La Tchéquie, puissance mondiale pour la production des « super » petites graines de pavot
Avec la Turquie notamment, la Tchéquie, forte d’une culture ancestrale, est un des principaux pays producteurs de pavot au monde, tandis que les Tchèques comptent parmi ses plus grands consommateurs. Mais aucun d’entre eux ne songerait à utiliser ses graines à des fins illégales, car, comme ailleurs en Europe centrale et de l’Est, il s’agit d’abord de l’un des ingrédients de base les plus populaires pour la préparation des pâtisseries traditionnelles.
Leurs vertus et bienfaits sont multiples, mais tandis que certains les adorent, d’autres les détestent. Une chose est sûre : elles laissent rarement indifférents ceux qui les découvrent et les goûtent pour la première fois. Noires aux teintures bleutées, ses petites graines sont partout, ou presque, en Tchéquie : sur ou dans certains desserts, saupoudrées sur les « knedlíky » aux fruits ou, plus simplement, sur le pain et autres produits de boulangerie ou encore dans certaines pâtisseries, comme le strudel, où on les trouve alors sous forme de pâte. Et, loin s’en faut, elles ne sont pas utilisées uniquement pour « faire beau », agrémenter ou pour rester coincées entre les dents.
Non, si la Tchéquie en est le premier pays producteur au monde, c’est d’abord parce que le pavot alimentaire (appelé « pavot bleu »), avec sa saveur discrète de noisette grillée et de pignon de pin, est utilisé en Bohême et en Moravie depuis des temps immémoriaux pour ses qualités gustatives. Et qu’il est bon pour la santé !
Pour autant, si la Tchéquie est un des principaux producteurs de pavot alimentaire au monde (près de 22 000 en tonnes sur une surface cultivée d’un peu plus de 26 000 hectaures en 2002, selon les données de la Chambre d’agriculture), et qu’elle exporte quelque 80 % de cette production, ses graines ne sont appréciées et consommées que dans quelques pays essentiellement d’Europe centrale et de l’Est, comme le confirme Jiří Vaněk, directeur d’Úněšovský statek, une société agricole des environs de Plzeň, en Bohême de l’Ouest, spécialisée, entre autres, dans sa production :
« Le pavot est un produit traditionnel uniquement dans les pays slaves, dans les pays germanophones et dans la culture juive, où le pavot est fréquemment utilisé en cuisine aussi. Ailleurs dans le monde, le pavot est cultivé à des fins techniques ou, comme en Afghanistan, pour la production d’opium. Pour nous, l’enveloppe du pavot n’est pas importante, elle est considérée comme un déchet. Mais pour d’autres producteurs européens, c’est le produit de base pour lequel le pavot est cultivé. »
Une cinquantaine de variétés de pavot sont répertoriées en Europe. Les trois variétés les plus répandues en Tchéquie (Major, Maraton, Bergam) sont d’origine tchécoslovaque et se caractérisent par une fleur blanche ou rose clair cousine de celle du coquelicot et facilement reconnaissable. Et ce sont donc les graines oléagineuses de cette plante herbacée qui intéressent plus particulièrement les producteurs tchèques, comme l’explique Jan Hůrka, agronome en chef d’Úněšovský statek :
« Les graines de pavot sont particulièrement riches en calcium, elles en sont même une des meilleures sources existantes. J’ai lu quelque part qu’elles en contiennent dix fois plus que le lait de vache, par exemple. »
L’essentiel est que les graines de pavot utilisées dans la cuisine tchèque ne contiennent pas d’alcaloïdes opioïdes. Au contraire, parfois qualifiées de « super-aliment » en raison de leur valeur nutritionnelle exceptionnelle, elles présentent d’autres caractéristiques particulièrement bénéfiques pour la santé : elles aident ainsi tout à la fois à lutter contre l’insomnie, l’eczéma ou encore préviennent les accidents vasculaires cérébraux.
Excellente source de vitamines et minéraux ou encore de lipides insaturés et de fer, elles renforcent également les os, les articulations, les dents, les nerfs, les cheveux et la vue... D’où l’intérêt, puisque ses graines sont si petites, d’en consommer en aussi grandes quantités que possible, et ce donc, comme le font plutôt bien les Tchèques, chacun d’entre eux en mangeant en moyenne entre 300 et 400 grammes chaque année.