La Semaine de la liberté, pour rappeler les événements de 1991

Photo: www.oponaops.eu

C’est par l’installation, lundi dernier, au bord de la rivière Vltava, du fameux char soviétique peint en rose qu’a commencé à Prague la Semaine de la liberté. Conférences, débats, expositions et projections de films sont à l’affiche de cette manifestation qui, jusqu’au 1er juillet, rappelle deux événements majeurs du début d’été 1991 : la fin du Pacte de Varsovie et le départ des derniers soldats soviétiques de l’ex-Tchécoslovaquie.

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Erigé sur un piédestal, sur l’ancienne place Štefánik, dans le quartier pragois de Smíchov, le char soviétique n° 23 symbolisait, sous le communisme, la libération de Prague par l’Armée rouge. Dans la nuit du 27 au 28 avril 1991, il a été peint en rose par le jeune plasticien David Černý, le même artiste qui allait créer, en 2009, la sculpture géante Entropa, une œuvre choc qui a fait scandale lors de la présidence tchèque de l’UE. Repeint en kaki, puis à nouveau en rose, le char a été placé au musée de l’Armée de Lešany. L’association Opona, (en français Rideau), principal organisateur de la Semaine de la liberté, l’a ressorti du musée à l’occasion du 20e anniversaire du départ des troupes soviétiques de l’ancienne Tchécoslovaquie. Cette curiosité a été installée sur une péniche, à proximité du pont Charles, où elle est à voir jusqu’au 1er juillet prochain. Pavla Kantnerová, de l’association Opona, explique :

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« Nous avons voulu placer le char en haut de la place Venceslas, car c’est un lieu symbolique pour les Tchèques. Mais cela n’était pas possible pour des raisons techniques. Le char pèse 42 tonnes et la grue qui devait le poser à l’endroit où il allait être exposé est à peu près du même poids. Ces deux engins risquaient de s’enfoncer dans le métro. Nous avons donc placé le char dans le quartier de la Vieille-Ville qui est un endroit tout aussi symbolique. »

Aujourd’hui comme au début des années 1990, le char rose fait débat… Pavla Kantnerová :

« Les réactions des Tchèques sont contradictoires, mais en général, l’écho est plutôt positif. Les étrangers qui le voient ne savent souvent pas de quoi il s’agit. Evidemment, le char éveille leur curiosité, et quand on leur raconte son histoire, ils disent que c’est un joli symbole de la fin de l’occupation soviétique. »

Ces derniers jours ont été inaugurées dans le cadre de la Semaine de la liberté deux expositions de photographies et de dessins : l’une est consacrée aux dissidents biélorusses, l’autre, inédite en République tchèque, révèle les conditions inhumaines dans les camps de travail nord-coréens où sont envoyés les prisonniers politiques. Pavla Kantnerová :

« La première exposition présente douze portraits de gens qui s’opposent activement au régime d’Alexandre Loukachenko. Nous voulions montrer par-là comment certains Tchèques auraient pu vivre aujourd’hui si notre pays avait pris une autre direction après la révolution de velours. Quant à l’exposition sur les camps de concentration nord-coréens, nous l’avons mis en place en partenariat avec l’organisation sud-coréenne Free The NK Gulag. La plupart de ses membres ont quitté la Corée du Nord, certains ont réussi à s’échapper de ces prisons. Leur objectif est d’informer le public de la situation réelle en Corée du Nord. Le régime nord-coréen nie l’existence de ces camps, même s’ils ont été photographiés par satellite. Nous exposons les dessins des anciens prisonniers politiques qui racontent la vie de tous les jours dans les camps, où il est interdit de prendre des photos. »

Une conférence internationale consacrée à la fin du Pacte de Varsovie aura lieu, toujours dans le cadre de la Semaine de la liberté, lundi et mardi prochains au ministère tchèque des Affaires étrangères. De nombreuses personnalités y seront présentes : parmi elles, Václav Havel et Jean-Pierre Chevènement. L’un des principaux acteurs de cette époque, l’ex-ministre tchécoslovaque des Affaires étrangères, Jiří Dienstbier, décédé au début de cette année, sera le grand absent de cette rencontre…

Enfin, ce week-end aura lieu à Prague le festival de musique United Islands of Prague, co-organisé par l’association Opona. Pavla Kantnerová :

Porno Para Ricardo
« Je voudrais surtout inviter au concert du groupe Porno Para Ricardo qui est, depuis longtemps, pointé du doigt par les autorités cubaines. Malheureusement, nous ne pourrons accueillir que le leader du groupe qui vit au Mexique. Les autres musiciens n’ont pas obtenu l’autorisation de quitter Cuba. Mais Gorki Aguila se fera accompagner, cette fois, par le groupe tchéco-lituanien Alaverdi. »

Plus de détails sur la programmation de la Semaine de la liberté au www.oponaops.eu