La sécurité intérieure de l’Europe – le sujet d’une conférence tenue à Prague
Une conférence, qui se tiendra dans quelques jours à Prague et dont les préparatifs ont trouvé écho dans la presse, se penchera sur les menaces que fait peser l’extrémisme islamiste. Cette question a été aussi une de celles abordées dans un entretien avec une figure tchèque reconnue de l’humanitaire, Šimon Pánek. Nous vous en présenterons un extrait. Un autre sujet qui ne cesse d’alimenter la presse, la sécheresse, qui s’inscrit également dans le contexte de la diminution des terres arables. Quelques mots aussi, toujours en rapport avec la sécheresse, sur le manque de champignons dans les forêts, au grand regret de nombreux Tchèques pour lesquels leur cueillette est un des passe-temps favoris. Et, enfin, le récit d’un homme qui veut traverser l’Atlantique sur un radeau.
Du 2 au 5 septembre, Prague sera un haut-lieu de la sécurité intérieure de l’Europe, en accueillant la première édition de la Conférence Internal Security Forum qui se penchera sur les menaces de l’extrémisme islamiste. Le site ihned.cz a donné la parole à Jakub Janda du think-tank Les valeurs européennes qui est le promoteur de cet événement et qui a précisé :
« Il existe en Europe des conférences qui sont consacrées à la sécurité extérieure, mais il n’y a pas de forums pour se pencher sur la sécurité intérieure. Et ce sont pourtant les menaces intérieures qui augmentent : une migration en masse non contrôlée et l’islamisme radical à l’intérieur de l’Europe. »La première partie de la conférence sera consacrée à un débat ouvert, en présence, par exemple, du chef de l’Europol Rob Wainwrigt, tandis que la deuxième partie qui sera fermée au public sera réservée à la formation d’une vingtaine d’experts sécuritaires des pays du groupe de Visegrád. Parmi les intervenants au débat figurera le député Ivan Gabal, en charge des questions sécuritaires, qui se félicite de la tenue de cette conférence car, selon ses paroles citées sur le site ihned.cz, un débat stratégique sur les menaces intérieures fait en ce moment défaut.
Šimon Pánek ne craint pas une prétendue « islamisation » de l’Europe
L’avant-dernière édition de l’hebdomadaire Respekt a publié un entretien avec Šimon Pánek, 47 ans, qui gère la plus importante organisation humanitaire tchèque, People in Need (Člověk v tísni). Répondant à toute une série de questions relatives aux migrations vers l’Europe, il s’est entre autres exprimé sur les craintes qui semblent gagner du terrain au sein de la société tchèque, en disant :
« Ces craintes sont nourries par les médias, par les réseaux sociaux qui prolifèrent des mensonges et des non-sens, pendant que les politiciens n’y réagissent pas de façon appropriée. Au cours des dernières années, près de deux millions de ressortissants étrangers venaient annuellement en Europe. Il ne s’agit pas seulement de réfugiés, mais de migrants, parmi lesquels les réfugiés ne représentent qu’un quart du nombre total. Les autres, ce sont les gens qui viennent pour des raisons professionnelles ou pour rejoindre leurs familles, des étudiants. Et même si, au cours des trois dernières années, le nombre de réfugiés est en hausse, dans le contexte de la totalité des personnes qui viennent en Europe, cela ne joue pas un très grand rôle. Evidemment, les craintes de l’inconnu sont naturelles. Mais les politiciens sont appelés à les apaiser. Le débat sur cette question est chez nous beaucoup plus hystérique qu’en Allemagne qui a délivré l’année dernière 170 000 demandes d’asile, tandis que chez nous il n’y en avait qu’un millier. »« Je ne crains pas « l’islamisation » de l’Europe », indique enfin Šimon Pánek expliquant pourquoi :
« Il y a vingt millions de musulmans qui vivent en Europe, ce qui représente 4% de l’ensemble de la population de l’Union européenne. Les études révèlent que les inquiétudes en rapport avec leur natalité ne sont pas justifiées, car s’agissant de la deuxième ou de la troisième génération de ces personnes, celle-ci est en baisse considérable, se rapprochant de la natalité moyenne des Européennes. Or, il y a des problèmes avec l’intégration, il est vrai, mais une « islamisation » de l’Europe n’est pas source de mon inquiétude. »
La sécheresse dans le contexte de la diminution des terres arables
La diminution des terres arables est le sujet d’un texte publié dans l’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny. Son auteur, Jaroslava Janků, de l’Université d’agriculture de Prague constate que la sécheresse que l’on ne cesse d’évoquer dans les médias ne constitue un véritable problème que dans le contexte de la protection insuffisante des terres arables. Elle explique pourquoi :« Les conséquences de la sécheresse causées par une quantité insuffisante de pluie, problème qui pourtant existait déjà dans le passé, n’ont jamais été aussi lourdes qu’aujourd’hui : des ruisseaux desséchés, une terre fissurée, le tarissement des eaux souterraines. On peut estimer que, outre des températures particulièrement élevées, cet état de choses est lié à une occupation irresponsable et permanente des terres, car de ce fait, l’eau n’a pas assez d’espace pour être absorbée. On oublie que les terres possèdent une capacité de rétention. »
L’auteur de l’article remarque que les efforts en vue de la protection des terres arables et agricoles déployés par des pédologues, des écologistes, des agriculteurs, des biologistes, ainsi que par des philosophes et certains journalistes qui tiennent compte de l’importance et du caractère irremplaçable des terres, se heurtent aux intérêts d’investisseurs, de constructeurs et d’une partie du monde politique. Et de s’interroger en conclusion jusqu’à quand, face à une source desséchée d’eau potable, les décideurs vont ridiculiser tous ces efforts.
