La semaine de l'éco

Retour sur l'actualité économique de la semaine écoulée.

La TVA sur les médicaments pourrait être abaissée à 5%

Photo: Archives de Radio Prague
C'était l'une des promesses de campagne des sociaux-démocrates et c'est l'un des volets du programme politique de la coalition gouvernementale qu'ils forment avec le mouvement ANO et les chrétiens-démocrates : rendre le système de santé plus abordable. Pour cela, deux mesures sont envisagées, toutes deux modifiant des lois passées par le gouvernement de droite de Petr Nečas. La première consiste en la suppression de différents frais de santé et notamment les frais d'hospitalisation, annulée de toute façon en janvier dernier par la Cour constitutionnelle. La seconde est de baisser le taux de TVA pratiqué sur les médicaments, une baisse qui, selon le ministre des Finances Andrej Babiš, pourrait être plus élevée que prévu.

Alors que le ministère projetait d'appliquer un taux de TVA de 10% sur les médicaments, il est désormais question d'un taux de 5%, ce qui permettrait d'alléger la facture pour de nombreux Tchèques. La moitié de population tchèque suit en effet un traitement thérapeutique. Passé 50 ans, les trois quarts de la population utilisent quotidiennement des médicaments. C'est également le cas pour la quasi intégralité des personnes de plus de 70 ans.

Andrej Babiš considère toutefois qu'une baisse de la TVA à un taux de 5%, qui pourrait également concerner les livres et les biens pour la petite enfance, doit être conditionnée à l'assurance que les sociétés pharmaceutiques n'en profiteront pas pour réaliser une marge supplémentaire. Pour les médicaments soumis à réglementation, ce problème ne se pose pas puisque le prix maximal et la marge sont fixés. Mais ces limites n'existent pas dans la loi pour les médicaments vendus librement.

L'opposition s'est pour sa part clairement prononcée contre cette mesure. Pour le conservateur Miroslav Kalousek (TOP 09), ancien ministre des Finances qui avait lui-même supprimé un pallier de TVA et augmenter les taux restants, remettre en place un taux de 5% est un pas en arrière. Selon lui, cela implique une charge de travail administratif supplémentaire et cela ouvre un nouvel espace pour la fraude fiscale. Il ajoute que le manque à gagner pour l'Etat s'éleverait annuellement à environ huit milliards de couronnes (moins de 300 millions d'euros).

Les ventes de vélos artisanaux tchèques se portent bien

Ces dernières années, les produits de haute qualité et de design unique faits à la main représentent une tendance à la hausse. Les entreprise tchèques ne restent pas à la traîne, et ce notamment dans la fabrication de vélos. Il s’agit d’une bonne opportunité à l’exportation, qui est pleinement utilisée par un fabricant tchèque de trottinettes et par certains fabricants de bicyclettes ; un succès tchèque qui a été démontré au salon international de vélos artisanaux aux États-Unis, qui s’est tenue du 14 au 16 mars dernier, dans la ville de Charlotte, en Caroline du Nord.

A l’occasion de ce salon international NAHBS 2014 (North American Handmade Bicycle Show), la jeune marque tchèque Festka Bicycles, qui se consacre pleinement à la conception originale de vélos de haute qualité fabriqués à la main, et d’accessoires sur mesure, a présenté non seulement de nombreuses nouveautés mais aussi un cadre de vélo en fibre de carbone pleinement fonctionnel Urban Zero, issu de l’atelier de designers et illustrateurs Tomski&Polanski.

L’objectif fixé était de construire un vélo léger, facile d’entretien, et idéal pour se rendre au travail. Le vélo Urban Zero a ainsi été adapté pour une utilisation en ville et pour les adeptes du « single speed » ou monovitesse. Le vélo se met en marche grâce à une courroie, ce qui en fait une bicyclette très silencieuse. Urban Zero conserve ses capacités de vélo de course et est très résistant aux dommages mécaniques. La technologie utilisée, qui est le résultat de plusieurs années de recherches et d’analyses, peut fournir jusqu’à 15% de solidité de plus et une résistance des matériaux de plus de 40%, dans la mesure où la solidité contribue à la hausse de la vitesse, et la résistance des matériaux évitent la torsion et les dommages mécaniques du cadre.

