La Semaine de l'éco
Retour sur l'actualité économique de la semaine
Le directeur de la Banque d’exportation tchèque a démissionné
Le directeur de la Banque d’exportation tchèque (ČEB), Jiří Klumpar, a démissionné de son poste vendredi dernier sous l’impulsion du ministre de l’Industrie et du Commerce, Jan Mládek, (ČSSD) ainsi que du ministre des Finances, Andrej Babiš (ANO). Les hommes politiques ont critiqué Jiří Klumpar pour avoir proposé la création d’une banque de consolidation pour gérer les créances à risque à hauteur de 16 milliards de couronnes (592 000 euros) que détient la ČEB en ce moment.La Banque d’exportation tchèque, photo: Google MapsLa Banque d’exportation tchèque, photo: Google Maps En 2013, la Société de garantie et d’assurance des exportations (EGAP), une institution associée à la ČEB, a assuré 157 projets commerciaux dans 39 pays au total dont la valeur égale 63 milliards de couronnes, soit 2,3 milliards d’euros. La plupart du temps ces financements étaient à destination de la Russie, de l’Azerbaïdjan et de la Turquie. En effet, le système d’assurance de la compagnie nationale EGAP est essentiellement utilisé par les entreprises à l’occasion d’exportations vers des pays à risque, où il est fréquent que les biens et services vendus soient impayés.
Néanmoins, la gestion de ces assurances s’est parfois faite de manière opaque, raison pour laquelle la police enquête actuellement sur un éventuel détournement des aides aux exportations tchèques, surtout vers la Russie, mais aussi vers les pays du Caucase ou de l’Afrique du Nord. Déjà en 2012, un rapport de l’Office suprême de contrôle tchèque (NKÚ) a révélé des manquements dans neuf dossiers de la Banque d'exportation tchèque (ČEB). Selon les conclusions du rapport, plusieurs milliards de couronnes ont été versés dans des investissements douteux qui ne remplissaient pas les conditions requises.
Ainsi, la démission du directeur de la ČEB après deux ans au poste intervient dans un contexte tendu. Les deux ministres ont annoncé que Jiří Klumpár a dépassé le cadre de ses fonctions en proposant la création d’une banque de consolidation à partir d’une partie de la ČEB. Ce dernier a néanmoins déclaré qu’il considère avoir accompli les tâches qu’il s’était données au moment de son accession au poste de directeur de la ČEB. Karel Bureš, qui lui succède, est expérimenté dans la gestion des situations tendues car il a occupé le poste de directeur de crise de la banque HSBC en Russie avant d’intégrer le comité d’administration de la ČEB au mois de janvier 2014.
En augmentation en 2015, le salaire minimum tchèque restera l’un des plus faibles d’Europe
Les travailleurs qui touchent le salaire minimum gagneront 500 couronnes (environ 18,50 euros) supplémentaires à partir de janvier 2015. Représentants du syndicat, du patronat et du gouvernement se sont en effet mis d’accord pour que ce salaire atteigne 9000 couronnes (à peu près 333 euros) l’an prochain. Malgré cette hausse, qui devrait concerner quelque 100 000 salariés, ce minima social restera l’un des plus faibles en Europe.
Photo: Barbora KmentováPhoto: Barbora Kmentová Pour que cette mesure devienne réalité, le gouvernement dans son ensemble doit encore se prononcer en sa faveur. Le premier ministre Bohuslav Sobotka souhaite que ce soit le cas, ce qui permettrait aux sociaux-démocrates, dont il est également le leader, de respecter une de leurs promesses électorales formulées dans le cadre du scrutin législatif d’octobre dernier.