L’hebdomadaire Respekt a également consacré un texte à ce sujet impliquant quelques données :
« A cause des changements climatiques, d’ici la fin de ce siècle, le réchauffement de la Tchéquie sera plus marquant que la montée moyenne des températures à l’échelle mondiale, en raison de la situation géographique du pays. Les hydrologues prévoient pour leur part que le manque d’eau ne touchera pas la Tchéquie d’une manière continue, mais de toute façon ce phénomène se manifestera plus souvent que jusqu’ici. »
Cet été, la Tchéquie en manque de champignons
A la différence de l’année écoulée qui a connu un été pluvieux et humide, cette saison estivale particulièrement sèche ne profite pas aux champignons. Les mycologues vont jusqu’à constater que de ce point de vue, elle n’a pas eu au cours des décennies écoulées de précédent. Le site lidovky.cz a à ce sujet détaillé :« Même les pluies qui ont finalement arrosé pendant deux ou trois jours les forêts n’ont pas stimulé la pousse de champignons. Or, les forêts qui dans des conditions normales en abondent demeurent tout à fait vides les champignons vénéneux sont eux-mêmes absents. Les experts craignent qu’à cause de la longue canicule et de la sécheresse persistante pendant les vacances, le mycélium ait pu être à de nombreux endroits entièrement anéanti. Il y a donc lieu de supposer que cette année, les champignons ne vont pas pousser en Tchéquie du tout. »
On rappellera que les Tchèques sont connus pour être de grands amateurs de cueillette de champignons qui est un de leurs passe-temps favoris. Selon le site lidovky.cz, une telle situation s’est déjà produite en 2003. Toutefois, à cette époque-là, un automne particulièrement généreux en champignons a largement compensé leur absence durant les mois de juillet et d’août. Un réconfort et un espoir pour les ramasseurs de champignons locaux, ainsi que pour les organisateurs de traditionnelles expositions automnales de champignons qui pourraient se voir obligés de les supprimer.
En radeau à travers l’Atlantique
L’homme qui veut arrêter le temps. C’est ainsi que l’hebdomadaire Respekt décrit le sexagénaire Jozef Boháč qui a décidé, il y a trois ans, de changer sa vie de fond en comble. Il s’agit d’un ancien marin qui a derrière lui plusieurs traversées en bateau en Méditerranée et dans les Caraïbes et qui veut désormais traverser l’Atlantique depuis l’Europe jusqu’au littoraux de l’Amérique sur un radeau qu’il a lui-même construit. L’article de la plume de Lucie Kavanová indique également :« S’il réalise son rêve, Jozef Boháč sera le premier homme au monde à avoir réussi un tel exploit. Ce projet hors du commun se heurte pourtant à plusieurs écueils. Le plus grand défi, c’est de trouver les membres de l’équipage qui devrait compter au moins trois personnes prêtes à y consacrer environ six mois de vacances. Le manque de moyens financiers permettant de mettre cette mission sur pied constitue un autre problème grave. »
D’après ce qu’il a déclaré pour l’hebdomadaire Respekt, Jozef Boháč ne semble pas pourtant pressé. S’il n’arrive pas à partir encore cette année, il est prêt à le faire dans deux ou trois ans. En attendant, son colosse de quelque quatorze tonnes se repose sur le lac de Lipno dans le sud de la Bohême.