La neige en République tchèque entraîne des incivilités
Si la neige a été la plupart du temps la bienvenue en République tchèque la semaine dernière, plusieurs conséquences néfastes ont été relevées. Entre pollution et non-respect d’un mémorial dédié aux victimes du nazisme, plusieurs polémiques enflent.
Les récentes chutes de neige en République tchèque ont suscité un entrain indéniable pour les activités en extérieur, et les balades à la montagne. Si Prague ne s’est drapée que d’une fine couche blanche bien fragile, plusieurs régions du pays ont vu un manteau blanc de plusieurs dizaines de centimètres s’installer. Alors, dans une époque marquée par les confinements et autres mesures sanitaires, de nombreux Tchèques s’en sont donnés à cœur joie pour profiter de cette bulle d’air hivernale.
En revanche, cet épisode neigeux n’a pas fait que des heureux, et quelques voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer des incivilités. Ce sont d’abord les autorités environnementales, et les élus des régions montagneuses qui ont haussé le ton contre les randonneurs et les amateurs de ski de fond irrespectueux.
Ainsi, Petr Šaj, le responsable de la zone protégée de Jeseník, à l’Est du pays, a déclaré à la Télévision tchèque qu’en « allant dans des zones interdites, certains promeneurs détruisaient de jeunes pousses d’arbres et certaines espèces animales ». La police tchèque a également attiré l’attention sur les nombreux embouteillages, ainsi que sur les automobilistes mal stationnés. Ils détruisent eux-aussi la végétation des bords de route, et rendent la circulation plus difficile.
Dans certaines localités, la police a même dû interdire la circulation des voitures. C’est le cas notamment à Bedřichov, dans les monts Jizerské hory, ou dans le massif des Beskides. Si les stations de sport d’hiver sont fermées, une partie d’entre elles sont entretenues dans l’éventualité d’une réouverture prochaine.
De son côté, l'Agence pour la protection de la nature et du paysage a annoncé avoir renforcé le service de garde et de protection dans les parties les plus élevées des montagnes. Il s’agit, d’une part, de protéger les espaces naturels de la pollution des touristes, mais également d’empêcher les plus aventureux de se lancer dans des zones à risque. Vendredi dernier un skieur avait péri dans une avalanche dans les montagnes Jeseníky.
De la luge sur un mémorial
Autre polémique, mémorielle celle-ci. Plusieurs dizaines de personnes ont été pointées du doigt pour avoir fait de la luge au-dessus des tombes et du mémorial du massacre de Lidice, symbole de la barbarie nazie.
En 1942, le village de Lidice avait été rasé par les nazis et sa population massacrée. Sur les 500 habitants que comptait alors la commune, 340 avaient péri. On parle parfois de ce crime comme de « l’Oradour-sur-Glane tchèque ».
Le directeur du mémorial, Eduard Stehlík, a dit son indignation au micro de la Radio tchèque :
« Je dois dire que ça était un vrai choc pour moi. J’ai déjà vu pas mal de choses à Lidice : il arrive fréquemment que les gens se promènent en voitures tout-terrain, que les jeunes filles bronzent seins nus à proximité des tombeaux des hommes qui avaient été assassinés à Lidice. Mais il est horrible de voir plus de 150 voitures garées sur le lieu de recueillement et les gens en train de faire de la luge sur les ruines des maisons et à l’emplacement de l’ancien cimetière de Lidice. »
Sur les photos postées sur internet et parues dans la presse, il est possible de voir plusieurs dizaine de personnes dévaler les pentes du village, et sur une autre on voit clairement une luge appuyée contre un arbre, et ce alors qu’une croix marque à quelques centimètres à peine l’emplacement d’une tombe.
La semaine dernière, l’Allemagne avait également été touchée une vive indignation suite à des évènements similaires dans le camp de Buchenwald. Le directeur du mémorial du mémorial de Lidice a d’ores et déjà fait savoir qu’il envisageait de mieux signaler l’endroit en plantant des arbustes.