Pour la conception de ce vélo, le duo de designers Tomski&Polanski s'est inspiré de la vitesse du vent, en plaçant le flux de l’air, la puissance de l’élément naturel, comme thème de base pour la création artistique du cadre, dont les couleurs ne cessent de varier ; une combinaison de couleurs qui rappelle non seulement la bande dessinée d’un super-héros américain, mais aussi les couleurs du drapeau national tchèque.

C’est le duo de jeunes designers tchèques, Lukáš Tomek et Ilona Polanská, qui se cache sous la marque Tomski&Polanski. Ils combinent leur imagination avec la volonté d’apporter des réponses aux réalités du monde extérieur. Leurs derniers travaux sont des illustrations réalisées pour le film The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. Le duo Tomski&Polanski offrent également une collection limitée de vêtements de cyclisme placée sous le nom de High Voltage.

Amazon n'investira pas à Brno

La société Amazon n’investira finalement très probablement pas en République tchèque. Le leader mondial de la distribution sur Internet entendait installer un centre de distribution de 95 000 m2 à Brno. Mais suite au refus du projet, il y a deux semaines, par la municipalité de la capitale morave, l’entreprise américaine a annoncé, ce mercredi, qu’elle renonçait à la République tchèque et étudiait d’autres solutions en Europe centrale. Une décision vivement regrettée par les responsables politiques tchèques, alors que le pays possède un nombre record de chômeurs.

Il y a déjà eu trois refus des conseillers municipaux de Brno et il n’y en aura pas de quatrième. « Nous respectons la décision de la municipalité. Pour l’heure, nous n’entendons plus réaliser notre projet d’investissement à Brno. Nous analysons d’autres possibilités en Europe centrale », a expliqué le directeur d’Amazon en Europe, Tim Collins. Selon celui-ci, la vitesse à laquelle le centre de distribution pourra être construit constituera l’élément-clef qui fera pencher la balance en faveur d’une localité plutôt que d’une autre. A ce titre, le directeur d’Amazon a cité la Pologne, où trois centres logistiques sont en cours de construction ou le seront très prochainement. Il a cependant également rappelé que cette réorientation géographique ne remettait nullement en cause l’installation de l’entrepôt de distribution à Dobrovíz, dans les environs de Prague. L’ouverture de cet entrepôt lui aussi de 95 000 m2 est prévue pour la fin de l’été 2015. Environ 1 500 personnes y seront employées et même jusqu’au double lors des fêtes de fin d’année.

A Brno, la société américaine entendait investir environ 100 millions d’euros et employer jusqu’à 1 500 personnes. Toutefois, le conseil municipal avait, lors d’un vote le 18 mars dernier, rejeté le projet ; une décision motivée, selon les conseillers, par des irrégularités au niveau du plan d’aménagement de la ville.

Suite à ce « non » définitif, d’autres villes et régions tchèques avaient manifesté leur intérêt pour accueillir ce centre de distribution, notamment la Moravie du Sud qui avait proposé des terrains à proximité de l’aéroport de Brno. Toutefois, d’une superficie de seulement 75 000 m2, la localité, trop petite, ne répondait pas aux besoins d’Amazon.

L’annonce de la décision d’Amazon a notoirement déçu les responsables du gouvernement tchèque. Le ministre des Finances, Andrej Babiš, a ainsi qualifié « d’absurde » la décision du conseil municipal de Brno, alors que le gouvernement s’efforce d’attirer des investisseurs étrangers en République tchèque. « C’est une situation qui est bien entendu très fâcheuse, a pour sa part réagi le vice-Premier ministre chrétien-démocrate Pavel Bělobrádek, car c’est un signal négatif qui est envoyé aux autres investisseurs potentiels ».

Bohuslav Sobotka se défend de toute irrégularité dans la vente par l’Etat de la société minière OKD

La société minière OKD (Ostravsko-karvinské doly), une des plus grandes de République tchèque, active dans la région de Moravie-Silésie, a été cédée par l’Etat en 2004 au prix de 4 milliards de couronnes (150 millions d’euros selon le cours actuel de la couronne) principalement au groupe Karbon Invest, alors que sa valeur était estimée à environ 10 milliards de couronnes (360 millions de couronnes) ! Et selon le quotidien Mladá fronta Dnes, l’actuel Premier ministre Bohuslav Sobotka aurait joué un rôle important dans cette privatisation, puisqu’à l’époque il était ministre des Finances. L’intéressé se défend de toute malversation.

