La « vieille nouvelle » vague du cinéma roumain au festival du film européen

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Du 17 au 29 avril se déroule à Prague la 10e édition du festival du cinéma européen, aux cinémas Světozor et Aero. Brno et Olomouc, en province, prendront le relais dès la fin de l’édition pragoise. Parmi les films que l’on peut distinguer, signalons la présence de trois films français mais aussi de trois films roumains. Décidément, depuis la Palme d’or à Cannes, en 2007, pour le film « 4 mois, 3 semaines et 2 jours » du Roumain Cristian Mungiu, on n’en finit pas de reparler de ce cinéma… En fait, la Palme d’or n’a fait que mettre en lumière une nouvelle vague cinématographique plus ancienne, comme l’explique Mircea Dan Duta, directeur de l’Institut roumain de Prague.

« Il y a une véritable nouvelle vague roumaine qui est apparue après l’année 2000, une nouvelle vague de jeunes réalisateurs très talentueux qui ont beaucoup à dire et ont créé une certaine unité stylistique et esthétique, qui reflète les réalités roumaines de façon originale. Cela a beaucoup de succès, malheureusement pas en Roumanie, parce que, comme on le sait, personne n’est prophète en son pays. »

Quelles sont les conditions financières, techniques des cinéastes roumains en Roumanie ?

« Cette nouvelle génération de réalisateurs a appris à faire du ‘fundraising’, de campagnes de financement. En général, ils réussissent à faire des coproductions avec des studios français ou allemands qui soutiennent du point de vue financier. »

Quel est le style commun de ces films roumains ?

« Ces réalisateurs ont redécouvert ce qu’était un film au budget réduit. Ils ont quitté les grands studios et commencé à tourner dans la rue ou dans des espaces publics, moins chers et plus authentiques. Ils ont redécouvert l’authenticité du langage, du comportement. Ils ont découvert la vie réelle, la réalité qui les entoure et qui avait été presque paralysée, tuée par le formalisme communiste, par les films de propagande. Il y a aussi presque une obsession à traiter de l’histoire roumaine, parce qu’on a menti au peuple roumain pendant des années. Les gens veulent savoir ce qui s’est passé, comment ils ont été manipulés. C’est le mérite de ces jeunes réalisateurs que, même dix-huit ans après la révolution, ils parlent toujours de ça, ils font des films qui se passent sous le communisme. Ils observent à la loupe, de manière critique et très objective, ce qui s’est passé. Mais, sinon, les sujets principaux sont tirés de l’actualité roumaine. C’est pour ça que ces films n’ont pas de succès au cinéma en Roumanie. Les gens disent : ‘la vie est assez triste et stressante comme ça, pourquoi aller au cinéma pour voir la même chose ?’ »