L’affaire Drobil révèle un mal qui se généralise

Pavel Drobil et Petr Nečas, photo: CTK

L’affaire Drobil qui bouleverse depuis plusieurs jours la scène politique tchèque, commence à ressembler à la proverbiale boule de neige. Chaque jour surgissent de nouvelles informations qui démontrent qu’il ne s’agit pas que d’un fait isolé mais que l’affaire révèle des pratiques illicites dans l’appareil d’Etat et compromet la politique anticorruption du gouvernement du Premier ministre Petr Nečas.

Pavel Drobil et Petr Nečas,  photo: CTK
C’est le directeur du Fonds national pour l’environnement Libor Michálek qui a osé provoquer le scandale ayant éclaboussé le ministre de l’Environnement et même le premier ministre (voir nos articles des 16 et 17 décembre). Des enregistrements réalisés et mis à la disposition de la presse par Libor Michálek ont révélé que des fonctionnaires du ministère envisageaient de manipuler des appels d’offre pour financer le Parti civique démocrate (ODS), formation la plus importante de la coalition actuelle. De plus, il s’est avéré que le ministre de l’Environnement Pavel Drobil et le Premier ministre Petr Nečas étaient au courant de ces tentatives et qu’ils ne les ont pas dénoncées. Après avoir limogé Libor Michálek, le ministre Pavel Drobil a été, lui-même, obligé de démissionner. Cette solution n’a pas plu cependant au président de la République Václav Klaus qui appréciait beaucoup la politique de Pavel Drobil et refuse d’admettre que l’affaire ait provoqué une crise gouvernementale :

Pavel Drobil,  photo: CTK
« Je n’userais pas le terme ‘crise gouvernementale’. Je dirais que c’est un peu exagéré. Je dirais tout simplement qu’une affaire inutile et malheureuse a surgi. Je pense que c’est un coup asséné au gouvernement et ce gouvernement n’en avait pas besoin. Nous avons besoin que ce gouvernement agisse, qu’il soit uni, qu’il travaille au maximum. Et soudain une telle affaire surgit, une affaire qui est malheureuse à mon avis. »

Ces avis ne sont pas partagés cependant par le Parti social-démocrate CSSD qui a déposé une motion de censure contre le gouvernement. Deux fois déjà depuis le début de l’affaire les représentants des partis de la coalition gouvernementale se sont réunis pour chercher une issue à cette situation et pour coordonner leurs positions avant le vote de confiance qui doit avoir lieu ce mardi. La presse, elle, se montre très critique vis-à-vis des milieux gouvernementaux malgré les tentatives du Premier ministre de sauver la face de son cabinet :

Petr Nečas,  photo: CTK
« Nous sommes bien sûr pleinement conscients du fait que les événements de ces derniers jours nuisent à la crédibilité de ce gouvernement. C’est compréhensible et cela ne peut étonner personne. La tâche clé du gouvernement est donc de se montrer vraiment actif dans les mesures qu’il adoptera et surtout dans la lutte quotidienne contre la corruption. Je peux dire que le premier thème traité par le gouvernement au seuil de la nouvelle année sera la stratégie anti-corruption et j’espère fort que nous trouverons un consensus. »

Les informations publiées pendant ce week-end démontrent cependant que l’affaire reflète aussi les antagonismes entre les partis de la coalition. Tandis que les représentants des partis ODS et TOP 09 ont déjà déclaré leur loyauté au gouvernement Nečas, ceux du parti Affaires publique VV tardent encore à manifester leur décision de voter, mardi, pour le cabinet en place. Estimant que la situation du gouvernement est critique, ils ne veulent pas cacher la gravité de la situation. Le ministre de l’Intérieur et chef du parti Affaires publiques Radek John résume :

Radek John,  photo: CTK
« La situation est grave et il faut qu’elle soit analysée encore davantage. Nous avons touché toute une série de thèmes concrets. Nous avons débattu le cas de Monsieur Michálek qui, selon l’avis du parti Affaires publiques, devrait avoir la possibilité de rester dans l’administration d’Etat parce que celui qui dénonce la corruption ne doit pas être puni par la perte d’emploi. Autrement personne ne dénoncerait la corruption … »

Il s’avère que Radek John a été, lui aussi, au courant de cette affaire depuis plusieurs mois et que c’était lui-même qui a conseillé à Libor Michálek de réaliser les enregistrements qui constituent aujourd’hui les preuves importantes contre des fonctionnaires du ministère de l’Environnement. Comme il fallait s’y attendre l’information a beaucoup irrité notamment les représentants de l’ODS. Après avoir pris connaissance de ce nouvel élément, le président Václav Klaus a laissé entendre que toute l’affaire aurait pu être montée et que le ministre Drobil aurait pu être victime de la lutte sournoise entre les partis politiques.