La Tchéquie face à une arrivée massive de réfugiés fuyant l’invasion russe en Ukraine
Sans frontière commune avec l’Ukraine, la Tchéquie est une destination privilégiée par les réfugiés qui y ont de la famille ou des amis.
Une image forte à la gare de Prague : celle du monument dédié au sauveur d’enfants de Tchécoslovaquie Nicholas Winton, orné du drapeau ukrainien, sur le quai où arrive l’un des trains humanitaires en provenance de la frontière ukrainienne. A son bord, des femmes et des enfants, attendus par des proches ou pris en charge par des bénévoles et la police.
La gare de la capitale tchèque est devenue l’un des points de passage de milliers de personnes qui viennent de vivre des journées éprouvantes pour quitter l’Ukraine, comme ce Français parti d’Odessa via Lviv et en attente d’un train vers Berlin :
« On a entendu les missiles qui ont frappé vers l’aéroport d’Odessa. On a décidé de partir en voiture mais ça ne passait pas, alors on a pris le train de nuit pour Lviv où on a changé de voie pendant 10 heures avec la foule pour trouver un train vers l’Ouest. Je recherche des personnes pouvant accueillir des Ukrainiens, mais dans des familles avec des notions de russe ou d’ukrainien parce que vivre un déplacement comme ça c’est très dur et il faut pouvoir les soutenir. Nous on a eu énormément de chance… »
A quelques kilomètres de la gare, le centre de la police des étrangers est le nouveau point de passage obligé pour tous les ressortissants ukrainiens qui veulent régulariser leur situation en Tchéquie. 33 000 d’entre eux ont déjà fait les formalités administratives nécessaires. Natalya travaille à Prague depuis cinq ans et aide sa sœur et sa petite nièce à remplir le formulaire avant d’aller faire la queue. Elles viennent toutes les deux d’arriver d’Ivano-Frankivsk.
« Leur voyage a été terriblement long, même si leur ville est proche de la frontière elles ont mis trois jours à cause du monde. Elles vont essayer de rester ici quelques mois. Le mieux serait que cette guerre se termine et qu’elles puissent rentrer chez elles. C’est beaucoup de stress tout ça, le logement, la langue, le travail… »
A côté de la queue, des bénévoles tentent de distraire les nombreux enfants qui sont là à attendre :
« On leur donne des dessins, des coloriages et des sucreries… »
Vu l’ampleur de la catastrophe causée par l’invasion russe, personne ne doute plus, à Prague, de l’arrivée massive de réfugiés dans les prochaines semaines.
Le nombre de personnes augmente tellement ces derniers jours que la police des étrangers vient d’ouvrir au Centre des congrès de Prague, où la file d’attente ne cesse de croître. La bibliothèque municipale a été transformée en centre d’informations pour réfugiés et alors que l’état d’urgence est en vigueur depuis ce vendredi pour faire face à la situation, les ministres européens de l’Intérieur, réunis jeudi à Bruxelles, se sont mis d’accord pour accorder une « protection temporaire » dans l’UE aux réfugiés « fuyant la guerre » en Ukraine.
Le ministre tchèque a clairement évoqué la possibilité de demander à d’autres pays de l’UE d’aider Prague à prendre en charge une partie des nouveaux arrivants.
La Tchéquie avait été l’un des Etats d’Europe centrale farouchement opposés aux quotas de répartition des réfugiés au moment de la crise migratoire de 2015.