La dernière valorisation du salaire minimum déjà de l’ordre de 500 couronnes avait été décidée en août 2013. Depuis 2007, il n’avait plus évolué sous les gouvernements dominés par le parti civique-démocrate ODS. Ce sont d’ailleurs les représentants de cette formation libérale en perte de vitesse qui se font le plus entendre pour critiquer la hausse du salaire minimum, dont certains critiquent le principe même. Les conservateurs de TOP 09, avec lesquels ils ont dirigé le pays, sont également opposés à la mesure préconisée par les sociaux-démocrates. Pour l’ancien ministre des Finances, Miroslav Kalousek, il s’agit d’un pas malheureux qui va compliquer aussi bien la vie des employeurs que celle des employés, qui se selon lui se retrouveront au chômage après cette revalorisation de 18,5 euros.
Pourtant le salaire minimum en République tchèque sera toujours l’an prochain l’un des plus faibles en Europe, où seules la Bulgarie, la Lituanie et la Roumanie font moins bien. Surtout ce salaire restera inférieur au seuil de pauvreté qui s’établit à 9 600 couronnes (près de 355 euros) en République tchèque. Ainsi, ceux qui le touchent, environ 2% de la population active, resteront des travailleurs pauvres. Aussi, la ministre du Travail Michaela Marksová a annoncé la semaine passée son intention de voir le salaire minimum porté à 12 000 couronnes (435 euros) quand l’action du gouvernement prendra fin.
Industrie laitière : stagnation de la consommation en 2013
Depuis quelque temps, dans certains pays comme la France, se pose la question de savoir si le lait est bon ou mauvais pour la santé. En République tchèque, chiffres à l’appui, le débat ne soulève pas (encore) les passions. Ainsi, la consommation de produits laitiers a stagné en 2013 avec 234 kilos par personne. Même si le lait est bien ancré dans les habitudes alimentaires des Tchèques, cette tendance s’explique notamment par la hausse des prix enregistrée.
En 2013, 41 % des produits laitiers consommés provenaient de l’étranger, un chiffre semblable à celui de 2012. Ce sont essentiellement des fromages, du lait fermenté et du beurre que les Tchèques ont importés. La production locale doit faire face à la forte concurrence de produits moins chers en provenance notamment de l’Allemagne, de la Belgique et de la Pologne. A en croire la Fédération de l’industrie laitière de Bohême et de Moravie (ČSM), la qualité de ces produits ne serait cependant pas toujours optimale ; un élément dont un certain nombre de consommateurs tchèques, aux fins de mois souvent difficiles, n’ont visiblement cure.
La hausse des prix de ces différents produits est d’abord la conséquence de l’augmentation des prix du lait cru. Le prix d’achat de ce dernier a ainsi progressé d’environ 20% entre janvier et décembre derniers, soit une augmentation de 11% par rapport à 2012. Autre facteur possible de la stagnation constatée: le temps relativement chaud, la chaleur ne favorisant pas la consommation du lait.
Avec 16,3 kilos par personne, un chiffre proche de la moyenne européenne (17 kilos), la consommation de fromage et de fromage blanc a diminué de 500 grammes par rapport à 2012. En revanche, les Tchèques apprécient le beurre et sont même des consommateurs au-dessus de la moyenne avec 5,1 kilos contre 3,6 à l’échelle de l’UE.
La production de lait, elle, a légèrement augmenté avec 2,77 milliards de litres, dont 1,08 milliard ont été exportés, en grande partie vers l’Allemagne voisine qui propose des prix plus intéressants que les laiteries et crémeries tchèques. Inversement, 898 millions de litres ont été importés selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Agriculture. Pour cette année, les producteurs tchèques pourraient néanmoins profiter de la dévaluation de la couronne vis-à-vis de l’euro décidée à l’automne dernier par la Banque nationale (ČNB). Une intervention qui devrait entraîner une hausse des prix des produits importés et inversement favoriser les exportations.
2,5% au premier trimestre 2014 : la croissance de l’économie tchèque supérieure aux prévisions
En hausse de 2,5% pour le premier trimestre 2014 par rapport à la même période l’année précédente, la croissance de l’économie tchèque a été supérieure aux prévisions. Il s’agit de la croissance la plus élevée depuis trois ans, bien que le produit intérieur brut (PIB) tchèque reste inférieur à son niveau de l’automne 2011, quand a débuté la plus longue récession de l’histoire de ce jeune pays.
