Même sans pandémie, les Tchèques souhaitent continuer le télétravail
Il y a plus de deux ans maintenant, le monde entier s’enfermait chez soi et tous ceux qui le pouvaient se mettaient à travailler depuis leur domicile pour lutter contre le Covid-19. La pratique du télétravail s’est alors largement démocratisée. Aujourd’hui, la pandémie est en net recul, mais les Tchèques ne souhaitent pas renoncer au « home office ». C’est du moins ce que révèle une enquête réalisée par le cabinet de recrutement Randstad. Le télétravail va-t-il perdurer ?
Réel catalyseur de changements, la pandémie est venue bouleverser nos habitudes dans de nombreux aspects de nos vies, et en particulier notre vie professionnelle. Alors qu’en temps normal, les pratiques et habitudes du monde du travail évoluent lentement, le Covid-19 a fortement contribué à normaliser, en quelques mois seulement, le fait de travailler depuis chez-soi. Si bien qu’aujourd’hui, certains veulent en faire la norme, et plus l’exception.
Le cabinet de recrutement Randstad a enquêté à ce sujet en interrogeant 5000 personnes. Alors qu’au début 2021, 40% des enquêtés pratiquaient le télétravail, ils n’étaient plus que 28% lors de la dernière enquête menée. Des chiffres qui montrent donc un recul du télétravail, dû à la fin de certaines restrictions, mais également à l’absence d’un statut légal approprié. La loi tchèque ne précise pas si un travailleur à distance est un employé normal ou non, un vide juridique qui dissuade les entreprises d’autoriser le télétravail. Petr Douda, responsable marketing et communication de Randstad, confie en plus que certaines entreprises voient d’un mauvais œil le télétravail :
« Nous avons dû nous habituer à travailler depuis chez nous, jour après jour, pendant la pandémie. Mais il y a déjà des entreprises qui disent que cela présente des obstacles dans le sens où les gens ne se rencontrent pas si souvent sur leur lieu de travail, comme au self le midi, ou autour d’un café. Cela ne génère pas de nouvelles idées ni de nouvelles solutions. Cela peut même entraver la croissance et le développement de certaines entreprises. La deuxième question est de savoir ce que cela provoque en nous, les employés. Nous sommes habitués à travailler en groupe et à être en groupe, et là nous nous isolons dans nos bureaux à nos domiciles. »
Les employés et les demandeurs d’emploi recherchent aujourd’hui des postes où la flexibilité est de mise et le télétravail donc envisageable. Selon un sondage Ipsos, 51% des Tchèques seraient intéressés par un poste entièrement en télétravail et 59% aimeraient un emploi partiellement en télétravail, avec quelques jours par semaine à la maison. Pour être attractifs, les recruteurs doivent donc prendre en compte cette nouvelle configuration. Mais certaines entreprises parviennent tout de même à contourner le problème en offrant d’autres avantages. Petr Douda :
« Certaines entreprises tentent d’attirer les employés au bureau. Par exemple, en leur offrant divers avantages tels que des cadeaux, des barbecues d’entreprise ou des petits-déjeuners, pour les inciter à revenir au bureau. »
La solution semble donc être le modèle hybride, autrement dit certains jours au bureau et d’autres à la maison. Un modèle qui présentent de nombreux avantages selon Petr Douda mais aussi plusieurs inconvénients :
« Pour certains, travailler à domicile est une bonne chose. C’est un endroit calme pour travailler, on peut se concentrer. L’autre question est de savoir ce que cela vous fait, car il est évident qu’aujourd’hui, nous voulons un certain équilibre entre le travail et la vie privée. Lorsque vous travaillez à domicile, vous pouvez travailler plus d’heures et vous pouvez être plus proche de l’épuisement professionnel. Par ailleurs, il faut se demander si la cybersécurité est également prise en compte. Les gens travaillent en fait dans leur bureau à domicile sur des réseaux non sécurisés, et il pourrait y avoir des fuites de données, par exemple. »
En Europe, ce mouvement vers une part croissante de télétravail s’intensifie. Nombreuses sont les entreprises aujourd’hui à proposer à leurs employés le travail à domicile. La Belgique se hisse d’ailleurs à la première place du podium européen avec 48% de télétravailleurs actifs en 2022. La Tchéquie réalise, pour sa part, des progrès sur le sujet, mais reste en retard sur les pays d’Europe de l’Ouest. La raison principale : une pression moindre de la part des Tchèques sur leurs employeurs contrairement aux autres Européens occidentaux. Mais pour l’expert du cabinet de recrutement, ce n’est qu’une question de temps, et d’ici peu, les Tchèques jouiront eux aussi d’une plus grande flexibilité au travail.