La succession à Vaclav Havel bel et bien lancée
Dans un peu moins de deux mois, le Sénat et la Chambre des députés éliront le nouveau président de la République tchèque. Or, si depuis 1993, les deux mandats successifs de Vaclav Havel ont, dans l'ensemble, été marqués du sceau d'un relatif apolitisme, l'élection prochaine fait déjà l'objet des luttes les plus féroces entre les différents partis, mais aussi parfois au sein même de ceux-ci.
Si la candidature de Vaclav Klaus, futur ex-président du Parti civique démocrate, l'ODS, fait l'unanimité parmi les siens, la situation est bien différente dans les rangs des sociaux-démocrates, le parti sorti vainqueur des législatives de juin dernier. Malgré l'instauration d'un référendum interne qui s'est transformé en un plébiscite en faveur de l'ancien Premier ministre, Milos Zeman, les sociaux-démocrates restent, en effet, pour l'instant, incapables de désigner le candidat qui les représentera devant le Parlement, lors du premier tour de l'élection présidentielle, en janvier.
Milos Zeman, de par le caractère ambigu de sa position, est le principal responsable de cette situation. Car bien que la volonté des sociaux-démocrates soit qu'un des leurs participe au premier tour, leur ancien leader Zeman rejette catégoriquement cette éventualité. C'est que ce dernier n'entend, selon ses termes, « se présenter que dans le cas d'une situation de crise ». Or, cette crise ne deviendrait palpable que si aucun candidat ne venait à être élu à l'issue du premier tour et qu'un deuxième devait, de ce fait, être organisé.
Mais ces visées ne sont pas forcément perçues d'un très bon oeil dans les hautes sphères de la social-démocratie. Ainsi, le Premier ministre, Vladimir Spidla, est plutôt partisan de la désignation d'un candidat capable de l'emporter dès le premier tour. Pour cela, il faudrait qu'il en aille d'une personnalité dont la candidature bénéficierait du soutien des deux autres partis de la coalition gouvernementale majoritaire, les chrétiens-démocrates et l'Union de la liberté. Dans cette optique, le nom du médiateur de la République Otakar Motejl, également de la social-démocratie, est le plus souvent avancé. Mais si l'idée n'est apparemment pas pour déplaire à l'Union de la liberté, les chrétiens-démocrates, devraient, pour leur part, retirer la candidature de Petr Pithart, pourtant un prétendant de poids à la victoire finale. Bref, des négociations délicates qui ne font, pourtant, que commencer.