La Tchéquie cherche des remèdes à la crise
La politique, l’emploi, le cinéma, les stations de ski. Autant de sujets qui sont abordés dans cette émission sur la base des articles et des commentaires que nous avons tirés dans la presse de ces derniers jours.
« Le programme économique de la social-démocratie est orienté, ne serait-ce que verbalement, trop à gauche. Il se peut qu’il ne s’agisse là que d’un appât destiné aux électeurs pauvres et que, la victoire aux élections une fois atteinte, les sociaux-démocrates privilégieront une politique plus pragmatique... Dans la crise actuelle, tout ce qu’il faut c’est une gestion intelligente et professionnelle de l’Etat. »
La dernière édition de l’hebdomadaire Respekt consacre à ce sujet deux grands commentaires pour constater que « la social-démocratie est tellement sûre de sa victoire aux prochaines élections législatives qu’elle ne ressent même pas le besoin d’avoir à sa tête des représentants populaires ». Une allusion au fait que le jeune sénateur Jiří Diensbier, plébiscité régulièrement comme le politicien préféré des Tchèques, ait été éliminé de la direction du parti. Le journal observe également l’existence au sein du parti de deux ailes antagonistes, celle des sympathisants et celle des adversaires du nouveau président de la République, Miloš Zeman, ex-chef du Parti social-démocrate. Cet aspect a été retenu également dans un commentaire paru sur le serveur aktuálně.cz. Son auteur, Martin Fendrych a écrit :
« Lors de son congrès à Ostrava, la social-démocratie a décidé de l’image qu’elle présentera au cours des prochaines années. L’enjeu était de savoir si elle allait devenir un parti moderne et indépendant orienté vers l’avenir ou bien si elle allait rester un parti lié à son passé, représenté par le président Miloš Zeman et son bloc au sein du ČSSD... A la question de savoir si elle était sur le point de devenir un parti fort et sûr de lui même, il faut répondre par la négative. »
Plusieurs journaux se sont concentrés ces jours-ci sur différents aspects de l’emploi et du marché du travail en Tchéquie, au moment où l’on enregistre dans le pays près de 600 000 chômeurs sur dix millions et demi d’habitants, soit 50 000 de plus par rapport à la même période l’année dernière.
Le journal Lidové noviny constate dans son édition de ce mardi que les jeunes Tchèques ne cherchent pas massivement du travail à l’étranger, en dépit de l’ouverture du marché de travail dans un grand nombre de pays européens. Par ailleurs, au cours de la première année suivant l’ouverture du marché du travail en l’Allemagne, en mai 2011, seules quelques cinq mille personnes ont saisi cette occasion. Ce manque d’intérêt serait dû à la crise et au fait que les Tchèques n’ont pas très envie de se déplacer. La barrière linguistique joue aussi un rôle important. Le journal ajoute :
« Cette faible mobilité se traduit aussi à l’échelle du pays, les gens préférant rester chez eux, là où ils sont établis, au lieu d’aller chercher du travail ailleurs. L’attachement au domicile est chez nous très prononcé. »
L’hebdomadaire Respekt constate qu’il existe en Tchéquie environ 100 000 personnes qui ont au moins deux emplois. S’agit-il d’une façon permettant de survivre, d’une aventure enrichissante ou bien d’un hobby? La réponse de l’auteur de l’article qui est consacré à ce sujet n’est pas univoque :
« Le spectre des gens qui ont deux emplois est très varié et les sociologues n’arrivent pas pour l’instant à détecter leurs motifs prédominants, car des études à ce sujet font défaut. Les statistiques indiquent cependant que c’est au début des années 1990 que ce phénomène était dans le pays particulièrement répandu, plus encore qu’aujourd’hui, car à l’époque, les gens étaient dotés d’une grande énergie et de l’envie d’apprendre de nouvelles choses. »
Mladá fronta Dnes, dans une de ses dernières éditions, prête l’attention aux difficultés que rencontrent les anciens détenus à leur sortie de prison, en quête d’un emploi. Le journal observe que la moitié des employeurs leur refusent toute possibilité de travail. Il précise en même temps qu’il existe désormais des projets et des centres en charge de cette problématique, qui sont financés notamment sur fonds européens... Ce jeudi, ce même journal s’est penché sur la discrimination sur le marché du travail à cause de l’âge et indique que celle-ci aurait touché à ce jour près de 15 % des Tchèques. Il écrit :
« Les personnes de plus de cinquante ans représentent un tiers des 600 000 chômeurs actuellement enregistrés dans le pays. La situation paraît alarmante, notamment dans le contexte du vieillissement de la population et du fait que des solutions valables ne sont pas proposées ».
Un supplément du journal Lidové noviny a récemment publié un entretien avec le réalisateur américain d’origine tchèque, Miloš Forman, dont l’integralité va paraître bientôt sous forme de livre. Son auteur, le jeune cinéaste tchèque Bohdan Sláma, a eu l’occasion de rencontrer son célèbre compatriote dans sa résidence au Connecticut. A la question de savoir sur quoi reposait la différence entre le cinéma américain et le cinéma européen, Forman a répondu :
« Les films américains sont en fait des contes de fées, des contes pour adultes, tandis que les films européens cherchent à montrer la vie telle qu’elle est. C’est en ceci que consiste à mon sens la principale différence entre ces deux cinémas... Le protagoniste des films américains est celui qui se bat et il faut pousser l’action jusqu’au moment où tout porte à croire qu’il va perdre pour le laisser finalement gagner malgré tout. En quittant la salle, le spectateur est heureux, car le héros du film fait ce avec quoi il peut s’identifier. Une telle catharsis est très importante pour lui ».
Miloš Forman, qui a fêté récemment son 80ème anniversaire, avoue de son côté avoir utilisé dans tous ses films la figure d’un homme faible, d’un homme menacé. Il explique :
« Ce genre de figures provoque chez les gens un sentiment qui est très important, le sentiment de pitié. Et ceci a un grand effet émotionnel. Quand on commence à ressentir de la pitié, c’est le bon côté du coeur qui se met à fonctionner, n’est-ce pas ? »
L’hiver touchant à sa fin, les gérants des stations d’hiver, des télésièges et des remonte-pentes dressent des bilans pour constater que la saison écoulée a été en Tchéquie plus réussie que celle de l’année écoulée. Le nombre de visiteurs à la montagne a augmenté, en dépit de la hausse du prix des forfaits de ski de près de 10 % dans la plupart de ces stations. Dans les pages de Lidové noviny nous avons pu lire à ce sujet :
« Il y a pour cela deux explications. D’abord, dans les montagnes tchèques, il y avait cette année de très bonnes conditions métérologiques accompagnées d’une quantité de neige qui s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui. Le deuxième facteur de ce bilan favorable est l’amélioration et la modernisation des services et des équipements que les stations de ski en Tchéquie sont désormais capables d’offrir à leurs clients... D’importants investissements qui concerneront notamment la principale station d’hiver tchèque, Špindlerův Mlýn, sont également prévus à l’avenir. »
Il y a toutefois toujours un grand nombre de skieurs tchèques qui préfèrent pratiquer leur sport favori sur les pistes des Alpes, en Autriche, en Italie, en France et, plus rarement, en Suisse. Selon les dernières évaluations, leur chiffre se situerait autour du demi-million. Lidové noviny explique :
« Il est vrai qu’un séjour au centre des Alpes coûte aux Tchèques un peu plus cher qu’une escapade dans leur propre pays. Mais les conditions de ski y sont quand même incomparables et il y a de plus en plus de gens qui sont prêts à payer pour cette qualité. »