La StB a été supprimée le 31 janvier 1990

Il y a vingt ans, un des piliers de l’ancien régime totalitaire, la police secrète StB, était dissout, après plus de quarante années d’existence. L’ordre de sa dissolution, une des décisions les plus difficiles après novembre 1989, a été donné le 31 janvier 1990 par le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’Entente nationale, Richard Sacher:

Richard Sacher
« Chers concitoyens, après la suppression du service de renseignement intérieur, j’ai donné aujourd’hui l’ordre de supprimer tous les services restants de la sécurité d’Etat. »

La suppression de la StB a frappé le plus le contre-espionnage : ses membres ont été contraints de rendre immédiatement leurs armes et leur carte. A Prague, la nouvelle direction du ministère de l’Intérieur, qui craignait des réactions négatives, a fait appel à l’assistance de soldats. Les craintes vis-à-vis des officiers de la StB licenciés étaient légitimes, et on parlait même des préparatifs d’un putsch. Vingt ans plus tard, Richard Sacher confirme que ce danger était bien réel :

« Nous avons fait un monitoring des personnes comme František Kincl, ministre de l’Intérieur d’avant novembre 89, et il s’est avéré que ces personnes se mobilisaient pour entrer en contact avec des généraux soviétiques des armées alors encore stationnées sur notre territoire. Ces armées étaient fortes de 73 000 hommes et personne ne savait quelle pourrait être leur réaction. »

La police secrète politique, la StB, a vu le jour en Tchécoslovaquie en juin 1945, en tant que pilier du régime et instrument de son pouvoir totalitaire. Les méthodes utilisées étaient des méthodes de poursuite des personnes, d’interrogatoires musclés, de violence, de provocation, de chantage, de privation de la liberté, d’écoutes téléphoniques. La StB a été directement subordonnée à un cercle restreint de la direction du parti communiste. Au début des années 1950, elle a acquis pour un certain temps un pouvoir illimité : c’était la période des procès monstres et des pressions exercées sur les cadres mêmes du parti. A la fin des années 1960, la StB a eu recours à des actes terroristes, dont un attentat à la bombe visant le préfet du Bas-Rhin, et une tentative d’intoxication des employés de Radio Europe libre à Munich.

Combien de personnes se sont retrouvées dans le viseur de la StB ? On écoute Pavel Žáček, directeur de l’Institut d’études des régimes totalitaires :

« Il est toujours difficile, encore aujourd’hui, de prononcer un chiffre final, compte tenu de nos connaissances. Néanmoins, en 1989, le nombre de dossiers établis par la StB sur les citoyens approchait les 70 000. Si l’on y ajoute les personnes poursuivies par les agents ou par l’administration des passeports et des visas, on parvient au chiffre de 100 000 personnes, rien qu’au cours de l’année 1989. »

En février 1990, la StB a été supprimée et on a mis fin à l’ère de la police totalitaire. La question qui se pose est de savoir que sont devenus ses membres qui, selon Pavel Žáček, étaient au nombre de 16 000 à 18 000 ?

« C’était le début d’un nouveau combat pour l’utilisation des registres de la StB, de la masse de documents réunis par elle. Il a fallu que ses archives deviennent non pas un point de départ à une lutte de pouvoir, mais une base de données pour des recherches historiques, et ce processus a duré presque vingt ans. »

Ce n’est qu’en 2009 que les noms des employés de la StB ont été officiellement publiés. Selon certains chercheurs, comme Radek Schovánek, des centaines d’anciens membres de cette structure continuent toutefois à servir dans les services civils actuels.