont venus, mais ils sont venus le dimanche alors que nous n’étions pas à la maison. Nous nous sommes retrouvés sans Saint-Nicolas et j’ai dû très vite trouver une solution. J’ai essayé d’avoir des places pour le théâtre, où il y avait un spectacle avec une distribution de cadeaux par Saint-Nicolas, mais c’était désespérément complet. Je n’ai trouvé aucune petite annonce dans la rue, je ne savais vraiment pas où aller et je ne voulais pas faire venir quelqu’un sans référence à la maison. »
Si les opportunités de rencontrer Saint-Nicolas peuvent paraître nombreuses avec les marchés de Noël, les spectacles dans les grands magasins et les processions organisées dans les villes, le manque de temps pose souvent problème aux familles. La tradition s’est ainsi adaptée aux temps modernes, et le choix se porte de plus en plus souvent sur le spectacle à la maison. Pourtant, ici encore, c’est la course. Impossible de célébrer la Saint-Nicolas sans les costumes, mais ceux-ci sont aussi chers qu’ils peuvent être durs à dénicher., Propriétaire du magasin de location Studio FAMOOD à Prague, Jan Janku témoigne :« L’intérêt pour les costumes de Saint-Nicolas est vraiment très grand. Surtout les deux derniers jours avant la fête. »
Les réservations de costumes de Saint-Nicolas sont souvent complètes dès le mois de septembre et les prix rebutent plus d’un client potentiel. Ceux-ci peuvent grimper jusqu’à 1000 couronnes pour un seul déguisement. Cette année, vendeurs comme loueurs accusent le coup : la crise a de nouveau atteint les fêtes. Les ventes et les locations de costumes de l’ange et du diable ont chuté, les Tchèques faisant des économies en réduisant le nombre de personnages.
Un changement qui pourrait bien, s’il perdure, bouleverser la tradition. Que serait en effet Saint-Nicolas sans la représentation du bien et du mal à ses côtés ? Pour Jaroslav Šturma, psychologue pour enfants, cette tradition conserve une réelle importance dans l’éducation et l’apprentissage du bien et du mal :« Je suis convaincu que, avant tout, cela dépend de quand et comment c’est fait. La visite de Saint-Nicolas peut être une part importante de l’éducation des enfants dans la distinction entre le bien et le mal, dans ce qu’ils voient et dans leurs propres comportements. Pour les familles, c’est aussi un instrument qui permet d’évaluer et de récompenser les enfants suivant leurs efforts. »
Plus qu’un repère pour les enfants, la Saint-Nicolas est importante dans la culture tchèque puisqu’elle marque un moment de rassemblement et de partage. Pour Jaroslav Šturma, cet évènement, tout comme d’autres du calendrier, rythme la vie des Tchèques. :
« Je pense que la division du temps selon le calendrier et les fêtes liturgiques comme Noël et Pâques est très importante, car elle aide les individus à s’orienter dans le temps. Ces moments sont importants aussi pour la culture nationale à travers le rassemblement des individus autour de notre culture et de notre langue. »
Une tradition qui reste donc bien ancrée dans la culture tchèque malgré les difficultés économiques du pays et qui annonce l’approche d’une autre fête religieuse également très populaire : Noël.