L’auberge de la clairière – ou comment financer un projet audacieux en temps de crise ?
Retour aujourd’hui sur le projet commun d’architectes tchèques et du cuisinier français Marc Veyrat dans la forêt de Beroun, près de Prague. Cette semaine, Marc Veyrat a officiellement annoncé qu’il cessait provisoirement son activité en France, pour raisons de santé après un grave accident de ski. Une nouvelle qui a surpris beaucoup de monde dans l’Hexagone, même si le chef trois-étoile a précisé que ce n’était qu’un au revoir, pas un adieu. L’Auberge de la clairière, c’est le nom du projet - inspiré d’une pièce sur Jára Cimrman - dans lequel il souhaite s’impliquer en République tchèque.
« La chapelle, ou cuisine, doit être construite à la place de cet ancien bâtiment militaire. Les clients de notre fameux restaurant seront disposés dans la clairière autour, avec chacun sa place différente, son atmosphère différente avec une vue spéciale. Les tables entre elles ne se voient pas. L’autre partie du restaurant, pour l’hiver, sera constituée de cabanes de chasseurs montées sur pilotis. Toutes seront orientées dans un sens et chaque table a également sa propre vue et son propre environnement. Pour nous, ce projet doit être en harmonie avec la nature. On va utiliser surtout du bois, et de la pierre pour la cuisine parce que c’est quand même un monument surtout si c’est pour la cuisine de Marc Veyrat. Evidemment, énergétiquement, c’est tout à fait indépendant : on va utiliser l’énergie solaire et utiliser des pompes à chaleur pour capter l’énergie. »
Un laboratoire moléculaire est également prévu dans le projet de Petr Suske, qui doit aussi servir de centre de formation pour chefs en herbe. Un nouveau concept, selon Marc Veyrat :
« Pour un chef trois-étoile la gastronomie c’est la vitrine. Je suis persuadé que pour l’expérience qu’on va tenter ici, on sera obligé d’avoir notre image à travers un laboratoire moléculaire et quelques tables d’invitation et pour rentabiliser le projet on sera obligé de faire du couvert, d’être beaucoup plus accessible. C’est ce qu’on appelle les nouveaux concepts, c’est obligatoire. »
Dans un contexte de crise économique, un tel projet a-t-il des chances de voir le jour et si oui d’ici combien de temps ? Zdeněk Rajniš, architecte lui aussi, est l’un des initiateurs du projet. Selon lui, il faut entre 60 et 100 millions de couronnes (entre 2 et 3,5 millions d’euros) :
« Nous avons déjà calculé le temps nécessaire compte tenu de la législation tchèque : le minimum est 36 mois. On ne peut pas faire plus vite. Malgré la crise, on a de bons signes de la part d’investisseurs. On peut de toute façon commencer toute la paperasse nécessaire aux permis de construire et parallèlement chercher les investisseurs. Je suis sûr que tôt ou tard on trouvera quelqu’un. »
Une chose est sûre en tout cas : ce n’est pas Marc Veyrat qui va investir de l’argent dans le projet de L’auberge de la clairière, en tout cas pas pour l’instant :
Marc Veyrat : « Ah non, non, ça c’est pas mon problème pour l’instant. On verra plus tard, sait-on jamais... »
Zdeněk Rajniš : « Je crois que tous les trois avec Petr Suske nous ne sommes pas assez riches pour investir ; il faut trouver des gens qui savent, qui apprécient et qui ont les moyens. On travaille déjà avec des investisseurs tchèques très intéressés, on travaille avec les propriétaires du terrain qui n’ont pas réussi à cause de la crise obtenir le crédit dont ils avaient besoin, mais qui sont toujours motivés. On a des liens avec des investisseurs espagnols, français aussi. Nous espérons qu’il y en aura d’autres. »