La Tchéquie à l’honneur à Bruxelles avec les photos de Josef Koudelka et la Czech Street Party

Josef Koudelka, Invasion Prague 1968

Toute cette année, le Centre tchèque de Bruxelles organise de nombreux événements à l’occasion du centenaire de la fondation de la Tchécoslovaquie, mais aussi du cinquantenaire du Printemps de Prague. Expositions, conférences, rencontres, projections de films scandent cette année riche en anniversaires.

Josef Koudelka,  Invasion Prague 1968
Difficile d’imaginer une meilleure façon d’illustrer l’année 1968 en Tchécoslovaquie qu’en présentant les photographies du plus grand photographe tchèque vivant, Josef Koudelka, prises pendant les premiers jours de l’invasion soviétique du mois d’août de cette année mémorable. C’est donc tout naturellement que le Centre tchèque de Bruxelles a choisi de les exposer jusqu’au 12 août prochain, comme le précise sa directrice Jitka Pánek Jurková :

« Cette année, nous nous concentrons vraiment sur 1968. En Occident, c’est un thème qui est beaucoup vu sous l’angle des révoltes étudiantes, qu’elles aient été à Paris ou dans d’autres métropoles européennes. La célèbre biennale de photographie à Bruxelles, Summer of Photography, a juste choisi 1968 comme thème cette année. Nous avons donc choisi de présenter le cycle de Koudelka dans le cadre de cette biennale. Ces photographies montrent l’année 1968 sous un autre angle, peut-être moins connu à Bruxelles, avec la présentation de l’expérience tchécoslovaque. »

Josef Koudelka en personne viendra ce mercredi inaugurer l’exposition de ses photographies qui, à l’époque, ont été publiées par l’agence Magnum à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion. Cinquante ans après ces événements tragiques, il est étonnant de voir combien les photographies de Koudelka n’ont rien perdu de leur force d’évocation et de leur puissance, comme le relève encore Jitka Pánek Jurková :

« Josef Koudelka a dit lui-même dans un entretien que l’événement l’avait profondément touché. Il y avait évidemment de nombreux autres photographes du monde entier à Prague au moment de l’invasion. Mais pour Koudelka, il y avait une dimension personnelle. Donc ces photos dégagent une forte émotion. Ensuite, il y a clairement la touche très personnelle de Koudelka, toujours fascinante et spécifique. C’est à la fois un observateur et un esthète. Il suffit de regarder l’ensemble de son travail au Musée des arts décoratifs à Prague pour se rendre compte que son travail photographique n’a rien perdu de son impact. »

Cette semaine, Bruxelles se met au diapason tchèque, puisque vendredi se déroulera la désormais traditionnelle Czech Street Party, rue Caroly, comme le détaille encore Jitka Pánek Jurková :

« La Czech Street Party est un événement très apprécié. C’est un festival en plein air classique, mais il n’est pas très courant qu’à Bruxelles viennent se présenter des groupes tchèques sur un seul podium dans le centre de la ville. Nous organisons cet événement depuis onze ans et chaque année, il rassemble un public enthousiaste, composé de ressortissants tchèques et internationaux. Cette année, nous avons une belle brochette d’artistes, avec la chanteuse Lenka Dusilová, le groupe Čechomor qui devrait séduire le public bruxellois par sa réappropriation moderne de chansons folkloriques, et enfin le groupe Poletíme, de Brno. »

Toute l’année, le Centre tchèque de Bruxelles organise de nombreux rendez-vous centrés essentiellement sur le centenaire de la fondation de la Tchécoslovaquie et sur les 50 ans du Printemps de Prague et de son écrasement par les troupes du Pacte de Varsovie. Six mois après le lancement de cette « année tchèque » à Bruxelles, Jitka Pánek Jurková tire un premier bilan de l’organisation d’événements spéciaux :

« J’ai été presque surprise de voir combien certaines choses ont vraiment bien marché. Par exemple, notre festival de cinéma de la nouvelle vague tchécoslovaque a rencontré un immense succès. Nous avons montré 17 films des années 1960 et 1970 à la Cinémathèque de Bruxelles et les projections étaient en général pleines. Récemment s’est déroulé un grand projet de danse site-specific au centre Bozar : sous la direction du conseiller dramaturgique tchèque Tomáš Procházka se sont rencontrés de jeunes danseurs de huit pays européens pour traiter d’un point de vue contemporain l’avant-garde de la danse dans l’entre-deux-guerres. C’était un événement très intéressant. Je dirais qu’à mi-course, tout se passe pour le mieux. Mais il nous reste encore beaucoup de choses : à l’automne une partie plus politiques, avec les Dialogues de Václav Havel et une exposition sur 1918 à la Commission européenne. »

Les détails du programme de cette année sont à consulter ici : brussels.czechcentres.cz