La Tchéquie dans l'Union européenne, un an après

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Le 1er mai 2004, la République tchèque a intégré la « grande famille » de l'Union européenne. Un an après cet événement historique, les Tchèques dressent un premier bilan très réaliste sur leur qualité de membre et scrutent l'horizon avec une confiance relative sans se faire d'illusions.

Vaclav Klaus avait-il raison lorsque dans son discours du Jour de l'An, il avait prétendu que l'entrée du pays dans l'UE n'avait pas constitué un « tournant visible » dans la vie des Tchèques ? Même si le président de la République est désormais bien connu à Bruxelles pour ses positions qu'il qualifie, sourire en coin, d'euroréalistes, la question mérite d'être posée. Car bien qu'ils soient dans l'ensemble plutôt favorables à l'Europe, certains Tchèques ont cependant toujours l'impression de n'être restés que des Européens de seconde zone. Ainsi, hormis la Suède, la Grande-Bretagne et l'Irlande, aucun des douze autres pays de l'ancienne UE n'a rendu accessible son marché du travail aux ressortissants des nouveaux membres. Une décision qui a été perçue comme profondément injuste à Prague. De même, les accords de Schengen pour la suppression des contrôles aux frontières ne les concernent pas encore et l'euro ne remplacera pas la couronne avant 2010, autrement dit une éternité. Les Tchèques ont donc la sensation légitime qu'il n'existe pas une seule et unique UE, la même pour tous. D'un autre côté, ils n'oublient pas non plus que l'inflation des prix tant redoutée avant l'adhésion n'en est restée qu'à l'état de pronostic, que le niveau de vie augmente progressivement et que l'économie tchèque affiche des résultats florissants. Ce qui n'est pas rien non plus.

Au moment où ils vont eux-aussi être amenés à ratifier la Constitution européenne (la République tchèque reste le seul pays à ne pas encore avoir décidé si la ratification se fera par voie parlementaire ou par référendum), les Tchèques s'interrogent donc sur leur place, leur rôle et leur avenir au sein d'une Union appelée à repousser un peu plus ses frontières à l'est dans moins de deux ans. La République tchèque va-t-elle perdre certaines des caractéristiques qui lui sont propres « tel un morceau de sucre qui se dilue dans du thé », comme le prédit Vaclav Klaus ? Ou au contraire, comme le souhaite le ministre des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, faut-il encore approfondir l'intégration européenne? Autant de questions, essentielles, auxquelles les pro-européens aimeraient pouvoir répondre pour contredire tous ceux qui pensent qu'à Bruxelles, « on décide de nous sans nous ».