L’alcool banni des sessions parlementaires
C’est un véritable coup dur pour certains parlementaires en même temps qu’une victoire pour l’Action des citoyens mécontents (ANO). Sur proposition de cette formation, membre important de la coalition gouvernementale, le président de la Chambre des députés, le social-démocrate Jan Hamáček, a décidé qu’à compter de ce vendredi, les députés ne pourraient plus consommer d’alcool durant les sessions plénières. Cette interdiction limitée ne convainc cependant pas tous les membres de la Chambre basse du Parlement.
« Celui qui en politique vous dira en face qu’il est habituellement abstinent, celui-là ment. »
Cette phrase de Miloš Zeman, prononcée il y a une dizaine d’années quand il était encore Premier ministre, prend ce vendredi une résonance toute particulière. La demande d’interdiction de la consommation d’alcool dans l’enceinte de la Chambre des députés, demande émanant du mouvement ANO, qui se plaignait des comportements de certains députés abusant de la bouteille, a en effet été partiellement entendue par le président de cette assemblée Jan Hamáček. Celui-ci s’est rangé aux arguments de l’accusation. On l’écoute :
« J’ai écouté tous les arguments qui ont été fournis sur le sujet et il est vrai que les employés ne peuvent pas consommer d’alcool sur leur lieu de travail. Donc le fait que les députés ne puissent pas boire d’alcool durant les sessions parlementaires est selon moi une mesure qui va dans le bon sens. Et c’est aussi pour cela que j’ai publié ce décret. »L’autre argument avancé en faveur de cette interdiction vise la capacité de travail et de prise de décision des parlementaires ayant consommé des boissons alcoolisées. La République tchèque est généralement en tête des classements européens en matière de consommation d’alcool et l’action des parlementaires tchèques reste limitée en matière de lutte contre l’alcoolisme. D’autant plus qu’ils ne donnent pas toujours l’exemple. Ainsi certains accueillent mal une prohibition qui limiterait leur liberté et les infantiliserait. C’est le cas du chef du groupe parlementaire du parti conservateur TOP 09, Miroslav Kalousek, lui qui, l’an passé, a dû s’excuser publiquement après avoir donné une interview en direct dans un état d’ébriété visiblement avancé. Il attaque, non sans sexisme, Jaroslava Jermanová, vice-présidente de la Chambre des députés pour le mouvement ANO et partisante de cette mesure restrictive vis-à-vis de l’alcool :
« Je pense que c’est une première étape. La prochaine étape sera peut-être pour le président de la Chambre de décider que les vice-présidentes doivent être bien habillées et doivent savoir ce qu’elles disent. »Ministre des Finances et président du mouvement ANO, Andrej Babiš lui-même a reconnu que certains des députés de son parti étaient plutôt réservés quant à la pertinence de cette mesure. Non sans un brin de malice, le parlementaire social-démocrate Jan Chvojka a sobrement évoqué une « tempête dans un verre d’eau ». Surtout que si l’alcool est interdit en séance plénière, les députés devraient pouvoir continuer à assouvir leur soif comme ils l’entendent dans leur bureau ou lors des travaux des commissions de la Chambre basse du Parlement.