La Tchéquie toujours en vol plané au-dessus d’un nid de cigognes
Cette semaine, le Premier ministre tchèque a pu vérifier le bien-fondé de la formule chiraquienne sur le vol en escadrille. Après le rapport d’audit européen confirmant son conflit d’intérêts, Andrej Babiš est depuis mercredi de nouveau officiellement mis en accusation dans l’affaire du Nid de cigognes, dont il a décidément plus de mal à se débarrasser que le sparadrap du Capitaine Haddock.
Même si plusieurs proches d’Andrej Babiš, dont les membres de sa famille, ne sont plus concernés par la procédure, le Premier ministre ainsi qu’une de ses anciennes collègues, Jana Mayerová, le sont à nouveau.
En conférence de presse mercredi, le chef du gouvernement a indiqué qu’il n’était pas vraiment surpris par la décision du Procureur général, soumis selon lui à une forte pression :
« Je répète que je n’ai rien fait d’illégal. Je pense que tout humain raisonnable comprend que cette affaire est manipulée et n’existe que parce que je suis entré en politique. La République tchèque a obtenu cette subvention et la société qui y avait droit l’a remboursée. Donc le bilan de la République tchèque est à +50 (millions de couronnes). C’est absurde… Quatre ans de terreur médiatique. Mais c’est un soulagement pour la famille. Au moins la famille va passer un joyeux noël. »
Andrej Babiš pointe aussi du doigt des ONG, dont Transparency International, qu’il accuse de faire campagne contre sa personne, trois semaines après la dernière grande manifestation organisée contre son gouvernement.
Mais sa cible préférée reste les médias - en tout cas ceux qu’il n’a pas achetés avant son entrée en politique - et en particulier les journaux financés par Zdeněk Bakala, comme Respekt ou Hospodářské noviny. Quand il est agacé, le Premier ministre d’origine slovaque a tendance à employer quelques mots de sa langue maternelle dans ses phrases, comme pendant cette conférence de presse de mercredi :
« C’est vous qui portez atteinte à l’image de notre pays à l’étranger, surtout les médias de Bakala. Vos inexactitudes retirées de leur contexte sont copiées à l’étranger par des titres comme The Guardian et d’autres, donc c’est vous qui portez atteinte à notre réputation. Les politiciens étrangers ne s’intéressent pas à ces affaires et ne s’y sont jamais intéressés. Au lieu de parler de notre nouvelle loi de finances, vous allez encore écrire sur le Nid de cigognes. Si vous n’en faites pas le sujet de vos papiers, alors personne ne portera atteinte à qui que ce soit. »Suite à ce nouveau rebondissement dans cette affaire au nom d’oiseau échassier, un mot revient beaucoup dans la presse tchèque cette semaine: « abolice ». Un terme qui définit une prérogative présidentielle semblant dater d’un autre temps et qui permet au chef de l’Etat d’interrompre une procédure judiciaire en cours. Miloš Zeman a indiqué par le passé qu’il l’envisageait en faveur d’Andrej Babiš.
Pour l’instant, le chef du gouvernement répète qu’il refuserait de bénéficier d’un tel traitement de faveur de la part du président de la République.