La situation est toujours orageuse à la Télévision tchèque

Même le premier médiateur de la République, Otakar Motejl, soutient les revendications des employés de la Télévision tchèque demandant le départ du directeur général, tout juste nommé. Quelle est donc la raison de ce tollé de protestations ? Un sujet présenté par Alain Slivinsky.

La vague de protestations contre la nomination du directeur général de la Télévision tchèque, deux chaînes publiques, est descendue, jeudi, dans les rues des grandes villes tchèques. Sur la place Venceslas, à Prague, plusieurs centaines de personnes ont manifesté, demandant la révocation du nouveau directeur de la Télévision et du Conseil de la Télévision tchèque qui l'a nommé. Des manifestations semblables ont eu lieu à Brno et à Ostrava, grandes villes de la Moravie, et sièges des studios régionaux. Dans les 10 000 personnes ont signé, dans la journée de jeudi, une pétition revendiquant le départ du nouveau directeur général, Jiri Hodac, et des membres du Conseil. Une partie des employés de la Télévision tchèque a demandé, lors d'une rencontre avec le directeur, sa démission. Qu'est-ce qui se passe donc au sein du plus important média tchèque ? On reproche au Conseil de la Télévision d'être sous l'influence des milieux politiques. Le choix du directeur a été trop rapide. Il n'a présenté aucun projet de développement de cette entreprise qui fait partie des plus importantes en Tchéquie. Pour comparaison : la Télévision tchèque emploie autant de personnes que la grande brasserie tchèque, Prazdroj de Plzen, ou la société qui construit le métro de Prague, Metrostav. Ses 2 881 employés réalisent un chiffre d'affaires annuel de presque sept milliards de couronnes tchèques, donc près d'un milliard de francs français. Mais la confusion devient, peu à peu, totale. Les hommes de droits ont du pain sur la planche. Qui est, en effet, responsable de la diffusion d'un spot de protestation, dans le journal télévisé de mercredi soir ? Le Conseil de la Télévision a commis une faute. Il a, certes, nommé le nouveau directeur, mais il a oublié de faire parvenir la certification de sa révocation à l'ancien directeur. Jiri Hodac, controversé par une partie des employés de la Télévision tchèque, par certains représentants de la vie culturelle tchèque, ne serait donc pas responsable de cette violation éventuelle de la loi sur la télévision en tant qu'institution d'intérêt public...

Comme le constatent certains médias, on tourne au Clochemerle. Un nouveau tollé de protestations a été déclenché par la déclaration du président de la Chambre des députés, Vaclav Klaus, qui propose de privatiser la télévision publique pour en finir, une fois pour toutes, avec ce problème. D'après les sondages, l'opinion publique pencherait plutôt pour les contestataires de la nomination du nouveau directeur de la Télévision tchèque. Le Conseil de la Télévision lui, reste inébranlable : nous avons appliqué notre droit. Nous ne reviendrons pas sur notre décision. Une affaire qui risque de faire beaucoup de remous encore.