La terre d’Havel, spectacle théâtral sur Václav Havel présenté au Camp des Milles
Ce samedi 30 octobre, le spectacle théâtral intitulé La terre d’Havel sera joué au site-mémorial du Camp des Milles dans le sud de la France. Basée sur la vie et l’œuvre du dramaturge tchèque dissident puis président, cette pièce a été montée par la compagnie française Terre contraire. Arnaud Vervialle en est l’un des trois auteurs et il interprète le rôle de Václav Havel :
« Nous sommes très contents d’être reçus au Camp des Milles. C’est un très bel aboutissement pour Terre contraire et pour notre travail. »
On avait déjà parlé de ce projet en 2018, lorsque vous l’aviez présenté en Off au festival d’Avignon. D’où est parti ce projet ?
« C’est pour cela que j’évoquais une sorte d’aboutissement avec cette représentation au Camp des Milles, un camp d’internement et l’un des seuls de la France en zone libre pendant la guerre : ce projet est né au camp de Terezin/Theresienstadt. J’étais allé faire une visite là-bas et on était tombé sur la pièce écrite sur place par Hanuš Hachenburg. Claire Audhuy avait traduit cette pièce en français et elle a fait l’objet de plusieurs adaptations. Nous avions aussi en projet d’adapter cette pièce qui est absurde et reflète bien toute l’absurdité de cette époque de la guerre vue par les yeux d’un garçon de 14 ans. »
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« Et puis à un moment on est tombé sur des textes de Václav Havel, sur ses discours politiques, et puis une fois que vous commencez à goûter à ses textes, à ses lettres à Olga, à ses pièces de théâtres… C’est devenu une sorte d’évidence d’aller vers lui et de raconter la vie de Václav et Olga. Donc c’est né de Terezin et s’est développé vers Havel en passant par Avignon et désormais au Camp des Milles. »
Les textes de Václav Havel sont donc le fil rouge de cette pièce ?
« Oui, on va même un peu au-delà. Dans la première partie de la pièce, on est dans l’appartement d’Olga et Václav. Il est en train d’écrire une pièce et Olga arrive avec la Charte 77 qui vient d’être publiée dans Le Monde. S’ensuit une discussion à la fois humoristique et grave, car Olga a tout de suite conscience des conséquences de leurs actes. On met la Charte 77 en dialogues entre eux deux dans cette première partie. »
La Tchéquie s’apprête à marquer le dixième anniversaire de la mort de Václav Havel le 18 décembre prochain. Avez-vous des projets avec cette pièce après le Camp des Milles ce samedi ?
« On espère qu’il y aura d’autres représentations. Parce que plus on pourra faire entendre la parole d’Havel, mieux ce sera. C’est aussi en cela qu’on est honoré de pouvoir jouer au Camp des Milles – notre pièce résonne avec les thématiques du mémorial. Résister par l’art est une chose qu’Havel a beaucoup mise en avant, tout comme la notion de responsabilité. Et puis la force de la non-violence, le très bel exemple de la révolution de Velours en Tchécoslovaquie, modèle très éloigné de l’histoire française… J’ai l’impression que l’action par la non-violence prônée par Havel reste présente pour le peuple tchèque. »
« Donc on espère que le Camp des Milles marquera une nouvelle étape avec un public jeune et on espère porter ces thématiques le plus longtemps possible ! »