Le 17 novembre - Journée de lutte pour la liberté et la démocratie
Le 17 novembre est la Journée de lutte pour la liberté et la démocratie. Elle commémore deux principales vagues de résistance estudiantine tchécoslovaque contre la totalité: celle de 1939, lorsque les étudiants ont protesté contre l'occupation de la Tchécoslovaquie par les nazis, et celle de 1989, lorsque les commémorations de cet événement par les étudiants ont conduit à la chute du communisme dans notre pays.
"J'ai fini des études à l'Université Charles de Prague et j'ai reçu la bourse du gouvernement belge. En 1938, j'ai quitté la république pour aller à l'Université libre de Bruxelles. Quelques mois plus tard, après l'occupation de la Tchécoslovaquie, j'ai commencé à organiser la résistance, parce qu'il y avait beaucoup de patriotes, beaucoup de citoyens tchécoslovaques en Belgique... Nous avons tâché d'acquérir des volontaires pour l'armée tchécoslovaque en France. De Belgique, je suis allé en France, j'ai été dans l'armée, j'ai été entraîné comme soldat d'infanterie. Notre division blindée devait forcer les Allemands à Dunkerque à se rendre. Quand les Américains ont avancé vers la Tchécoslovaquie, des soldats ont voulu aller dans cette direction, ce qui n'était pas possible. Montgmomery a alors autorisé un groupe à passer la frontière, le 1er mai. Nous étions 144, et j'ai été, moi, dans ce groupe. Nous étions les tous premiers soldats de l'Ouest à entrer sur le sol de la Tchécoslovaquie."
Le 17 novembre 1989, une action estudiantine a été convoquée pour commémorer le 50e anniversaire de la manifestation estudiantine de 1939. Le rassemblement de quelques 15 000 personnes, dans le complexe universitaire de Prague 2 - Albertov, s'est transformé en une marche de protestation, à travers Prague. Sur l'avenue Narodni, la route a été barrée par des membres de la police et de brigades mobiles spéciales. Ces derniers ont encerclé toutes les rues voisinantes et serré violemment les rangs de plus de 2 000 manifestants. En dépit du calme qui régnait parmi eux, une intervention brutale allait se produire. Les policiers protégés de boucliers ont dispersé des gens désarmés, par des coups de poing, de pied et de matraques. Le lendemain, Radio Europe libre a diffusé l'information sur la mort d'un étudiant, lors de l'intervention de la veille. Bien qu'elle se soit avérée comme non fondée, cette annonce a déclenché une résistance générale que plus personne ne pouvait arrêter. Des manifestations répétées sur la place Venceslas, la grève des étudiants et des acteurs, et le rassemblement de plus de 700 000 personnes sur l'esplanade de Letna, le 25 novembre, ont conduit à la chute du régime. Le 29 décembre, le dissident Vaclav Havel a été élu président de la République. Martin Mejstrik a été l'un des leaders estudiantins de 1989. 10 ans après la révolution de Velours, il a été de nouveau parmi les anciens leaders qui, cette fois-ci, ont fait appel aux dirigeants des principaux partis à démissionner. Leur appel Merci, partez, exprimait une déception pour la manière dont ils exerçaient le pouvoir. Aujourd'hui, Martin Mejstrik est sénateur. Comment se souvient-il des événements de 1989:"J'éprouve une dette énorme envers la génération de 1939. Lorsque je participais aux préparatifs de la manifestation du 17 novembre 89, j'ai puisé beaucoup dans l'année 1939, c'était un réconfort pour moi de lire les sorts des étudiants d'alors. Je m'y préparais pendant très longtemps, depuis des mois... Il a fallu que j'admette, pour moi-même, un échec... Au moment où nous avons décidé de lancer une grève, la nuit du 17 novembre, je savais déjà qu'il fallait aller jusqu'au bout, même au prix des sacrifices..."
Ce que Martin Mejstrik a tenu à souligner, c'est que 1989 n'était pas 1968:
"Nous n'avons pas voulu être identifiés au Printemps de Prague en 1968, en tant que tentative d'une renaissance du communisme à visage humain. Cela nous paraissait ridicule. Ce que nous avons voulu, c'était la fin du communisme. La conscience de ce que c'était, avant nous, deux ou trois générations d'étudiants à avoir essayé de faire quelque chose, de s'opposer à la dictature, a été pour nous un encouragement très fort. Pour cette raison aussi, la structure estudiantine clandestine qui organisait le 17 novembre, s'appelait STUHA - mouvement estudiantin - et elle se référait au legs des étudiants tchécoslovaques de 1939."