L’augmentation du prix de l’électricité modérée grâce à une nouvelle imposition de l’énergie solaire

Photo: Commission européenne

Le prix de l’électricité augmentera bien à partir de janvier prochain, mais le gouvernement s’est engagé à ce que cette augmentation ne soit pas supérieure à 5,5% pour les particuliers et les petites entreprises. Pour respecter cet engagement, la Chambre des députés a adopté, mardi, un amendement très discuté selon lequel, entre autres, les centrales photovoltaïques ne bénéficieront plus du soutien financier de l’Etat dès l’année prochaine. Cette mesure devrait ainsi permettre de modérer les augmentations redoutées du prix de l’électricité causées justement par l’aide apportée à la production d’énergie solaire. Mais l’amendement provoque aussi la colère de la majorité des investisseurs qui redoutent désormais les conséquences sur leurs affaires le plus souvent très lucratives.

Photo: Commission européenne
Selon le paquet de mesures adopté, un taux d’imposition de 26% sera appliqué pendant les trois prochaines années, soit jusqu’à la fin 2014, sur l’électricité produite par les centrales solaires d’une capacité supérieure à 30 kW mises en service cette année et en 2009. Par ailleurs, les donations pour les droits d’émission de gaz à effet de serre seront imposables à un taux de 32 %, alors que, initialement, l’Etat avait envisagé d’octroyer gratuitement ces droits aux entreprises. Enfin, sera également augmenté le montant des taxes pour l’occupation des terrains agricoles sur lesquels sont installées les parcs solaires. Cet argent ainsi récolté sera ensuite reversé aux sociétés distributrices d’électricité afin qu’elles ne soient pas contraintes de procéder à une trop forte augmentation de leurs tarifs.

Un grand nombre d’analystes du marché énergétique tchèque estiment que le gouvernement répare aujourd’hui les erreurs commises dans un passé récent. Les fermes ou parcs solaires étaient devenus un secteur d’affaires très lucratif en raison essentiellement du tarif de rachat de l’électricité proposé par l’Etat. C’est ce qu’avait déjà expliqué en avril dernier à Radio Prague Fabien Hillairet, un Français qui travaille pour ČEZ, la société nationale tchèque de production et de distribution d’électricité :

Fabien Hillairet
« Depuis deux ans, le marché de l’énergie solaire en République tchèque a complètement explosé, en raison d’un tarif de rachat le plus élevé d’Europe. Aujourd’hui, la République tchèque est devenue l’un des premiers pays en termes d’investissements dans l’énergie solaire. On connaît aujourd’hui une croissance un petit peu irrationnelle sur ce marché. Beaucoup d’investisseurs sont conduits à investir sur ce marché tchèque, principalement parce que le tarif de rachat aujourd’hui est d’environ 431 euros le mégawatt/heure, ce qui est 51% plus élevé que le tarif de rachat en Allemagne. »

Fabien Hillairet explique également pourquoi ce tarif de rachat a été fixé aussi haut au départ :

« Le tarif de rachat a été fixé il y a quelques années quand le prix du panneau solaire était encore très cher. Avec la baisse du coût d’investissement, du coût des panneaux solaires qui baisse de manière importante tous les six mois, le tarif de rachat ne correspond plus aujourd’hui à cette technologie. Donc le gouvernement tchèque prévoit une baisse de 25% ou plus de ce tarif de rachat à partir de l’année prochaine, pour réduire cet écart et cette bulle spéculative sur le marché du solaire. »

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Selon les calculs du gouvernement, sans l’adoption du nouvel amendement, les particuliers et les entreprises pourraient être les victimes l’année prochaine d’augmentations des prix de l’électricité de respectivement 10% et 5%.

De leur côté, les propriétaires des centrales photovoltaïques, dont certains ont contracté ces dernières années des prêts importants auprès des banques pour financer leurs investissements, font la grimace. Jusqu’à présent, les prix d’achat de leur production proposé par l’Etat leur garantissaient en effet un rapide retour sur investissement. Ce ne sera plus le cas à partir de l’année prochaine et nombre des plus de 11 000 centrales solaires existantes actuellement en République tchèque risquent d’en souffrir.