Alors que l’Office tchèque des statistiques tablait sur une croissance de 2%, celle-ci s’est finalement établie à 2,5% sur un an, en hausse de 0,4% par rapport au trimestre précédent. Le PIB tchèque a donc crû à la même vitesse que celui de l’Allemagne. La République tchèque est très dépendante économiquement de son voisin allemand et l’Office tchèque des statistiques attribue d’ailleurs largement la relative vitalité retrouvée de l’économie tchèque au niveau des exportations et des importations.
Les échanges avec l’étranger ont en effet augmenté d’environ 10% en an et de 5% par rapport au trimestre précédent. Plus spectaculaire, la balance du commerce extérieur des biens et des services a bondi de 47% en un an. Certains, comme l’économiste Jan Bureš, estiment que cette croissance est à mettre partiellement au crédit de la dévaluation de la couronne tchèque décidée en novembre dernier par la Banque nationale tchèque (ČNB).
Parallèlement, la plupart des indicatifs de l’économie sont plutôt au vert puisque la consommation a augmenté de 4,9% en avril, un chiffre quasiment similaire à celui enregistré au mois de mars. Des données boostées entre autres par la croissance du secteur automobile et de celui de la vente en ligne. Au premier semestre de cette année, le salaire mensuel moyen a également crû pour atteindre 24 806 couronnes (environ 902 euros), une augmentation de près de 793 couronnes (environ 29 euros) et de 3,3 % par rapport à la même période en 2013.
L’Office tchèque des statistiques pense que l’économie tchèque devrait continuer sur sa lancée au cours de l’année et rattraper son niveau d’avant-crise. Le chômage, bien qu’en baisse au mois d’avril, reste à des niveaux inquiétants (7,9%) avec 575 000 personnes sans travail en République tchèque.
Un audit dans six ministères révèle des dysfonctionnements
Les résultats de l’audit demandé rapidement après la prise de fonction du gouvernement de Bohuslav Sobotka au début de l’année par le ministre des Finances Andrej Babiš ont été dévoilés ce jeudi. Réalisé dans les six ministères dont ont la responsabilité des membres de son mouvement ANO, il révèle un certain nombre d’irrégularités qui aurait fait perdre à l’Etat tchèque plusieurs millions d’euros chaque année.
Andrej Babiš, homme d’affaires milliardaire dans le domaine de l’agroalimentaire, a toujours annoncé sa volonté de conduire les affaires de l’Etat « comme on gère une entreprise », d’où cet audit mené à bien dans son ministère des Finances, mais aussi au Développement régional, aux Transports, à la Justice, à l’Environnement et à la Défense. Un audit qui révèle que, par le passé, de nombreux contrats passés par ces différents portefeuilles ont causé un préjudice au budget de l’Etat, un préjudice évalué à 16 milliards de couronnes (590 millions d'euros).
En conférence de presse jeudi, Lukáš Wagenknecht, l'adjoint du ministre des Finances, a ainsi fait état de nombreux dysfonctionnements. Des contrats publics ont ainsi été signés à des prix inférieurs à ceux du marché. D’autres l’ont été avec des entreprises placées en liquidation judiciaire ou ne dénombrant aucun employé.
Tandis que le ministère de la Défense a dépensé 400 000 couronnes (environ 14 500 euros) pour renouveler son parc de voitures Škoda Octavia, le ministère de l’Environnement a fait l’acquisition des mêmes véhicules, sensiblement à la même période, pour un coût de 600 000 couronnes par engin (près de 21 800 euros). M. Babiš s’est dit choqué que dans son ministère, où sont employées 1500 personnes, il y avait aussi 1500 imprimantes et qu’une centaine d’ordinateurs parfaitement fonctionnels prenaient la poussière dans les sous-sols du bâtiment.
Pour Lukáš Wagenknecht, il serait possible de réaliser jusqu'à 227 millions de couronnes d'économies (environ 8,3 millions d'euros) chaque année en corrigeant les erreurs relevées.