La tour de transmission de Žižkov fête ses vingt ans
Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, la tour de télévision de Prague fête, cette année, ses deux décennies d’existence. Inaugurée en février 1992 dans le quartier de Žižkov, elle domine la capitale du haut de ses 216 mètres. Retour sur ce bâtiment futuriste et controversé et qui, cependant, fait désormais partie du paysage de la ville aux cent clochers.
Le projet de construction est né à la fin des années 1970 alors que l’émetteur radio de la colline de Petřín n’était plus suffisant. Quatre emplacements différents sont proposés afin de construire une nouvelle tour, parmi lesquels les jardins Mahler seront sélectionnés. Il s’agit à l’époque d’un petit parc créé dans les années 1960 à partir des restes du cimetière juif de Žižkov, lequel avait été fondé en 1680 afin d’y enterrer les victimes israélites de la peste. En 1985, date de début du chantier, il ne reste de ce cimetière qu’une toute petite partie, classée monument historique et encore visitable aujourd’hui.
A l’instar de la tour Eiffel à Paris, celle de Žižkov n’a pas été conçue comme un simple émetteur mais comme un belvédère. On y trouve à son premier étage un café restaurant qui culmine à 66 mètres. Plus haut, à 93 mètres du sol se trouvent trois plateformes d’observation en forme de caisson qui sont l’intérêt touristique majeur du lieu. Les étages supérieurs sont réservés aux installations techniques de České radiokomunikace qui permettent les émissions d’ondes pour la télévision, la radio et les téléphones mobiles.
Radio Prague a rencontré Roman Lain, représentant de la société Oreathea, qui détient le contrat d’exploitation de la tour depuis son ouverture et pour 25 ans. Il décrit la vue que nous pouvons avoir du haut de la tour :
« Nous pouvons voir tout Prague à partir de la plateforme d’observation. Il y a trois belvédères à cet étage et ils permettent d’avoir une vue de 360 degrés sur la ville. Par beau temps il est même possible de voir les Monts des Géants et le grand clocher de Vršovice. Malheureusement aujourd’hui le temps n’est pas assez bon, même si vous pouvez y arriver un peu. De ce belvédère nous pouvons voir la vieille ville, le château et la majorité du centre de Prague. » C’est l’architecte Vacláv Aulický qui est choisi en 1984 pour réaliser la nouvelle tour de transmission. Plutôt que de réaliser un simple émetteur fonctionnel, il décide de se lancer dans un projet original. Inspiré par l’architecture high-tech, l’homme décide de construire trois piliers plutôt qu’un seul : deux de 134 mètres et l’un de 216 mètres qui court jusqu’au sommet. Les piliers sont faits de deux couches d’acier recouvertes d’une paroi de béton, une technologie totalement nouvelle à l’époque. La construction durera sept ans, puisque la nouvelle tour de transmission sera inaugurée le 17 février 1992, soit il y a tout juste vingt ans.Et pour ses vingt ans, la tour, qui appartient par ailleurs à la société australienne Macquarie Infrastructure and Real Assets Europe, se refait une beauté. La société Oreathea a commencé des travaux de réaménagement qui devraient être terminés le 1er juin. Plus de détails avec Roman Lain :
« Nous changeons légèrement l’intérieur de la tour parce que par le passé il y avait un trop grand nombre de pièces qui n’étaient pas nécessaires : beaucoup de galeries et les visiteurs étaient désorientés et ne savaient pas où ils se trouvaient. La reconstruction aura lieu alors que la tour sera toujours ouverte afin de ne pas faire d’interruption. Nous allons faire exactement la même chose qu’avec le restaurant : détruire un tas de murs afin de rendre l’endroit plus spacieux et de créer une véritable vue panoramique. Les visiteurs venant en haut auront plus qu’une simple vue, nous allons également ajouter des écrans tactiles interactifs et des informations extraites d’Internet afin qu’ils en apprennent plus sur les lieux-clef, les personnages historiques et les dates importantes de l’histoire de Prague et de la République tchèque. » Ce bâtiment, connu pour avoir été classé numéro deux du top des bâtiments les plus laids au monde par la chaîne CNN, attire beaucoup de touristes. Avec deux cent visiteurs par jour la tour a désormais acquis de la notoriété. Et cela aussi grâce aux « miminka » du sculpteur David Černý, bébés géants et dotés d’une puce électronique en guise de visage qui semblent grimper tout au long de la fusée. Il est finalement, après vingt ans et malgré toutes les controverses, difficile d’imaginer un coucher de soleil sur l’horizon pragois sans la présence de la tour de transmission de Žižkov.