L'antisémitisme en Tchéquie : état des lieux pour l'année 2004

Thora

A l'occasion de Jom Ha-Shoah, la Journée du souvenir de l'holocauste, est, comme chaque année, présenté le rapport sur l'antisémitisme en République tchèque. Il est préparé par le Forum contre l'antisémitisme de la Communauté juive de Prague. Pour des raisons de sécurité, ses membres ne l'ont pas présenté en personne, mais c'est Leo Pavlat, directeur du Musée juif de Prague, qui s'est fait leur porte-parole. Anna Kubista

Thora
51 pages d'un rapport annuel établissant l'état de l'antisémitisme en République tchèque, c'est le résultat de l'enquête réalisée pour l'année 2004. Alors qu'en 2003, aucune agression physique à l'encontre d'une personne juive ou parce que la personne victime était considérée comme juive, n'avait été répertoriée, 2004 en a recensé cinq. Leo Pavlat nous donne son point de vue sur la situation générale de l'antisémitisme dans le pays :

« Oui, il y a une augmentation. Cependant, en comparaison avec d'autres pays, les données sont relativement faibles, ce qui est une bonne nouvelle. D'un autre côté, il faut garder à l'esprit qu'il s'agit d'informations tirées de sources publiques, c'est-à-dire des médias, et dont le forum a eu vent. Cela ne veut donc pas dire qu'il n'y a pas d'autres manifestations de ce type. »

Leo Pavlat
Pas d'augmentation particulièrement alarmante, donc, au contraire de ce qui est de plus en plus montré du doigt en France notamment. A côté des manifestations tristement « classiques » de l'antisémitisme, telles que destructions de biens, saccages de monuments juifs, menaces anonymes, concerts, sites internet néo-nazis, une kyrielle de comportements primitifs bien connus, le rapport dénonce aussi ce qu'il appelle l'« antisémitisme latent », issu d'un inconscient collectif qui se manifesterait sous la forme de représentations stéréotypées, d'a priori, de remarques, de sentiments et réactions irrationels. Comment réagissent les autorités du pays à l'antisémitisme ? C'est ce que j'ai demandé à Leo Pavlat :

« Il s'agit de matériel informatif. Les organes d'Etat procèdent toujours dans le cadre de leurs prérogatives. A cet égard, je dois dire que le ministère de l'Education nationale accorde une attention particulière à cette problématique. Dans le cas présent, il s'agit d'une affaire qui concerne avant tout le ministère de l'Intérieur et du fait que la manière de réagir, par exemple, à certains des concerts néo-nazis prête pour le moins à controverse. A Brno, il y a quelques jours, alors qu'il était absolument évident qu'il s'agissait de groupes néo-nazis, que derrière se tenait le groupuscule Résistance nationale, alors même que tout un chacun peut lire leurs thèses sur leur site internet, il n'y a eu aucune intervention. Cela dépend beaucoup de l'évaluation et du courage des personnes concernées, des décideurs. A Prague, en janvier 2003, dans une situation similaire, ils ont bien pris leur décision, alors qu'à Brno, ils se sont trouvé des alibis. »