La terre d’Havel au Festival Off d’Avignon
Jusqu’au 28 juillet, dans le cadre du festival Off d’Avignon, est présentée une pièce de théâtre inspirée de la vie de Václav Havel et de son épouse Olga, depuis le premier emprisonnement du dissident en 1977 jusqu’à son accession à la présidence de la Tchécoslovaquie. Intitulée La terre d’Havel, aimer l’autre plus que tout la pièce est interprétée par la compagnie Terre Contraire, basée à Salon-de-Provence. Pour parler de cette pièce présentée avec succès depuis 2017 nous avons joint, à Avignon, la journaliste tchèque Alice Muthspiel. Elle présente la compagnie Terre Contraire :
Inspirée de l’œuvre dramatique de Havel, de ses Lettres à Olga et de ses discours de dissident et de président, l'histoire de la pièce La terre d’Havel se déroule dans cinq espaces imaginaires : appartement, prison, parloir, tribunal et tribune présidentielle. Que peut-on dire encore de ce spectacle ?
« L’auteur de la pièce et le metteur en scène Hervé Reboulin fait découvrir au public une partie de l’histoire de la Tchécoslovaquie à travers l’engagement et les péripéties de la vie privé de Václav et d’Olga. Cette vie est remplie d’amour et de complicité, mais également de beaucoup souffrance. La pièce révèle notamment la personnalité d’Olga Havlová, une femme exceptionnelle qui a toujours été aux côtés de son mari pour le soutenir, pour l’encourager dans les moments d’épuisement intellectuel. En même temps, elle a participé à la résistance. Son engagement lui a coûté de nombreux sacrifices. Ils ont tous deux résisté, chacun à sa manière. »
La musique occupe une place importante dans le spectacle qui est d’ailleurs porté par un musicien conteur. Evidemment, c’est une musique qui rappelle l’underground tchécoslovaque…
« Tout à fait. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié le côté musical de ce spectacle, avec une guitare rock qui souligne l’action et les émotions… La musique originale a été créée par Cyril Despontin. Il s’est inspiré de la musique du groupe The Plastic People of The Universe, mais aussi des Rolling Stones et de la musique de Neil Young du film Dead Man. Cette musique a accompagné Václav Havel, ami de Lou Reed, de Frank Zappa ou Paul Simon, pendant une bonne partie de sa vie. »Le spectacle La terre d’Havel est joué à la Chapelle de l’Oratoire d’Avignon. Pourriez-vous décrire ce lieu ?
« Ce qui est assez exceptionnel et touchant, c’est que l’entrée de la chapelle est décorée de portraits photographiques des grandes figures de la dissidence tchécoslovaque, tels Otta Bednářová, Petr Uhl, Jarmila Bělíková, Jiří Němec, Václav Malý, Václav Benda… Nous pouvons aussi y voir les photos de Václav Havel en compagnie du dalaï-lama, ou encore une image de la place Venceslas pendant la révolution de Velours… Surtout, les photos exposées évoquent parfaitement l’ambiance de la Tchécoslovaquie de la fin des années 1970. »
Quelles sont les réactions du public festivalier ?
« La pièce remporte beaucoup de succès à Avignon. La salle compte plus de 90 places et toutes les représentations sont complètes. A la fin du spectacle, le public est visiblement ému. Enfin, quelques réactions du public et de la critique : ‘un jeu d’acteurs époustouflant’, ‘magnifique parallèle entre hier et aujourd'hui’, ‘beau, sobre et bouleversant, ‘il y a une flamme qui jaillit dès qu'Olga pose un premier pied sur scène’, ‘vous en ressortirez abasourdis de tant de talents et, cerise sur le gâteau, revivrez un moment important de la vie de cet Homme, Václav Havel, dont le seul tort fut d’aimer, aimer, aimer l’autre plus que tout.’ »
Le spectacle « La terre d’Havel » est présenté jusqu’au 28 juillet au Festival d’Avignon. Il sera ensuite joué en août dans les Bouches-du-Rhône, le 29 septembre dans le cadre du week-end tchèque à Meyrargues et, enfin, en novembre prochain au Centre tchèque de Paris.