La Tchéquie peine à adopter le télétravail

Photo illustrative: Archives de Radio Prague

En dépit de ses avantages, le télétravail peine à entrer dans les mœurs en République tchèque. Selon les derniers chiffres d’Eurostat, seuls 4 % des employés tchèques en bénéficient et leur nombre n’augmente que lentement, plaçant la République tchèque sous la moyenne européenne. A titre de comparaison, 9,5 % des employés, en Autriche voisine, travaillent depuis chez eux.

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
Garder un enfant malade à la maison, plus de flexibilité, gain de temps en transports, les avantages du télétravail sont connus, mais en République tchèque, cette pratique est encore peu répandue. Selon les données collectées par l’agence Eurostat, la moyenne européenne se situe à 5% d’employés bénéficiant du télétravail, les Tchèques se retrouvant bien en-deçà, avec 4% seulement en 2017, contre 13,7% aux Pays-Bas, le taux le plus élevé de l’UE.

Interrogée par la Radio tchèque, Iva est programmatrice informatique et apprécie la possibilité de travailler parfois depuis chez elle :

« Je pratique souvent le télétravail, une ou deux fois par semaine je dirais. La raison la plus fréquente c’est parce que je dois régler des problèmes pratiques ou parce que je travaille sur quelque chose qui demande énormément de concentration. Le calme de la maison me convient. »

Au ministère du Travail et des Affaires sociales, on rappelle que des tentatives de faire du télétravail une pratique plus fréquente ont été mises en œuvre, mais en vain, comme le souligne son porte-parole, Martin Bačkovský :

« Le ministère avait préparé un amendement au Code du travail dans ce sens en 2016, afin de motiver les employés à travailler davantage depuis chez eux. Cet amendement devait clairement définir les droits et les devoirs des employés. Malheureusement, le débat a été abandonné en deuxième lecture pendant la précédente période électorale. »

Le vice-président de l’Union de l’industrie et des transports, Radek Špicar estime que les employeurs finiront par devoir lâcher du lest et permettre davantage de possibilités de travailler depuis chez soi :

« Un des freins à ces méthodes de travail alternatives, c’est aussi un conservatisme de certains employeurs qui pensent que seuls les personnes dans leur bureau travaillent. Mais cela change, et cela doit changer, car la jeune génération, les ‘millenials’, demandent des formes alternatives de travail, et les employeurs vont être obligés de s’adapter. »

Pour Martina Štěpánová, de l’organisation Gender Studies, la possibilité de travailler depuis chez soi est essentielle lorsqu’il s’agit de concilier travail et vie de famille. En outre, dans un pays où la majeure partie des femmes prend trois ans de congé parental, faute de structures d’accueil suffisantes des enfants en bas âge avant la maternelle, le télétravail, même à mi-temps pourrait être une solution afin d’éviter le décrochage des mères du monde du travail pendant trois ans voire plus.

Le chef de la Confédération tchèque des syndicats, Josef Středula, ne voit toutefois pas que des avantages au télétravail :

« Selon nous, le télétravail n’est pas seulement positif. Par exemple, il y a la question des accidents de travail. Voilà une situation très compliquée qui doit être résolue entre l’employé et l’employeur avant que le télétravail ne soit mis en place. »

Selon Eurostat, 5 % des femmes tchèques profitent des avantages du télétravail, contre 3 % des hommes.