Pourtant en 2006, le ministère des Finances, dirigé donc depuis 2002 par Bohuslav Sobotka, avait encore la possibilité d’annuler la vente de près de 46% des actions de la firme OKD au groupe Karbon Invest et ainsi de limiter les pertes pour l’Etat. La Commission européenne s’est en effet intéressée au prix de vente de ces actions. Or dans un document destiné à Bruxelles et dont l’entête fait mention de « Bohuslav Sobotka, ministre des Finances », les désavantages pour l’Etat tchèque auraient été cachés au profit du groupe Karbon Invest.

L’actuel Premier ministre affirme qu’il n’a pas travaillé sur ce dossier pour la Commission européenne, signé par son adjoint Eduard Janota. De plus, selon lui, l’Etat a vendu la société OKD conformément au prix du marché. Enfin, Bruxelles n’aurait pas constaté d’irrégularité.

Une défense qui ne satisfait pas l’opposition et notamment le vice-président du parti conservateur TOP 09, Miroslav Kalousek, qui considère qu’Eduard Janota, décédé depuis, était placé sous l’autorité de Bohuslav Sobotka et qu’en conséquence c’est lui qui assumait la responsabilité des documents émis par le ministère des Finances. Un point de vue partagé par Andrej Babiš, l’actuel ministre des Finances dans le gouvernement de Bohuslav Sobotka et propriétaire du journal Mladá fronta Dnes, lequel publie ces informations.

Prévisions du taux d’occupation des hôtels à Prague

Sur le classement des villes européennes, qui peuvent se vanter de la plus grande fréquence des chambres d’hôtels, Prague fait partie du top 10. Sur l’année 2013, le taux d’occupation des hôtels pragois a atteint les 70%, selon l’étude PricewaterhouseCoopers European cities hotel forecast.

Cette étude prévoit notamment un taux d’occupation des chambres d’hôtels à un niveau similaire pour les deux années à venir. Alors que le nombre de touristes en provenance du sud de l’Europe est en baisse, celui qui concerne les visiteurs de Russie et d’Asie est en hausse. Le développement économique des pays asiatiques pourrait considérablement accroître le nombre de touristes de cette région.

Le taux d’occupation d’hôtels le plus élevé reste à Londres, où il avait été de 82% l’année dernière. Seule la capitale française, qui est suivi de près par la ville d’Édimbourg a dépassé, avec Londres, le seuil des 80%. La capitale tchèque se situe quant à elle dixième du classement, tout juste derrière Vienne. La société d’audit PricewaterhouseCoopers prévoit pour 17 de 18 villes européennes, une augmentation de la performance économique en moyenne.

Le prix moyen d’une chambre d’hôtel à Prague s’est élevé à 1840 couronnes, soit 68 euros, en 2013, mais selon les prévisions il devrait croître de 1,4% cette année, et de 2,8% en 2015. Il restera néanmoins, le prix moyen le moins élevé de tous les dix-huit pays observés, dans la mesure où l’intervention de la Banque nationale tchèque a fait considérablement diminuer pour les étrangers le prix des hébergements.

Une autre étude réalisée par le société Labartt Hospitality révèle que le taux d’occupation a été particulièrement prononcé pour les hôtels 5 étoiles. Les hôtels de catégorie inférieure n’ont toutefois pas bénéficié de cette hausse. Si le prix d’hébergement dans les hôtels pragois est habituellement évalué en euros, tous les frais de fonctionnement de l’hôtel sont payés en couronnes tchèques. Ainsi, après l’affaiblissement de la couronne tchèque, l’hôtel gagne pour le prix d’une chambre en euros, plus de couronnes tchèques.

En 2013, le taux de fréquence moyen des chambres d’hôtels a ainsi presque atteint le taux de l’année 2007. Selon l’étude de la société de conseil Labartt Hospitality, l’ambiance sur le marché hôtelier est optimiste et les hôteliers s’attendent à des résultats positifs pour cette année, dans la mesure où l’ouverture de plusieurs nouveaux hôtels, avec plus de 500 chambres, est prévue prochainement au centre-ville dans la capitale tchèque.