La Télévision tchèque, entreprise publique, accuse, tout comme les autres chaînes du pays, une baisse d'audience depuis un certain temps. La direction générale vient de nommer une nouvelle direction des programmes. Cela suffira-t-il pour faire face au privé à la veille de la numérisation complète de la télévision en Tchéquie ?
Alors que le taux d'audience des principales chaînes de télévision tchèques est en baisse constante, de 5 % entre 2005 et 2006 et même de 12 % entre 2006 et 2007, le gouvernement vient de remettre à plus tard l'examen du projet de loi sur les médias qui, selon les auteurs, devrait donner le feu vert à l'entrée massive du numérique sur le marché audiovisuel tchèque. Ce marché ne se développe pas et la numérisation prend un retard considérable en raison des procès en cours concernant les licences de diffusion. Le gouvernement devrait revenir à cette question au cours du mois de juin. Pourtant, la Tchéquie se prépare à abandonner l'analogique pour le numérique en 2010. Rien n'est moins certains, car les deux grandes chaînes nationales privées, Nova et Prima, demandent en compensation de l'abandon de leurs fréquences analogiques des licences supplémentaires pour le numérique. Ces revendications devraient être acceptées dans le nouveau projet de loi, à condition que les deux chaînes abandonnent ces fréquences en 2010 et non pas seulement en 2017 par exemple pour Nova. Dans ce contexte, où la Tchéquie a pris à grand retard dans l'entrée de la TNT sur tout le territoire, donc du numérique qui apporte un plus grand choix de programmes et une meilleure qualité, la Télévision tchèque, avec ces quatre chaînes publiques perd de l'audience. Le directeur général, Jiri Janecek, vient de faire appel à une personne des plus expérimentées pour la direction des programmes : Katerina Fricova, ancienne directrice de la production des informations à la Télévision tchèque, il y a quatorze ans.
Katerina Fricova, photo: CTK
Entre temps, elle a fait ses preuves en assumant de hautes fonctions dans la télévision privée, à Nova ou Prima, ou dans les radios Europe 2 et Fréquence 1. Directrice d'une chaîne de styling, Top TV, elle revient à la télévision publique avec, comme elle le déclare dans le quotidien économique Hospodarske noviny, la volonté d'augmenter la part des « formats d'intérêt public » dans la programmation, par exemple des émissions pour les enfants. Le quotidien constate, avec une certaine ironie, que cela fera plaisir aux concurrents du privé qui ne s'intéressent pas beaucoup à ces formats justement.
Pas très loquace, Katerina Fricova qui assurera la direction des programmes à partir du 20 juin, affirme dans le quotidien que le taux d'audience est, certes, très important pour une chaîne de télévision, mais que la Télévision tchèque, en tant qu'entreprise publique, financée par la redevance sur l'audiovisuel, accorde une bien plus grande importance au taux de satisfaction du téléspectateur, à la différence du secteur privé financé en grande partie par la publicité. Cette dernière sera bannie de la télévision publique à partir de janvier prochain, mais le nouveau projet de loi devrait quand même lui permettre 0,5 % du temps d'antenne dont les recettes iraient au développement de la numérisation et au fonds de soutien au cinéma national.