L'art : un placement d'avenir

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Au début du XXe siècle, l'art est devenu une alternative d'investissement très intéressante pour de nombreux hommes d'affaires dans le monde. Après une récession des ventes dans les années 90, le secteur redevient un enjeu de taille. La République tchèque suit la tendance, comme l'a montré la vente record d'un tableau de Kupka en mai dernier. Le marché de l'art tchèque est-il prometteur ?

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En mai, le record des chiffres a été atteint dans une vente aux enchères en République tchèque. C'était au Palais de Zofin et l'heureux acquéreur a dû mettre sur la table 13,4 millions de couronnes pour une oeuvre de Frantisek Kupka, « Composition Abstraite », qui était auparavant passée aux mains des nazis puis des Soviétiques. L''artiste est, il est vrai, un grand nom de la peinture tchèque de l'entre-deux-guerres et sa réputation a joué dans ce montant important.

Le marché tchèque de l'art n'atteint cependant pas encore les sommets de certaines ventes aux enchères à l'étranger. En mai également, c'est un record mondial qui a été battu à New-York, avec une vente aux enchères à 385 millions de dollars. La séance a duré deux heures et demi, pas plus !

La croissance du commerce de l'art en République tchèque reste très prometteuse. Les collectionneurs étrangers étaient déjà attirés par les oeuvres en verre ou les meubles, aux prix avantageux. Depuis quelques temps, cette logique s'applique aussi à la peinture.

L'année 2006 confirmait la bonne santé du secteur, avec de véritables records dans différentes ventes aux enchères. Une peinture du cubiste Josef Capek avait ainsi atteint 9,3 millions de couronnes, un montant alors sans précédent. Il s'agissait du « Bain de Pied », peint en 1921.

Cette même année 2006, une autre série de ventes importantes a prouvé que les Tchèques n'hésitaient plus à investir considérablement dans les oeuvres d'art, tchèques ou non. Citons « Devant le Miroir », du peintre russe Ivanovich Shishkin, adjugé pour 7,5 millions de couronnes et « Le Cirque Simonette », du surréaliste tchèque Jindrich Styrsky, vendu à 8 milllions de couronnes.

Si la plupart des acquéreurs sont au départ d'authentiques hommes d'affaire cherchant un placement rentable, il est intéressant de noter que beaucoup deviennent passionnés d'art, au point de se constituer une collection personnelle. Leur exigence sur la qualité est irréprochable.

Pour les professionnels du secteur, les années 60 sont l'investissement d'avenir. Ainsi, un Vaclav Bostik se vendait en 1995 à 25 000 couronnes et il se chiffre aujourd'hui à 150 000 couronnes. Certains tablent également sur un boom des ventes de jeunes artistes tchèques, à l'instar de ce qui s'est passé en Pologne.

Phénomène révélateur, les sites d'enchères en ligne prennent de plus en plus d'importance. Les montants restent modestes par rapport aux vraies enchères, en milliers de couronnes, et on n'y trouvera pas d'oeuvres de grand maître. L'exigence de qualité n'étant pas aussi grande, les sites d'enchères permettent aussi à de jeunes artistes de démarrer ou d'exister. Et les chiffres n'en restent pas moins impressionnants : on compte en moyenne 2 000 participants lors d'une vente aux enchères sur Internet. Virtuel mais bien réel !

L'art n'est pas seulement un placement à la mode. Il est peut-être l'un des plus sûrs. Le cours de l'or ou des actions en bourse peuvent voir leur valeur fluctuer et éventuellement baisser avec le temps. Une oeuvre d'art, si sa valeur est avérée, ne peut que se bonifier, comme le bon vin ! Investissement à long terme, l'art ne peut pas réserver de mauvaise surprise.

Chaque année, en mai, Prague accueille une Exposition internationale de peinture. En 2006, elle avait enregistré une augmentation de 10 % du nombre de visiteurs. Si les professionnels se réjouissent de cet intérêt croissant, ils souhaitent une libéralisation plus grande du commerce de l'art. Ils pointent notamment du doigt ce qu'ils jugent comme des entraves à l'exportation. Pour un étranger, les autorisations administratives à obtenir sont nombreuses avant de pouvoir ramener chez lui une oeuvre tchèque, surtout si celle-ci est d'une valeur artistique ou financière importante.

Plus important encore : le vol d'objets d'art. Le phénomène est mondial et la République tchèque n'est pas épargnée. Selon Interpol, ce sont plus de 2 000 objets d'art qui seraient en moyenne dérobés dans le pays chaque année. La France, elle, enregistre autour de 5 000 vols. Le phénomène est tellement répandu que les organisations internationales s'occuperaient autant du vol d'oeuvres d'art que du trafic d'armes ou de drogues !