Le 5 décembre, les familles tchèques accueillent saint Nicolas et ses compagnons

Photo: Archives de Pravý Mikuláš

Si sa fête tombe le 6 décembre, c’est la veille au soir, le 5, que passe saint Nicolas dans les foyers tchèques pour distribuer menus cadeaux et friandises aux enfants. En France et en Belgique, il est accompagné du Père Fouettard, en République tchèque, un ange et un diable lui font office de compagnons. Aujourd’hui encore la tradition reste bien vivante dans le pays, même si, ici comme ailleurs, elle souffre aussi d’une importante récupération commerciale.

Photo: Archives de Pravý Mikuláš
Ce n’est pas le moindre des paradoxes : si l’on dit que les Tchèques sont le peuple le plus athée d’Europe, la ferveur avec laquelle ils anticipent et vivent les fêtes de fin d’année, chrétiennes par excellence, a de quoi surprendre. Pourtant, qu’il s’agisse de la période de l’Avent, de la Saint-Nicolas, du réveillon et du jour de Noël, toutes ces fêtes sont célébrées avec passion, comme l’a montré une étude réalisée, il y a dix ans de cela, par l’Institut national de la culture populaire, dont son directeur Martin Šimsa nous donne un aperçu :

« Cette grande étude sur les coutumes traditionnelles nous a permis de découvrir que les traditions comme la saint Nicolas ou Pâques, par exemple, étaient suivies par les deux tiers de la population tchèque. »

Dans les rues des villes de République tchèque, autour du 5 décembre, il n’est pas rare de voir défiler des saints Nicolas accompagnés d’un diable et d’un ange. Martin Šimsa rappelle les origines de saint Nicolas :

Martin Šimsa,  photo: Loreta Vašková
« Il est inspiré de l’évêque et saint, appelé Nicolas, qui a vécu en Asie mineure au premier siècle de notre ère. Il s’agissait d’un évêque qui s’occupait notamment des pauvres, leur donnait l’aumône. La légende raconte que lors de ses tournées dans la ville, il laissait une petite pièce ou de la nourriture à la fenêtre des maisons où vivaient des enfants pauvres. Sa fête tombait à cette époque à la fin de l’automne, qui était autrefois une période liée à de nombreux us et coutumes. Ainsi la tradition chrétienne de saint Nicolas s’est croisée avec des traditions préchrétiennes importantes pour les gens. »

Aujourd’hui, les familles s’offrent les services de volontaires, souvent des comédiens amateurs, qui, déguisés en saint Nicolas, en ange et en diable, font la tournée des maisons. Eva Černá est architecte, mais tous les ans au moment de la fête, elle se transforme en ange :

« En début de soirée, le 5 décembre, nous sortons tous les trois et rendons visite aux familles. Le son d’une clochette annonce notre arrivée. L’ange entre dans la maison et annonce qu’il y a un visiteur exceptionnel. C’est ainsi qu’il présente saint Nicolas. Ensuite on appelle le diable en disant ‘Diable, diable, où es-tu ?’ Il arrive toujours en dernier, pour que les enfants ne prennent pas peur. »

Photo: Archives de Radio Prague
Saint Nicolas demande en général aux enfants s’ils ont été sages, et ces derniers, quand ils ne se cachent pas dans les jupes de leur mère, ont pour tâche de réciter un petit poème…

En récompense de leur effort, ils reçoivent quelques bonbons et friandises. Et d’expérience, Eva Černá sait que tous les enfants sans exception ont été sages… au moins le jour même !

« Ce qui nous amuse le plus, c’est que les enfants les plus polissons sont en général très, très sages le 5 décembre. C’est assez incroyable. Aucun enfant n’ose faire de bêtises ce jour-là. Et quand vous les connaissez en temps normal, c’est inouï de voir comme ils se transforment soudain en petits anges ! »